Le moment LinkedIn IA générative, mode créateur, Thought Leader Ads... Au fil du temps et des mises à jour de son algorithme, LinkedIn s'est transformé de banque de CV en ligne en paradis pour les créateurs de contenu B2B...
« Je ne suis pas payée pour faire la publicité d'autres marques auprès de mes 160 000 abonnés sur LinkedIn, mais je monétise mes contenus en générant du trafic vers ma propre entreprise. » Pour Amelia Sordell, qui a fondé Klowt en 2020, sa propre agence de personal branding, LinkedIn a agi comme une baguette magique. Au point de réaliser plus de 450 000 euros de CA dès la première année, sans site web et en ayant attendu d'y passer la barre des 50 000 abonnés avant de faire sa promo en postant sur les autres réseaux sociaux... Un tour de force qu'elle raconte dans cet article de Digiday, dont l'intro commence par : « LinkedIn is having a moment ». Et pas qu'un peu ! Virage conversationnel Selon les chiffres publiés début mars par Microsoft, propriétaire depuis 2016, LinkedIn a généré plus de 15 milliards de dollars en 2023, dont 7 avec ses fonctionnalités RH (LinkedIn Talent Solutions) et surtout 1,7 grâce à ses abonnements payants (en hausse de 25% en 2023). Des offres premium qui donnent accès aux outils dopés à l'IA générative, dont les membres à la recherche d'offres d'emploi, les marketeurs et les créateurs de contenus B2B raffolent et qu'elle implante régulièrement pour enrichir l'expérience utilisateur (au passage, toutes les nouvelles fonctionnalités de LinkedIn sont à découvrir deux fois par mois dans notre newsletter consacrée à LinkedIn). Des chiffres qui reflètent aussi la réussite du virage conversationnel engagé par la plateforme amorcé suite aux différents confinements qui ont créé un besoin de réseauter virtuellement après l'annulation des salons, congrès et autres rassemblements de gens influents à travers le monde. Un engagement dopé notamment par la la leader advocacy (la prise de parole des dirigeants) et le thought leadership, la nécessité pour les entreprises de catalyser les débats sur leur marché. En 2021, la plateforme avait même consacré un « Creator Mode » aux membres produisant des contenus originaux sur LinkedIn, qu'elle a depuis étendu à toutes les pages membres. Elle récompense depuis quelques années ses créateurs originaux avec un badge particulièrement convoité : le fameux « Top Voice » qui offre une visibilité accrue en même temps qu'il reconnaît votre expertise professionnelle. Le TikTok du B2B ? « Je m'attends à ce que davantage d'agences axées sur LinkedIn, ainsi que d'autres plateformes et agences marketing, commencent à commercialiser des services conçus spécifiquement pour le marketing d'influence sur LinkedIn. Un peu comme lorsque TikTok a décollé », prédit Lindsey Gamble, associate director of influencer innovation chez Later et Top Voice LinkedIn. D'autant que LinkedIn vient d'ouvrir ses Thought Leader Ads – ces pubs qui, jusqu'ici, permettaient de sponsoriser uniquement les publications des collaborateurs de votre société – aux posts de tous les utilisateurs du réseau social, qu'il s'agisse de clients ou d'influenceurs externes à l'entreprise...A Story Jungle, nous qui labourons LinkedIn depuis des années, en partenaire marketing de plateforme, on est plus nuancé : « L'influence sur LinkedIn, aujourd'hui, ressemble à s'y méprendre à ce qu'on voit sur Instagram, » commente Gilles Prigent, CEO, « avec Notion à la place de tel ou tel produit de skin care : ça reste finalement très B2C. La véritable influence B2B passe par des influenceurs internes à l'entreprise via les programmes de leader advocacy. » | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | Selon une étude menée par Packlink, société spécialisée dans les solutions d'envoi e-commerce, 37% des « digital natives » (la génération née entre 1980 et l'an 2000) préfèrent désormais rechercher des produits sur les réseaux sociaux plutôt que sur les sites des marques concernées. Contre 53% pour