Ce mois-ci, nous vous proposons le double récit de la découverte qui a bouleversé la paléoanthropologie, par des protagonistes des deux rives de l’Atlantique : l’Américain Donald Johanson et l’Éthiopien Yohannes Haile-Selassie (son successeur à la direction de l’Institut des origines humaines), d’une part, et la palynologue française Raymonde Bonnefille, d’autre part. Lucy, découverte un jour de novembre sous le soleil éthiopien il y a tout juste cinquante ans, fut vite surnommée la «grand-mère de l’humanité». Mais cette aïeule présumée a eu elle-même plusieurs parents... Ainsi, au gré des expéditions menées en Afrique jusqu’à très récemment, il est apparu qu’A. afarensis n’était pas la seule espèce hominine à arpenter le sol africain, il y a plus de 3 millions d’années. Aujourd’hui, si Lucy fait figure d’ancêtre «repère», l’arbre généalogique de l’humanité se révèle buissonnant. Si bien qu’attribuer à une seule espèce une parenté qui mènerait directement à sapiens ne tient plus. Également dans ce numéro : la quête d’une autre racine unique, celle de Luca (Last universal common ancestor), ancêtre primordial du vivant, qu’interroge le biologiste Hervé Le Guyader, se penchant sur de récentes modélisations bio-informatiques. Celles-ci dressent le portrait-robot du tout premier organisme vivant. Mais elles supposent acquise l’existence de Luca, faisant fi d’autres travaux, qui concluent à l’apparition de gènes ancestraux partagés entre plusieurs formes vivantes, sans que l’une puisse revendiquer une quelconque ascendance... Les enfants se cherchent toujours des parents... Les sciences de l’évolution, en désessentialisant la quête des origines, à défaut de découvrir d’hypothétiques parentés premières, nous aident à devenir adultes ! Bonne lecture ! François Lassagne - Rédacteur en chef à Pour La Science. |