Les 3 actus de la rentrée qu’il ne fallait pas manquer… | | La newsletter Dans la Jungle des Contenus fait sa rentrée et, désormais, passera une tête dans vos boîtes mail une semaine sur deux. Histoire de prendre un peu de recul sur l'information et vous proposer plus d'analyses... On y reviendra. Et on commence avec les 3 informations de la rentrée qu'il ne fallait pas manquer. #1 - Le ZEvent réussit son grand retour ! Après un an d'absence, le ZEvent faisait sa rentrée le week-end dernier à Montpellier, le fief d'Adrien Nougaret, aka « ZeratoR », cofondateur et streamer phare de ce marathon caritatif parfois surnommé « le téléthon du jeu vidéo ». Une année blanche que son bras droit et co-organisateur de ce grand raout depuis la première édition en 2016, Alexandre Dachary, dit « Dach », justifie ainsi dans les colonnes des Échos : « On s'était dit que ce serait bien d'arrêter une année pour prendre un peu de recul et voir si notre formule était toujours la bonne. » Visiblement, oui. Avec des guests comme Laura Felpin ou les frères Lebrun, les stars du stream made in France comme Domingo, LittleBigWhale, Kameto, Ladysundae, AVAMind ou encore l'animateur Samuel Étienne (qui, outre ses cheveux verts fluo, a dévoilé ses tatouages de yakuza pour l'occasion) ont enflammé la scène du Zénith pendant plus de 50 heures pour recueillir un max de dons au profit de cinq associations luttant contre la précarité. Et, grande nouveauté cette année, un bataillon de cent streamers supplémentaires, sélectionnés selon la taille de leur audience et déployés en distanciel sur leur chaîne respective, ont pu soutenir ces causes via des cagnottes officielles rattachées à l'évènement. Résultat : cette huitième édition a encore une fois franchi la barre des dix millions d'euros, échouant à un cheveu du record all-time établi en 2022 (10 182 126 €), et oscillé entre 500 000 et un million de spectateurs en simultané sur Twitch montrant une fois de plus la vitalité de la communauté française. Dont certains noms bien connus du grand public comme Léna Situations (qui a donné 20 000 €), Léon Marchand (4 500 €) ou Antoine Griezmann (3 000 €). Depuis sa création en 2016, le ZEvent a déjà récolté plus de 31 millions d'euros et permis des réalisations concrètes comme le financement d'un hôpital en Centrafrique ou l'achat d'un nouveau navire pour l'association Sea Shepherd. #2 - OpenAI va lancer un modèle d'IA générative « capable de raisonner » Son nom ? OpenAI o1. Son but ? Se rapprocher encore un peu plus de « l'IA générale » rêvée par OpenAI, c'est-à-dire semblable à celle des humains. En d'autres termes, o1 « réfléchit avant de répondre » en produisant « une longue chaîne de pensée interne », dixit un communiqué de la firme chapeautée par Sam Altman qui, disons-le clairement, envoie du mot clé... Extrait : « À l'instar d'un être humain qui peut réfléchir longuement avant de répondre à une question difficile, o1 utilise une chaîne de pensée [...]. Il apprend à reconnaître et à corriger ses erreurs. Il apprend à décomposer les étapes délicates en étapes plus simples. Il apprend à essayer une approche différente lorsque l'approche actuelle ne fonctionne pas. » OpenAI affirme également l'avoir testé sur la résolution de problèmes mathématiques ou la production de lignes de code et, « dans de nombreux tests de référence qui requièrent une forte capacité à raisonner, o1 rivalise avec les performances des experts humains ». Toujours selon le communiqué, il se serait même placé « parmi les 500 meilleurs élèves » d'une compétition nationale de maths destinée aux lycéens américains. Baptisée « Strawberry » en interne, la version bêta de o1 devrait, dans un premier temps, être rapidement mise à disposition des utilisateurs payants de ChatGPT mais, selon les dires du média The Information, il est possible qu'elle ne fonctionne pas par défaut – vous devrez alors la sélectionner en option pour répondre à des prompts plus complexes – et fasse l'objet d'une facturation via un abonnement à part. #3 - Apple menace (encore) les revenus publicitaires des médias Après les rumeurs concernant