Il y a quelques années, j’ai assisté à une conférence de Jean-Marie Pelt sur le sens de la vie. C’était lors du Congrès des herboristes à Lyon en 2014, que j’avais aidé à organiser.
Botaniste et écrivain, Jean-Marie Pelt était aussi un homme doux, bon, attentif et un conférencier talentueux.
Lors de cette rencontre, il nous a parlé de son ami Théodore Monod, naturaliste et explorateur, décédé quelques années plus tôt. Pour lui, le malheur des hommes venait du fait qu’ils descendaient des singes, plutôt que des vaches.
Car les chimpanzés passent leur temps à se disputer entre eux, tandis que les vaches vivent en paix...
À cela, Jean-Marie Pelt a ajouté, “dans la vie, il ne suffit pas de bien faire les choses, il faut aussi être gentil les uns avec les autres”.
Ces mots m’ont marqué. Ils étaient dit d’un ton décidé. C’était à la fois une supplique et un ordre. Encore aujourd’hui, j’adhère à ce beau programme.
Mais comment l’appliquer ? J’ai désormais suffisamment vécu pour savoir qu’aimer ceux qui nous entourent n’est pas si facile et que la paix ne se déclare pas. Elle se construit ; elle se gagne.
Ce temps de confinement nous impose de vivre avec nos intimes et pour certains de vivre isolés. C’est à la fois une joie mais aussi un défi et parfois une épreuve.
Cette période peut-elle nous permettre d’apprendre à mieux vivre avec ceux qui nous entourent ?
Mon expérience est qu’il est possible de travailler sur certaines erreurs de communication pour rendre les rapports humains plus harmonieux.
Voici en tout cas trois idées que je m’efforce à suivre et qui, pour moi, ont plutôt fonctionné.
1/ Formulez un besoin plutôt qu’un reproche
Lorsqu’il nous manque quelque chose, on pense parfois que cela vient des autres.
De temps en temps, cela est en partie vrai. Mais ils ne le savent pas nécessairement.
Il est facile dans ces moments d’exprimer ce manque par un reproche : ”tu ne m’écoutes pas”, “tu n’as pas rangé la cuisine”, “tu pourrais faire un effort”, etc.
Le problème avec le reproche est qu’il risque de braquer la personne à qui vous parlez, que ce soit votre conjoint, votre enfant, un colocataire, etc.
Il est parfois plus efficace de souligner combien telle action est importante pour vous : “Ce que j’ai à te dire est important, écoute-moi s’il te plaît”, “j’ai besoin que la cuisine reste rangée, c’est essentiel pour moi”, etc.
Faire cela donne du sens à l’effort que vous demandez à l’autre de faire.
Il va ranger, il va écouter, il va prendre du temps, il va être à l’heure etc., parce qu’il sait que c’est important pour vous, parce qu’il sait qu’en faisant cela, il vous montre son attention, son amour pour vous.
Il n’est pas en train de réparer une de ses fautes. Il comble l’une de vos demandes.
Attention aux adverbes !
Cela ne veut pas dire que le reproche est superflu.
Parfois, il doit être dit.
Les reproches peuvent nous faire progresser.
Mais si la nécessité se fait sentir pour vous de dire ses fautes à quelqu’un que vous aimez, respectez au moins ces deux règles :
soyez le plus bienveillant possible ;
évitez les adverbes de destruction : “toujours”, “encore”, “jamais” : “tu es encore en retard”, “tu n’es jamais content”, “tu as toujours des reproches à me faire”, etc.
Ces mots terribles enferment l’autre.
Vous ne lui donnez pas la possibilité de progresser. C’est une condamnation définitive. C’est violent et néfaste.
Une solution, qui n’est pas sans limites, mais qui peut fonctionner, est de formuler votre reproche en question. “Rappelle-moi, quand, dans ton agenda, as-tu prévu de ranger ta chambre ?”.
2/ Ne prêtez pas aux autres des intentions qu’ils n’ont pas formulées
“Il n’a pas répondu à mon mail dans les 24 heures, c’est donc qu’il m’en veut terriblement”.
Non !
Si quelqu’un ne communique pas avec vous comme vous le voudriez, cela n’a peut-être rien à voir avec vous.
Dites-vous que les intentions des autres sont souvent aussi floues - et parfois beaucoup plus - que les vôtres.
Pire, pour l’autre, celui qui est à l’autre bout du mail, vous n’êtes peut-être pas la priorité du moment.
Si quelqu’un ne vous répond pas ou n’agit pas comme vous l’espériez, n’en tirez pas de conclusions hâtives. Vous analysez la situation en fonction de vos problèmes en omettant les siens.
Le mieux, dans ces cas-là, est de poser la question directement à votre interlocuteur. “Je n’ai pas eu de nouvelles de ta part, as-tu reçu mon mail ? Est-ce que tout va bien en ce moment ? Puis-je t’aider en quelque chose ?” Etc.
3/ Faites la paix avec vous-même
C’est le chemin d’une vie me direz-vous.
Il faut du temps pour s’accepter, se connaître, s’aimer.
Parfois, c’est au seuil de la mort que l’on fait la paix avec la vie.
Il n’est donc pas conseillé d’attendre jusque-là pour aller voir les autres !
En revanche, il me semble utile de savoir qu’il nous arrive d’entrer en conflit avec les autres parce que l’on n’est pas soi-même en paix. C’est une colère rentrée, une frustration non avouée, non comblée, une peur refoulée, une angoisse récurrente etc.
La vie n’est pas simple et nos corps, nos cœurs, sont traversés de nombreuses émotions positives ou négatives.
Les accepter, les accueillir comme une part de nous-même me semble être un premier pas possible vers la paix intérieure.
Il existe de nombreux ouvrages, outils, conférences pour vous aider sur ce sujet. Vous avez sûrement vos préférences.
Pour ma part, j’ai bien aimé le livre de Catherine Aimelet Périssol, son premier je crois : “Comment apprivoiser son crocodile”.
Mais je vous en parlerai une autre fois !
Vous pouvez le commander auprès de votre libraire, cela lui fera plaisir que vous passiez chercher ce livre, même s’il n’a pas le droit de vous laisser rentrer dans sa boutique.
Naturellement vôtre,
Augustin de Livois
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