Le droit européen, nouvelle cible des souverainistes
Le choix du Tribunal constitutionnel polonais de contester la légitimité de la Cour européenne de Justice (CJUE) aurait pu n’être qu’un conflit de juridiction comme un autre. Mais en épousant la ligne des juges qu’il avait lui-même nommé, le pouvoir polonais en a fait un geste politique sans précédent en Europe. Aucun exécutif n’avait jusqu’ici remis en cause les fondements juridiques de l’UE.
La crise est donc bien politique, et la solution ne sera pas facile à trouver. L’écho de l’attaque frontale de Varsovie a retenti dans la campagne électorale française, où Zemmour, à la suite de Le Pen, épouse une même vision nationaliste, dont les Brexiters nous ont montré tous les ressorts, de 2013 à 2016.
Ayant échoué à convaincre les opinions publiques du bien-fondé de quitter l’euro, les droites nationalistes européennes prennent une autre cible : le droit. En créant une incertitude juridique préjudiciable à tout l’espace de l’UE, en attaquant la légitimité de la CJUE pour mieux masquer leurs propres atteintes aux principes fondamentaux de l’état de droit. C’est le cadre idéal de l’après-guerre qui est visé. Celui d’un continent, le seul à ce degré de garanties pour l’individu, où la force du droit tempère la force tout court.
Par Laurent MARCHAND, Rédacteur en chef délégué.