les principaux moteurs de recherche et 41% pour les plateformes de vente en ligne. Renforçant ainsi l'aspect vitrine des réseaux sociaux pour les marques. Pourquoi c'est un pavé ? Parce que, malgré cette stat encourageante, quasi personne ne rentre dans le magasin... Toujours selon l'étude, seuls 3,3% des consommateurs vont jusqu'à l'acte d'achat via les réseaux sociaux. Des données qui, pour Axelle Fossier, Head of Sales chez Auctane (maison mère de Packlink), soulignent « l'importance croissante de ces plateformes pour les jeunes, qui non seulement s'en inspirent, mais les utilisent aussi directement comme moteur de recherche. Il ne fait aucun doute qu'elles contribuent à rendre plus visible la marque, mais il est également nécessaire de s'appuyer sur d'autres actions de marketing pour atteindre un plus grand nombre de consommateurs ». Et, surtout, d'établir une synergie entre tous les canaux. | UN FORMAT À LA LOUPE | | | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | « À quoi ressemblerait un industriel de l'agroalimentaire qui dirait enfin toute la vérité sur ce qu'il met dans nos assiettes ? » Réponse : à cette vidéo publiée par l'ONG Foodwatch, qui lutte contre les dérives du secteur agroalimentaire pour faire valoir notre « droit à une alimentation sans risques, saine et abordable pour tous et toutes ». Une caméra cachée dans laquelle un acteur propose aux passants une petite dégustation de produits piochés dans les rayons de nos supermarchés, agrémentée de punchlines comme : « Le blé a été produit avec amour et glyphosate, ce qui provoquera peut-être un effet cocktail et cancérigène plus tard. Mais ça, on n'en sait rien. Donc nous, on y va à fond ! » ou « Ce miel n'a jamais vu une seule abeille, c'est du sucre de riz, mais on arrive à mettre "miel" sur l'emballage pour le vendre plus cher... » Effet garanti ! (sans nitrites) | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Novembre 2017, au Bangladesh. Omar Sy, DJ Snake, Mister V, les street artistes Toctoc et Cocovan, ainsi qu'une pelletée de Youtubeurs comme Seb la Frite, Natoo ou Maxime Musqua se rendent à quelques kilomètres de la frontière avec la Birmanie, dans le camp de Kutupalong, où s'entassent des milliers de réfugiés rohingya. Pour guider ce petit groupe dans les allées de cet enfer à ciel ouvert qui manque de tout, un homme : Jérôme Jarre, influenceur star de Vine (réseau social aujourd'hui disparu où il cumulait plus de dix millions d'abonnés) et fondateur de la Love Army suite aux attentats de Nice en 2016 pour « donner du bonheur » aux gens, rappelle cet article du Monde. Après des actions menées au Mexique et en Somalie, Jérôme Jarre était parvenu à récolter près de quatre millions d'euros auprès d'illustres donateurs comme LeBron James, Neymar, Zinédine Zidane ou Franck Ribéry, pour venir en aide à cette minorité musulmane persécutée par le régime birman. « 100% de ce qui est donné va aux Rohingya, comme ça rien n'est perdu, il n'y a pas d'intermédiaires », assure-t-il alors face à la caméra de Charles Villa, envoyée sur place par Brut pour couvrir la visite. Et depuis ? Plus rien, ou presque. Si l'argent a bien été remis à des ONG, Jérôme Jarre, lui, a subitement disparu de la circulation pour laisser place à une immense déception dans le cœur des réfugiés de Kutupalong. Ce qui explique pourquoi – un peu comme s'il souhaitait exorciser ce fiasco auquel il a, quelque part, grandement contribué en le médiatisant – Charles Villa s'est replongé dans cette histoire pour en découvrir le fin mot. Entre les interviews des protagonistes et un retour sur place pour mesurer l'ampleur de l'échec, #LoveArmy : Où es-tu Jérôme ? – série docu captivante en cinq épisodes dispos sur Prime Video – retrace le parcours hors-norme de Jérôme Jarre et illustre le paradoxe entre l'instantanéité du web et le temps long de l'action humanitaire, à travers la question du traitement médiatique de ces buzz éphémères qui jalonnent l'histoire du web. |
|