| Elon Musk, le propriétaire de Twitter qu’il a rebaptisé X, s’est lancé dans la campagne électorale pour soutenir Donald Trump. Il a réouvert la plateforme, qu’il a achetée 44 milliards de dollars, à tous les complotistes et extrémistes qui en avaient été bannis et il y multiplie les messages pour attaquer Kamala Harris, sans nuances et sans un souci excessif de la vérité. Il a ainsi rejoint un partisan de longue date du candidat républicain, Peter Thiel, un des fondateurs de PayPal et de Facebook. Qu’est-ce qui peut attirer ces génies des affaires, le mot n’est pas excessif quand on pense à Tesla et à Space X du premier et à Palantir du second, vers un patron de l’immobilier plus ou moins véreux qui ne comprend rien à la technologie ? L’un et l’autre se réclament d’une tradition typiquement américaine, « le libertarianisme ». Les États-Unis ont été créés contre l’État, que ce soit le colonial britannique ou celui dont les immigrants fuyaient l’autoritarisme ou l’inefficacité. Ils en ont conservé la volonté d’en limiter les interventions dans la vie des citoyens et dans l’économie. Tocqueville le notait déjà au siècle dernier et relevait à quel point ils se distinguaient ainsi de la France centralisatrice et régulatrice. Les libertariens vont plus loin : ils veulent réduire l’État strictement aux fonctions régaliennes de base au nom des droits des individus. Musk et Thiel, forts d’une réussite personnelle éblouissante dont ils oublient d’ailleurs qu’ils la doivent en partie aux contrats du Pentagone, rêvent d’un monde d’entrepreneurs à leur image, débarrassés de toute contrainte. En tout cas, Trump a déjà annoncé qu’il chargerait Musk de tailler dans la réglementation et de réduire l’administration. Le patron de Twitter/X s’en targue et annonce qu’il serait sans pitié. Une des sources de son extraordinaire trajectoire, c’est peut-être la perte du sens des limites, l’hubris des anciens, qui, loin d’être une malédiction, lui a fait tenter et réussir ce qui paraissait impossible. Une hubris qui se déploie désormais dans le champ politique : y aura-t-il le même succès ? |
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