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Le Digital Services Act : game changer pour les annonceurs ?

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Voté en juillet 2022 par l'Union européenne, le Digital Services Act, qui vise à protéger les internautes européens des dérives du numérique, est entré en vigueur ce vendredi 25 août. Concrètement, qu'est-ce que ça change pour les utilisateurs comme pour les annonceurs ? Story Jungle fait le point.
 
Ils sont 19. 19 mastodontes, dont Facebook, Amazon, X, Google, Snapchat, Instagram, YouTube et TikTok, pour qui les affaires courantes sur le Vieux Continent vont se corser un tantinet. En cause, trois lettres : DSA. L'acronyme du Digital Services Act, ce règlement européen qui vise à imposer une série de garde-fous aux réseaux sociaux, moteurs de recherche et autres sites de commerce en ligne, et qui s'applique désormais aux plateformes comptant plus de 45 millions d'utilisateurs européens. « Les très grandes plateformes en ligne et moteurs de recherche ont eu suffisamment de temps pour s'adapter à leurs nouvelles obligations. Nous avons proposé des 'stress tests' pour les aider à comprendre leurs besoins. Le véritable test commence maintenant », précisait Thierry Breton, commissaire européen chargé du Numérique, jeudi dernier sur son compte X. La première phase d'application d'un texte qui, d'ici février 2024, concernera tous les acteurs du Net , toutes tailles confondues.
 
« Tout sauf le ministère de la censure... »
 
Si la majorité des changements induits par ce nouveau règlement restent confinés dans l'arrière-boutique des firmes concernées, certains accents seront directement perceptibles par les utilisateurs. Par exemple, celui porté sur la modération, où des boutons permettant de signaler tout contenu illégal doivent être bien visibles et les internautes tenus informés du traitement de leur signalement. Dans le même temps, le DSA impose aussi que les utilisateurs soient notifiés dès qu'une de leurs publications est modérée, tout en veillant à ce qu'ils aient la possibilité de contester la sanction. Pour Thierry Breton, qui a dû faire face aux critiques sur l'aspect liberticide d'un tel dispositif, c'est au contraire un premier pas vers plus de liberté. « C'est la garantie de nos libertés, c'est tout sauf le ministère de la censure », assurait-il hier au micro de franceinfo.
 
Réduction du ciblage publicitaire...
 
Sa plus grande bataille, le DSA la livre sur le terrain des recommandations personnalisées et du ciblage publicitaire. Sur le terrain des algorithmes, en somme. « L'examen au Parlement européen du Digital Services Act en 2021 avait donné naissance à une proposition qui avait fait à l'époque grand bruit : interdire toute forme de publicité ciblée sur internet, sauf si l'internaute le désire. Ce scénario, qui avait donné des sueurs froides à tout l'écosystème numérique, a accouché de règles bien plus modérées », prévient Le Figaro. Pas d'interdiction généralisée, donc. Place au cas par cas. Dorénavant, le DSA interdit formellement aux marques de cibler les internautes en fonction de leurs origines ethniques, leur religion, leurs opinions politiques, leur orientation sexuelle ou leur état de santé. Tout comme le ciblage des mineurs, qui est désormais restreint à leur âge et leur pays de résidence, uniquement pour les 13-18 ans. Snapchat a déjà annoncé que les annonceurs ne pourront plus utiliser leurs outils de personnalisation et d'optimisation sur les adolescents dans l'UE et au Royaume-Uni, et TikTok a pris des mesures similaires pour que ces cibles ne reçoivent plus de publicités « basées sur leurs activités sur et en dehors de l'application », détaille The Economist. Deux applications particulièrement appréciées des ados.
 
... et désactivation des recommandations personnalisées
 
Outre la mise en place d'outils de transparence, l'autre obligation majeure imposée par le DSA aux plateformes et qui découle directement de ce fameux examen par le Parlement en 2021, c'est la possibilité laissée à l'utilisateur de désactiver les flux personnalisés. Jusqu'ici, l'IA et son armée d'algorithmes sélectionnaient les contenus pour alimenter les feeds en fonction des profils de chaque utilisateur. Depuis vendredi, les Européens peuvent choisir de désactiver ces recommandations. Ce que Nick Clegg, directeur des affaires publiques de Meta, résume ainsi dans un blogpost : « Désormais, les utilisateurs auront la possibilité de ne voir que les stories et les reels provenant des personnes qu'ils suivent, classés par ordre chronologique, de la publication la plus récente à la plus ancienne. » Idem chez ByteDance, maison mère de TikTok, dont les utilisateurs peuvent maintenant remplacer le fil hautement addictif « For You » par le classement des vidéos les plus populaires dans leur pays. « L'échelle européenne est la bonne pour réguler ces acteurs, souligne le président de l'Arcom (ex-CSA), Roch-Olivier Maistre, dans les colonnes du Figaro. Il faut saluer le travail de la Commission sur ce texte pionnier qui va probablement faire jurisprudence au-delà des frontières de l'Union. »
 
