On ne saura jamais s'il y eut un Salvandy pour avertir Emmanuel Macron des risques de la dissolution. Salvandy ? Un nom passé à la postérité pour un mot adressé au duc d'Orléans, futur Louis-Philippe, quelques semaines avant la révolution de juillet 1830, lors d'une soirée donnée en l'honneur du roi des Deux Siciles : « Une fête toute napolitaine, Monseigneur, car nous dansons sur un volcan. » Nous ne sommes pas en 1830, et le vote du 7 juillet 2024 ne conduit ni à l'exil du chef de l'État, façon Charles X, ni à un changement de régime, quand bien même on assiste à un glissement de pouvoir, dans le flou, vers l'Assemblée. Demeure surtout des interrogations sur le sort des extrêmes, au premier rang desquelles la manière dont le NFP peut danser – ou pas – avec LFI : « Il est encore possible, pour la gauche républicaine, de s'affranchir de Jean-Luc Mélenchon. Et d'éviter ainsi la honte qu'il y aurait à siéger, et peut-être à gouverner, avec des députés tels que l'inconvenant Louis Boyard ou l'antifa violent Raphaël Arnault », souligne Sophie Coignard dans son éditorial. Quant au RN, la gifle, pour être cuisante, lui permet d'aborder 2027 dans la meilleure configuration possible, analyse Géraldine Woessner. Demeure aussi, dans une donne politique inédite sous la Ve République, la question en suspens du choix du Premier ministre par un Jupiter à la foudre un rien dévalorisée. ► Le sort d'Albion. Outre-Manche, c'est sans heurt et avec une large majorité absolue que Keir Starmer, libéré de Jeremy Corbyn, s'est installé au 10 Downing Street. « Tout comme la France, le Royaume-Uni est confronté à la nécessité de repenser radicalement son modèle national, analyse Nicolas Baverez. Le destin du gouvernement conduit par Keir Starmer sera déterminant pour le Royaume-Uni mais aussi pour toute l'Europe. » |