Pendant des décennies, la recherche médicale a traité les femmes comme de simples versions réduites des hommes, entraînant notamment des effets secondaires imprévus et des diagnostics tardifs. Les différences entre femmes et hommes ne se limitent pourtant pas à la physiologie. La prédisposition à de nombreuses maladies comme à leur évolution est aussi biaisée selon le sexe.
C’est le cas des dix principales causes de décès recensées par l’Organisation mondiale de la santé, parmi lesquelles les accidents vasculaires cérébraux, les infections aiguës des voies respiratoires inférieures, la maladie d’Alzheimer...
En cause : l’environnement et l’influence des hormones sexuelles, mais aussi l’expression différenciée de nombreux gènes portés par les chromosomes sexuels, comme le détaillent dans ce numéro Edith Heard, directrice générale du Laboratoire européen de biologie moléculaire, titulaire de la chaire Épigénétique et mémoire cellulaire au Collège de France, et ses collègues.
Aujourd’hui, en reconnaissant l’impact des différences entre sexes jusque dans la cellule, la science ouvre la voie à une médecine réellement personnalisée, capable de réduire les inégalités entre femmes et hommes face aux maladies.
Les astrophysiciens aussi sont aux prises avec de subtiles différences porteuses de très importantes conséquences. Comme l’explique le cosmologiste Vivian Poulin, de légers écarts dans la mesure de la constante de Hubble, récemment constatés, remettent en question le modèle du Big Bang. Faudra-t-il intégrer des concepts exotiques, comme l’énergie noire précoce, au modèle standard de la cosmologie ?
Dans la lutte contre le réchauffement climatique, l’océan s’affirme comme un allié majeur. Depuis la révolution industrielle, il a absorbé environ 25 % des émissions de CO2 d’origine humaine. Serait-il judicieux d’intervenir sur sa chimie ou sa biodiversité pour pousser plus avant cette capacité ? C’est la question que pose l’océanographe Jaime Palter. Qui, tout en rappelant que l’effort doit d’abord porter sur la réduction des émissions, montre que la géo-ingénierie marine ferait, au mieux (c’est-à-dire déployée à une échelle planétaire), une petite différence dans la concentration en CO2 dans l’atmosphère, et au risque d’effets non maîtrisables sur les environnements marins.
En science comme dans nos choix collectifs, tout est affaire de précision : ce sont souvent de petites différences, susceptibles d’avoir de grandes conséquences, qui façonnent l’avenir.
Bonne lecture & bonnes fêtes de fin d'année !
François Lassagne - Rédacteur en chef à Pour La Science.