l'implémentation potentielle d'une Web Eraser dans la prochaine version de son navigateur Safari – la fameuse « gomme du web » en VF qui permet de masquer certaines parties d'un site web, dont nous vous parlions en juin dernier –, Apple est passé à l'action en introduisant une fonctionnalité semblable qui entrera en vigueur à la mi-septembre en même temps qu'iOS 18 et la nouvelle version de son macOS. Baptisée « Distraction Control », elle permettra aux utilisateurs de Safari de cacher les éléments d'une page web qu'ils jugent « distrayants ». De la simple photo d'illustration aux recommandations de contenus, en passant par les bannières display ou les CMP (consent management platform), ces fenêtres qui permettent de solliciter le consentement des visiteurs à des fins de ciblage, tout peut disparaître en quelques clics ! Même si Safari ne représente que 20% de part de marché dans le monde, loin derrière les 65% de Google Chrome, Distraction Control pourrait tout de même impacter durablement le marché publicitaire et les revenus des éditeurs. « Apple continue à jouer aux apprentis sorciers avec les médias qui, comme le rappelle la dernière étude de l'Arcom sur leur financement, n'ont vraiment pas besoin d'un nouveau caillou dans la chaussure [...] Oui, le mode d'utilisation de Distraction Control laisse penser qu'il sera utilisé par une minorité. Mais qu'est-ce qui se passera le jour où Apple décide de rendre ça applicable par défaut, voire de permettre aux utilisateurs de supprimer tous les éléments gênants d'un coup ? », s'interroge Bertrand Gié dans cet article de Minted. Le président du Geste avait déjà cosigné une lettre ouverte envoyée à Tim Cook, le boss d'Apple, fin mai dernier, lorsque les rumeurs sur la Web Eraser étaient sorties dans la presse. | | | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | « Tout ça pour ça ! » Presque un an après avoir été lancés à la demande d'Emmanuel Macron, les États généraux de l'information (EGI) ont présenté leurs conclusions au Conseil économique, social et environnemental ce mercredi 11 septembre. Neuf mois de réflexion menée par cinq groupes de travail pour aboutir à quinze propositions et deux recommandations visant à soutenir les modèles économiques des médias d'information, améliorer leur gouvernance, lutter contre la désinformation, renforcer le secret des sources et le travail des journalistes, ou encore veiller au pluralisme des médias dans le cadre des opérations de concentration. Des mesures, détaillées dans cet article récapitulatif publié par Les Échos, qui ont reçu un accueil... disons... mitigé de la part des professionnels du secteur. Pourquoi c'est un pavé ?
« On nous avait promis des propositions audacieuses, précises, pratiques, qui pourraient être mises en œuvre rapidement. Le résultat ne correspond en rien à cette promesse », s'indigne François Bonnet, le président du Fonds pour une presse libre, un organisme à but non lucratif qui regroupe des dizaines de médias indépendants. Car plutôt que d'imaginer de nouvelles lois, les propositions s'appuient sur des textes existants comme la loi Pacte ou la loi Bloche de 2016 visant à protéger l'indépendance des rédactions, le Digital Services Act et le Digital Markets Act censés « favoriser un droit au "pluralisme" des algorithmes » à l'échelon européen. « Je ne peux qu'être déçue, renchérit Juliette Demey, présidente de l'association Article 34 fondée par d'anciens journalistes du JDD et de Paris Match. Nos quarante jours de grève et le bruit médiatique que nous avons provoqué n'auront pas suffi à convaincre. C'est très en deçà de nos attentes. » Sous couvert d'anonymat, une participante à l'un des groupes de travail reconnaît même, toujours dans Le Monde, que « c'est une synthèse de plein de bonnes idées qui avaient été mises sur la table précédemment. Mais, par crainte d'être critiqués et dans le flou politique actuel, nous ne sommes pas forcément arrivés à faire le "dernier kilomètre" pour proposer des changements clés en main ». Un coup pour rien, en somme, qui est maintenant entre les mains du président de la République... | UN