Pendant les vacances de Noël, j’ai eu le privilège de lire deux des romans attendus de la rentrée (merci aux attachées de presse de m’avoir fourni une bonne raison de frimer auprès des copains... le livre nonchalamment ouvert sur l’accoudoir d’un fauteuil, vous voyez le genre) : « Anéantir » de Michel Houellebecq (Flammarion) et « Barrage contre l’Atlantique » de Frédéric Beigbeder (Grasset). On sait que ces auteurs sont proches, qu’ils ont de l’admiration pour l’œuvre de l’autre, mais plus différents que leurs derniers ouvrages, il n’y a pas : roman robuste (700 pages) aux thèmes multiples chez le premier, nostalgie pointilliste et souvenirs choisis chez le second. Joli petit livre contre gros machin à la Balzac, ce serait idiot de comparer, sans doute.
Pourtant, en les lisant, la même pensée me traversait l’esprit : Mais qu’est-ce qui leur arrive, à ces deux mâles blancs de plus de cinquante ans ? Où sont passés leur cynisme et leur férocité ? Je ne dis pas que Michel Houellebecq se prend pour Danièle Steel ou que Frédéric Beigbeder lorgne du côté d’Aurélie Valognes, mais quand même, il y a de l’amour dans ces pages, et aussi de l’espoir. Un vieux hippie qui jette des rochers dans l’Atlantique pour lutter contre la montée des eaux chez l’un, un ministre des finances qui sauve la France chez l’autre... Même le couple, naguère gros mot sous leur plume, devient un idéal possible, une terre où s’ancrer, trouver refuge et réconfort. Bien sûr, on est chez Houellebecq, alors les bouffées de tendresse sont surtout ressenties après une fellation bien exécutée. Bien sûr, on est chez Beigbeder, alors les joies de la paternité ressemblent à des rails de poudre aux effets persistants. Mais voilà, ça parle de bonheur. Pourquoi ces deux désabusés ont-ils mis trente ans à comprendre que les autres ne sont pas fatalement le problème, mais plutôt la solution ? Le mystère demeure. Mais pour celles et ceux qui n’aiment que les lectures qui font comme un effet de jus de citron sur l’émail des dents, l’avenir s’appelle sans doute... Virginie Despentes. J’en profite pour souhaiter une bonne semaine feel good à tous les hommes qui lisent cette newsletter (pas la peine de faire les malins, on sait que vous êtes là, on a les statistiques)
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