Alors que Michel Barnier tarde à composer son gouvernement, la scène politique française aurait pu, cher lecteur, vous sembler lassante… Qu'à cela ne tienne, l'action s'est transportée, ce 16 septembre, à Bruxelles, avec la démission fracassante du commissaire français au Marché intérieur, Thierry Breton. Sa lettre cinglante envoyée à la présidente Ursula von der Leyen a eu l'effet d'un « coup de tonnerre », raconte notre correspondant à Bruxelles Emmanuel Berretta, plongeant dans les coulisses d'une inimitié tenace entre la cheffe de l'exécutif européen et l'ancien ministre de Jacques Chirac. Thierry Breton, dont l'action en faveur du numérique ou de l'industrie européenne n'a pas impressionné Mario Draghi, auteur d'un rapport alarmant sur le sujet, s'était opposé à plusieurs reprises à Ursula von der Leyen ces derniers mois, au point que leurs relations étaient devenues notoirement exécrables. Cette dernière aurait exigé d'Emmanuel Macron qu'il renonce à le présenter comme candidat officiel de la France pour un second mandat – un choix arrêté dès le mois de juin par le président. « Ursula von der Leyen profite de la faiblesse de la France », souligne notre journaliste. Emmanuel Macron a aussitôt proposé un nouveau nom : celui de Stéphane Séjourné, ministre démissionnaire des Affaires étrangères et de l'Europe, et président du groupe Renew au Parlement européen au cours de la précédente législature. Son portefeuille sera-t-il plus étendu que celui de Thierry Breton, comme l'aurait promis l'Allemande au cours de la négociation ? À voir… ► INNOVATION ÉDUCATIVE. Quoi qu'il en soit, le prochain commissaire devra s'attaquer sérieusement aux causes du brutal décrochage économique européen, au premier rang desquelles le rapport Draghi pointe l'éducation : 77 % des entreprises européennes signalent que les employés nouvellement recrutés ne possèdent pas les compétences requises. La France figurant aux derniers rangs des enquêtes Pisa, notre chroniqueur Julien Damon avance une proposition qui mériterait d'être étudiée : et si les professeurs d'université enseignaient aussi… Au lycée ? « Annuellement, ils seraient imprégnés de ce que seront leurs futurs élèves. […] En ce qui concerne ce temps dégagé pour les responsables d'une classe, il pourrait être consacré à de la formation continue. » Disruptif, sans doute. Mais pourquoi pas ? |