Le bâton sans la carotte
 
« Remettre du droit dans cet espace informationnel, martèle Thierry Breton comme un leitmotiv. Dès aujourd'hui, la loi s'applique, y compris dans son volet sanctions. » Toute violation constatée peut entraîner des amendes allant jusqu'à 6% du chiffre d'affaires mondial. « Le mois dernier, X a annoncé qu'il devrait générer près de 3 milliards de dollars de revenus. Une amende de 6% représenterait donc environ 180 millions de dollars », s'amuse le Guardian. En cas d'infractions graves répétées, une interdiction temporaire d'exercer dans l'Union européenne pourrait même être prononcée. « C'est l'un des textes les plus complets sur la réglementation d'internet, conclut Nick Clegg. C'est un événement majeur pour les entreprises de la tech européennes, mais aussi pour toutes les entreprises du secteur qui opèrent dans l'UE, et il va avoir un impact significatif sur l'expérience des Européens lorsqu'ils ouvriront leur téléphone ou leur laptop. » Pour les consommateurs comme pour les annonceurs...
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illustration de fougéres
UN PAVÉ DANS LA JUNGLE
Selon Lowpass, la newsletter de Janko Roettgers, journaliste tech passé notamment par le magazine Variety, la firme de Mark Zuckerberg planche actuellement sur une nouvelle mouture des Ray-Ban Stories, ses smart glasses développées en partenariat avec l'enseigne mondialement connue du groupe franco-italien EssilorLuxottica. Jusqu'ici, rien d'anormal. Mais dès le paragraphe suivant, l'annonce prend une tournure polémique. « Selon des documents internes que j'ai pu me procurer, les prochains modèles comporteront une fonction permettant les livestreams. [...] Les utilisateurs pourront streamer en direct sur Facebook et Instagram, sans plus de précision concernant les autres plateformes à ce stade. ». Big Brother likes this!
 
Pourquoi c'est un pavé ?

« Meta s'est déjà appuyé sur des influenceurs Instagram pour promouvoir les Ray-Ban Stories, et cette nouvelle fonctionnalité devrait beaucoup leur plaire », prédit Janko Roettgers. Sachant que les Ray-Ban Stories sont disponibles en modèle Wayfarer, modèle iconique et best-seller de la marque depuis les années 50, on parle là d'une des paires de lunettes les plus en vogue sur la planète qui peut potentiellement vous filmer à votre insu... D'autant que, toujours selon ces fameux documents internes obtenus par Roettgers, les nouvelles Ray-Ban Stories seraient capables de murmurer les commentaires des viewers directement dans les oreilles du streamer via des écouteurs intégrés. « Comment Meta peut déterminer quel commentaire mérite, au milieu d'une montagne d'autres commentaires, d'être susurré à vos oreilles ?, s'interroge le média The Verge. Ça cache sûrement autre chose. Ce ne sont que des spéculations grossières, mais peut-être que c'est un privilège que les influenceurs pourraient accorder à certains abonnés payants, voire aux commentaires sélectionnés par un manager qui les assiste pendant le stream. »
 