FORMAT À LA LOUPE | | Mardi dernier, plus de 6 000 personnes se sont pressées dans l'enceinte du Chase Center de San Francisco. Ce jour-là, dans cette enceinte qui, d'ordinaire, accueille les matchs de l'équipe NBA des Golden State Warriors, il n'était point question de balle orange. Moyennant 50 dollars minimum le billet, ils étaient tous venus assister à l'enregistrement d'Acquired, un podcast tech et business qui cartonne outre-Atlantique avec plus de 800 000 auditeurs pour chaque épisode. Après les patrons de grosses boîtes comme Uber, Sequoia Capital ou Berkshire Hathaway, ce public « tech optimiste en sweat Patagonia », dixit le New York Times, a cette fois eu le plaisir d'écouter Mark Zuckerberg pendant plus d'une heure et demie. Le tout ponctué par des interventions de Jamie Dimon, boss de JPMorgan Chase (la plus grosse banque des USA), Daniel Ek, PDG de Spotify, et Jensen Huang, fondateur de Nvidia (société qui fabrique les puces nécessaires au fonctionnement des IA). Une tendance très en vogue actuellement chez les géants de la tech, qui préfèrent narrer leur success story dans ces podcasts démentiels à l'ambiance un brin boys club, plutôt que de communiquer à travers les médias traditionnels. « Il existe une véritable tendance à y aller franco dans la tech ces derniers temps, d'autant plus depuis que la couverture médiatique a tendance à être plus dure, plus critique envers les pontes du secteur ces dernières années, analyse Sheel Mohnot, general partner chez Better Tomorrow Ventures, une société de capital risque américaine. Beaucoup de ces gars préfèrent s'adresser à des gens qui "font leurs devoirs" et présentent une belle histoire. Ce n'est pas tant parce qu'ils n'apportent pas la contradiction – car ils le font parfois – mais plus parce qu'ils publient l'interview dans son intégralité. Et pour les PDG, cela compte vraiment... » | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | C'est l'histoire de l'incubateur de start-up le plus connu dans l'Hexagone. Le plus sulfureux, aussi. The Family, une structure qui, de 2013 à 2018, a été l'un des principaux acteurs de l'éclosion d'un véritable écosystème de start-up en France, avant d'imploser à partir de 2018 sur fond de querelles entre ses trois fondateurs que sont Alice Zagury, Nicolas Colin et l'inénarrable Oussama Ammar. Une histoire qui vous est parfaitement résumée par la rédaction des Échos dans les deux derniers épisodes de l'excellente série Ça s'explique. Avec Charlie Perreau, journaliste spécialisée dans les start-up et autrice régulière de la newsletter Start-up, à la présentation, et Lhadi Messaouden, journaliste passé par So Press, France Télévisions et Explore Media, à la réalisation. La narration est fluide, le récit fouillé et documenté, et la DA efficace sert parfaitement l'ensemble sans effet superflu. Bref, une franche réussite en seulement deux fois treize minutes ! | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Depuis 1974, George Coulam, 83 ans, plus connu sous le pseudonyme de « King George », règne d'une main de fer sur le Texas Renaissance Festival, une foire médiévale qui se tient chaque année dans la minuscule bourgade de Todd Mission, dont il est accessoirement le maire depuis 1982. En 2021, ce millionnaire aussi excentrique que tyrannique décide de prendre sa retraite pour trouver l'amour et, surtout, mourir en le faisant... « The perfect way to go », selon lui. Une annonce qui déclenche une lutte shakespearienne entre ses trois principaux vassaux, résolument prêts à toutes les folies pour lui succéder sur le trône. Il y a Jeff Baldwin, le general manager qui se voit comme l'héritier légitime, Louie Migliaccio, « le seigneur du pop-corn » qui compte racheter le festival, et Darla Smith, la dresseuse d'éléphants qui se prend pour Cruella d'Enfer. Quelque part entre Tiger King et le Puy du Fou, ce savoureux mélange donne Ren Faire, une série-docu génialement barrée en trois actes, produite par HBO et dispo sur Max et MyCanal. Rien que la bande-annonce vaut son pesant de cacahuètes... |
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