Bien sûr, le nationalisme, le racisme, le sexisme ou l’homophobie ont de multiples causes. Elles sont sociales, économiques, culturelles… Mais la permanence des guerres et des discriminations à travers l’histoire interpelle : n’y a-t-il pas aussi autre chose en jeu, qui tient à notre nature profonde ?
C’est en effet ce que les chercheurs ont découvert, à travers ce qu’ils qualifient de « biais tribal » : une tendance à favoriser le groupe auquel on appartient, même quand il est totalement artificiel – parfois construit par simple tirage au sort dans les expériences ! –, et à exacerber les différences avec les autres groupes. Et quand des préjugés véhiculés culturellement ou un contexte difficile se superposent à ce biais, le résultat devient détonant. Le cerveau a des catégories toutes prêtes pour enclencher des logiques de bouc émissaire potentiellement destructrices…
Dire cela ne revient pas à se déresponsabiliser, bien au contraire. Car notre cerveau, ce n’est pas seulement des instincts et des biais. C’est aussi une capacité unique à prendre en compte des enjeux complexes, à réguler notre comportement en fonction de valeurs et d’une vision à long terme. La culture a – en partie – jugulé la violence. Dans ce dossier, nous explorons comment elle peut aussi brider le biais tribal, afin d’aller vers une société plus équitable et plus apaisée.