Le compromis trouvé entre Binance et les autorités américaines au mois de novembre ne doit pas faire oublier que la plus grande plateforme d’échanges d’actifs numériques reste visée par deux enquêtes judiciaires en France. Et de nouvelles révélations du Financial Times, parues mardi, pourraient lui attirer de nouveaux ennuis.
Selon la journaliste Akila Quinio, la société aurait utilisé des classes d’initiation à la blockchain à des fins marketings. Des étudiants auraient par exemple été incités à ouvrir à un compte Binance et à installer le portefeuille MetaMask. « J’ai créé un compte Binance parce qu’ils m’ont demandé de le faire et maintenant ils me harcèlent avec des mails de suivi », déclare l’un d’entre eux au FT. Pour ne rien arranger au tableau, ces « classes » auraient été données à des personnes en situation de précarité financière.
Pourtant, le statut de Binance ne lui permet pas d’effectuer de démarchage. L’entreprise dispose d’un « enregistrement » en tant que Prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) délivré par l’Autorité des marchés financiers, mais pas d’un « agrément », qui lui autoriserait des initiatives en ce sens. En l’occurrence, les étudiants avaient été orientés par l’école Simplon – difficile, donc, de dire que l’initiative provenait de Binance.
Beaucoup de griefs Si les faits sont avérés, toutefois, même un agrément de Binance ne sortirait pas l'entreprise d’affaire, car elle ne présente pas son programme comme du démarchage. « L’éducation numérique et le développement des compétences peuvent être hors de portée pour beaucoup, ce qui entraîne un manque de diversité et de talents dans l’industrie, répond la plateforme. Le programme Binance Scholar aide à changer cela. »
Les deux enquêtes dans lesquelles Binance est actuellement suspectée en France concernent des faits présumés de « blanchiment aggravé, par concours à des opérations de placements, dissimulation, conversion, ces dernières étant réalisées par des auteurs d'infractions ayant généré des profits » et « d'exercice illégal de la fonction de [PSAN] ». L’entreprise joue la modestie sur ces sujets en France, elle a fait preuve de bonne volonté avec les autorités aux Etats-Unis, plus largement elle affirme vouloir se conformer aux réglementations nationales. Elle parvient ainsi à redorer quelque peu son image, mais il faut espérer que ce ne soit pas qu’une façade.
Rémy Demichelis