C’est dans le cadre magnifique du Zugspitze, le plus haut sommet d’Allemagne, qu’un groupe restreint de ministres européens se réunit aujourd’hui à huis clos pour discuter de l’un des dossiers les plus explosifs de l’Union européenne : la politique migratoire. À l’initiative du ministre allemand de l’Intérieur, Alexander Dobrindt, des représentants de la France, de la Pologne, de l’Autriche, du Danemark et de la République tchèque sont présents. Le commissaire européen aux Affaires intérieures, Magnus Brunner, a également fait le déplacement. Le message derrière cette initiative est clair : Berlin veut durcir le ton sur la migration et entend porter son message à Bruxelles. « Il s’agit d’une impulsion nouvelle de la part de l’Allemagne », analyse un responsable. Sous le précédent gouvernement dirigé par le Parti social-démocrate (SPD), l’Allemagne était réticente face à un renforcement du cadre européen en matière d’asile. Une position visible en particulier lors des négociations autour du pacte sur la migration et l’asile. Désormais, le gouvernement de Friedrich Merz (CDU), souhaite inverser la tendance. Et le timing choisi pour la réunion de ce vendredi n’est pas choisi au hasard. Bruxelles est en train de remanier ses règles sur la migration, avec des propositions telles que le règlement sur les retours et la classification des pays sûrs. La réunion de Zugspitze vise à promouvoir une politique migratoire européenne plus stricte et plus unifiée. Y seront par exemple évoqués un renforcement de la surveillance, des contrôles aux frontières plus stricts, des retours coordonnés et de nouveaux mécanismes de coopération avec les pays d’origine et de transit des migrants. « Notre travail est loin d’être terminé. Le pacte sur la migration et l’asile était un compromis qui répondait à la situation de 2015 », a expliqué le ministre tchèque de l’Intérieur, Vít Rakušan, à Euractiv. Le commissaire Brunner a indiqué à Euractiv qu’il apportait avec lui « de très bonnes nouvelles de Bruxelles », la nouvelle proposition de cadre financier pluriannuel (le budget de l’UE) pour la période 2028-2034 triplant le financement consacré à la migration et à la sécurité. « L’Allemagne a pris un tournant dans sa politique d’asile et de migration et n’est plus perçue comme le conducteur fantôme de l’Europe », a souligné une source proche des chrétiens-démocrates allemands au pouvoir en Allemagne. Un projet de déclaration de la rencontre laisse entrevoir un durcissement de la position de l’UE : retours plus rapides, budgets renforcés, répression plus stricte contre les passeurs et mise en œuvre harmonisée des règles communes. Il s’agit autant d’une question d’image que de résultats, une tentative claire de définir les priorités de la Commission européenne à Bruxelles. « Les réformes doivent être accélérées dans les domaines suivants : réduction des charges administratives (contrôles sanitaires, recours), abaissement des normes d’accueil pour les demandeurs provenant de pays sûrs et renforcement des éléments de sécurité », a ajouté Vít Rakušan. Avec l’Allemagne en tête de file, ces mesures ont de grandes chances de se concrétiser. Mais ce durcissement permettra-t-il réellement de freiner les flux migratoires vers l’Europe ? |