Alexa, la nouvelle voie des publishers ? Le 13 juin prochain, Amazon lancera en France, l'assistant vocal connecté Alexa et son écosystème d'enceintes : Echo et le petit Echo Dot. Les enceintes ne peuvent fonctionner sans Alexa, la tête 'pensante'. Il aura fallu plusieurs années à l'IA pour s'adapter à la culture française, mais désormais elle peut vous réciter Les Fables de La Fontaine, grâce aux données françaises collectées. Une fabuleuse opportunité pour les médias français qui voient dans ce support un nouveau terrain de jeux : la voix. Plus d'une vingtaine de médias français (TF1, RTL, France Info, LCI, Capital, France Inter ou encore Brut) ont déjà eu recours à des skills, l'ajout de nouvelles fonctionnalités en vue de personnaliser un usage ou un service. Un pari excitant puisqu'il y a encore tout à tester en terme de formats, tout à déterminer ; un paris risqué cependant puisque les contenus sont gratuits et le retour sur investissement n'est pour l'instant pas assuré. Des contenus courts (2-3 minutes), de l'information sur mesure, du live, du replay, du contenu dédié, que l'auditeur peut compiler comme il le souhaite en faisant appel à plusieurs sources, et qui oblige les rédactions à repenser leur organisation, le plus souvent avec des équipes nouvelles. Pour preuve, la restructuration du Parisien, qui a fait appel au spécialiste du podcast, Binge Audio pour traduire l'écriture du journal en un contenu audio « décontracté » comme l'explique Pierre Chausse, directeur adjoint de la rédaction du quotidien. Joël Ronez expliquait dans une interview à Story Jungle se tourner vers les agents conversationnels : « Plus qu'une opportunité, c'est une révolution qui va complètement bouleverser le marché de l'audio. » Le HuffPost vient d'ailleurs d'annoncer qu'il se lançait en audio. « Avec la révolution du Web, puis des réseaux sociaux, les médias doivent en permanence s'adapter aux nouveaux usages. Il nous semblait important d'être présent pour la naissance de ce nouvel usage lié aux assistants vocaux qui décollent aux États-unis. Mais à condition de garder notre ton, de proposer des formats qui nous ressemblent. », explique Alexandre Phalippou, rédacteur en chef du HuffPost. « Alexa, donne-moi les news du jour ! », « Alexa, lance RTL ! ». Pour répondre à ces demandes de contenu, Amazon propose deux options à ceux qu'ils considèrent comme des partenaires médias, plus que des utilisateurs : soit l'IA lit les textes rédigés par les journalistes, l'option Text to Voice ; soit les journalistes créent eux-mêmes un texte spécifique, font appel à des acteurs pour l'énoncer et agrège le contenu à l'interface. On aurait tout de même une petite préférence pour cette dernière option, la fonctionnalité Text to voice manque de fluidité et d'un rythme naturel. Parmi les nouvelles applications à venir : le Groupe TF1 lance "LCI - L'essentiel de l'Info", un résumé des dernières informations de la journée ; une application sportive autour des podcasts de Telefoot, juste à temps pour la Coupe du Monde, ainsi qu'une application recensant 70000 recettes de cuisine, alimentée par Marmiton. Côté RTL, on mise plutôt sur du live, le replay des émissions, la météo à 7 jours, l'horoscope de Christine Haas ainsi que des news de quelques minutes spécialement dédiées au support. Lancé en novembre 2014 aux Etats-Unis, Amazon Echo a déjà séduit plusieurs médias américains. Bloomberg, The Washington Post (dont Jeff Bezos est propriétaire) ou encore le Daily Mail se sont volontiers adaptés à ce nouveau mode d'informations. Si Amazon ne garantit pas de contreparties financières aux médias partenaires, les groupes de presse français et américains misent sur les retombées d'audience. La responsable du pôle digital de Bloomberg, Ambika Nigam explique cette nouvelle stratégie : « Pour l'instant, la vraie contrepartie consiste à comprendre comment les gens utilisent les interfaces vocales pour que nous puissions délivrer une expérience vraiment personnalisée. » Un pari pas si fou, si l'on en croit l'étude menée par eMarketer selon laquelle les enceintes connectées d'Amazon monopolisent 70% du marché américain en matière d'agent conversationnel. Mais la marque de Jeff Bezos devra composer avec un concurrent solide : Google. Pour la première fois en mai, la Google Home s'est mieux vendue dans le monde que l'Amazon Echo – respectivement 3,1 millions d'unités vendues contre 2,5 millions. Une progression significative pour l'enceinte arrivée en août dernier sur le marché français. Google a déployé une politique de vente ingénieuse, s'associant avec des publishers (notamment le Figaro) pour toucher une audience grandissante. L'arrivée des agents conversationnels sur un marché français de plus en plus intéressé par ces hardwares commence à bousculer le paysage de la presse dans l'Hexagone. Les médias ont compris que leur renouvellement d'audience passerait par une adaptation aux nouvelles technologies. Quitte à prendre des risques financiers pour ne pas être à la traîne. Côté marques, les opportunités sont également grandes. Alexa offre un renouveau des modèles publicitaires. Toute la difficulté tiendra dans le fait de ne pas être trop intrusif, il faudra donc bien travailler la personnalité de la voix. Lorsque l'on souhaite inciter une personne à effectuer un achat, la personnalité du vendeur est une variable de poids. Il ne sera donc pas étonnant que des comédiens soient embauchés pour faire ce travail, de la même manière que des rédacteurs vont être amenés à réfléchir avec les marques aux réponses originales pouvant être proposés aux utilisateurs pour se différencier de la concurrence. A suivre... | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | A l'occasion de la WWDC 2018, la Keynote de la conférence des développeurs Apple, la marque à la pomme a annoncé une nouvelle version de Safari. Parmi les fonctionnalités inhérentes : une alerte qui préviendra les internautes quand des réseaux sociaux tentent de récolter leurs datas, via des boutons « J'aime » ou « Partager ». Cette fenêtre pop-up sera disponible sur la prochaine mise à jour iOS 12. Pourquoi c'est un pavé ? En ciblant directement Facebook durant sa présentation, Apple prend ses distances avec Mark Zuckerberg. L'entreprise rappelle aussi à ses concurrents qu'elle ne dépend pas de la vente de publicités ciblées, basées sur la collecte de datas. Elle s'attaque au passage au système des targeted ads si chers à Facebook et Google... Dommage collatéral : la mise à mort des partages. | UN FORMAT À LA LOUPE | | Google surfe sur l'IA pour décrypter notre environnement. Sa technologie de reconnaissance visuelle, Google Lens, qui permet d'identifier des éléments et d'éditer leurs références à partir d'une image, existe désormais sous forme d'application sous Android. Pratique pour reconnaître un monument ou un objet. | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Sur Instagram, Mona Chalabi rend les datas ludiques. Cette data-journaliste anglaise du Guardian US jongle avec les chiffres, les graphiques d'actualités et les données pour les rendre plus accessibles. Grâce à ses dessins, on en apprend plus sur les statistiques de mortalité en Palestine, mais aussi sur les dents de sagesse. Ingénieux ! | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Vous faisiez quoi en 98 ? Pour tous ceux qui souhaitent revivre la mythique finale, l'Equipe sort un format responsive impressionnant. L'expérience propose un aperçu des coulisses de cette fameuse soirée. On vous conseille de découvrir ces stories nostalgiques sur mobile ! |
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