De quoi ouvrir la boîte de Pandore des pranks de rue et autres défis à la con tentés pour satisfaire ses abonnés ? Si le premier modèle comportait une LED rouge façon REC de caméra/« souriez, vous êtes filmés ! » facile à cacher via un simple bout de scotch opaque, les nouvelles Ray-Ban Stories devraient être équipées d'un système empêchant la captation si ce témoin est obstrué. Du moins jusqu'au premier tuto posté par un petit malin sur YouTube... En attendant, si l'info est confirmée par Zuckerberg lors du Meta Connect 2023 – événement dématérialisé consacré à l'IA ainsi qu'à la réalité virtuelle et augmentée qui se tiendra en ligne les 27 et 28 septembre prochains –, la firme californienne devrait faire bien mieux que les quelque 300 000 unités vendues jusqu'ici, comme rapporté par le Wall Street Journal début août, qui estime au passage que seuls 10% d'entre elles sont utilisées activement chaque mois.
UN FORMAT À LA LOUPE
Rémunération des contenus sur X (ex Twitter)
Si vous étiez trop occupé à ne rien faire pendant vos vacances, sachez que X a enfin dévoilé son dispositif pour rémunérer ses créateurs de contenus. Oui, comme cela, en plein cœur de l'été, sans prévenir, entre la pétanque et l'apéro. Lancé le 13 juillet sur le sol américain, puis élargi au reste du monde dès le 31, le Creator Ads Revenue Sharing Program permet aux créateurs d'empocher une partie des revenus publicitaires de la plateforme – qui ont diminué de 50% depuis son rachat, soit dit en passant. Début juin, Elon Musk indiquait sur son compte X que le premier butin à répartir chiffrait 5 millions de dollars. Un mois plus tard, il précisait que les paiements prendraient en compte les revenus générés depuis février, date à laquelle le projet a été évoqué pour la première fois. Pour y être éligibles, les créateurs doivent remplir plusieurs critères : avoir au moins 500 followers, être abonné à l'offre payante Premium ou Verified Organizations, ouvrir un compte Stripe pour recevoir les paiements et, surtout, justifier d'au moins 15 millions d'impressions cumulées sur les trois derniers mois. Sauf que, le 11 août, la firme a abaissé ce plafond à 5 millions. « Un changement qui va diminuer considérablement la part de chaque créateur éligible au programme », considère le média TechCrunch. Le milliardaire aux trois passeports a bien essayé de rassurer son monde en précisant dans la foulée que seules les impressions provenant de comptes vérifiés seront prises en compte – « sinon les scammers vont créer des bots pour spammer des vues à l'infini » –, c'était trop peu, trop tard. En choisissant de baser son calcul des rémunérations sur la performance des publications plutôt que de permettre aux créateurs de proposer des abonnements payants donnant accès à des contenus exclusifs comme sur Instagram, X encourage la diffusion de contenus polémiques visant à générer le plus de réactions possible. Musk a (encore) mis le ver dans son propre fruit, en somme. Résultat, sur la plateforme, la course au clickbait fait rage et le niveau chute chaque jour un peu plus. Des influenceurs d'extrême droite ont même perçu des sommes à cinq chiffres selon le Washington Post. Comme Andrew Tate, l'influenceur masculiniste américano-britannique actuellement placé sous contrôle judiciaire en Roumanie dans l'attente de son procès pour traite d'êtres humains, qui affirme avoir reçu plus de 20 000 dollars. Ou Rogan O'Handley, influenceur conspirationniste et militant pro-Trump connu sous le pseudo DC Draino, qui a tweeté : « De banni de Twitter pendant presque deux ans à être payé pour poster, c'est un revirement de situation plutôt sympa. Merci @elonmusk »
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LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE
26/08/23 NL5 on aurait aimé faire
Et si la triche était la solution pour lutter contre le climatoscepticisme ? C'est le pari tenté par l'agence australienne Clemenger BBDO et l'Australian Youth Climate Coalition (AYCC) en créant NewsJacker. Le concept ? Le site vous propose de télécharger une recette de cookies toute simple et de l'envoyer à un climatosceptique repéré dans votre entourage. (Pas de honte, on en connaît tous au moins un...) L'astuce ? En ouvrant le lien, un spyware se lance pour trafiquer les cookies de votre victime, faisant croire aux algorithmes des moteurs de recherche et des réseaux sociaux à un intérêt soudain pour la question du réchauffement climatique. Le résultat ? Votre victime commence à recevoir des informations factuelles et sourcées sur ses différents fils d'actualité, comme expliqué dans cette vidéo. Une initiative aussi sournoise qu'utile, qui vise aussi à lutter contre la désinformation dans un pays où 42% de la population est considérée comme climatosceptique, selon les données du rapport 2022 de l'Observatoire international Climat et Opinions publiques (Obs'COP) d'EDF. Et sinon, ils sont bons ces cookies au moins ?
UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE
Dans le vaste monde du binge-watching subsistent encore quelques moments de grâce. Des plaisirs simples, accessibles en s'éloignant des sentiers battus par le matraquage marketing des plateformes de streaming. En s'engouffrant sous la surface tel un spéléologue pour que, là, au détour d'une cavité, apparaisse enfin une petite série dont on n'attendait rien mais qui nous donne tout. The Bear fait clairement partie de cette catégorie. Le pitch ? Carmen Berzatto, prodige tourmenté de la haute gastronomie magistralement interprété par Jeremy Allen White (découvert dans la version américaine de Shameless et dont nous vous avions parlé dans une précédente édition de cette newsletter), hérite de la sandwicherie familiale après le suicide de son frère. Des trous dans la trésorerie à la gestion d'une brigade rompue au quotidien d'un boui-boui des quartiers durs de Chicago plutôt que celui d'un resto étoilé new-yorkais, en passant par les états d'âme d'une famille dysfonctionnelle, « Carmy » s'improvise jongleur du jour au lendemain. Entre les casseroles et les galères. Diffusée aux USA en juin 2022 sur Hulu (sur Disney+ chez nous), la première saison de ce show signé Christopher Storer, qui concentre humour, angoisse familiale et sentiments refoulés dans l'enfer d'une cuisine de quartier, a surpris par son intensité et sa maestria. 8,5/10 sur IMDb et un score de 99% au « TomatoMeter » de Rotten Tomatoes, deux sites de référence pour les critiques ciné/séries. Au point que la saison 2, dispo en France depuis le 16 août dernier, soit nettement mieux marketée... Mais pas de panique. The Bear n'a rien perdu de sa superbe et l'on prend toujours autant de plaisir à suivre l'évolution de cette galerie de personnages hauts en couleur qui forment, comme le résume si bien ce papier de Télérama, « une communauté de destins à laquelle la série nous attache, avec une rugosité et une sensibilité bouleversantes, au même titre que certaines grandes références avant elle, de Six Feet Under à Friday Night Lights. La recette, en trois étapes, d'une série qui a le goût des autres. »

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