Lorsqu’Ursula von der Leyen a dévoilé, mercredi 16 juillet, sa proposition pour le budget 2028-2034 de l’Union européenne, ce fut la douche froide dans toute l’Europe. Comme cela était attendu, sa tentative de centraliser et nationaliser le prochain budget européen — dont le montant avoisine les 2 000 milliards d’euros — a d’emblée suscité la critique. En France, les agriculteurs s’apprêtent à redescendre dans la rue face à la baisse de 30 % des fonds alloués à l’agriculture. En Allemagne et aux Pays-Bas, l’augmentation des dépenses est jugée inacceptable. En Pologne, ce sont les coupes dans les fonds de cohésion qui inquiètent. Au Parlement européen, les eurodéputés dénoncent leur mise à l’écart de la question budgétaire. Et au niveau des régions, la colère monte face aux modifications qui devraient toucher la politique de cohésion. Pourquoi Ursula von der Leyen a-t-elle pensé qu’une hausse de près de 70 % par rapport au budget précédent pouvait passer, en pleine stagnation économique et alors que les États membres resserrent tous la vis budgétaire ? Sa proposition met pourtant le doigt sur de vraies priorités : un Fonds pour la compétitivité de 451 milliards d’euros pour stimuler l’innovation, 100 milliards pour soutenir l’Ukraine, et plusieurs centaines de milliards pour la défense, l’immigration ou la politique étrangère. Sur le papier, ces objectifs sont défendables. Mais l’ensemble ressemble davantage à une liste de vœux pieux qu’à une proposition budgétaire sérieuse. Réputée pour son sens politique, la présidente de la Commission a, cette fois, semble-t-il, perdu le cap. La levée de boucliers contre le budget était déjà bien engagée avant même que l’encre ne soit sèche sur les copies de la proposition transmises aux États membres. À Berlin, un porte-parole du gouvernement a jugé l’augmentation du budget « inacceptable », dénonçant aussi les nouveaux projets de taxes européennes sur les grandes entreprises. À Paris, le gouvernement est déjà en difficulté pour faire passer un budget d’austérité, et l’annonce d’Amélie de Montchalin concernant une baisse de la contribution française à Bruxelles est révélatrice : personne ne veut assumer ce budget face à une opinion publique inquiète — et une extrême droite en embuscade. « Il est compréhensible qu’il y ait des réactions à cette proposition », a tenté de tempérer la présidente de la Commission européenne, en défendant un budget « plus moderne, plus agile, plus adapté à notre époque ». Parallèlement à cela, la présentation du budget, qui devait marquer un moment fort avant la pause estivale, s’est transformée en fiasco de communication. Après des heures de retard dans la présentation du document tant attendu aux eurodéputés, le commissaire au Budget s’est retrouvé coincé au Parlement alors qu’il était censé répondre aux questions des journalistes et leur présenter son propre budget. En outre, les présentations des commissaires reposaient sur des diaporamas et des discours, et non sur des textes législatifs concrets. Désormais, il faudra attendre deux ans avant d’obtenir une décision finale sur le prochain budget septennal. Mais le verdict sur la manière dont Ursula von der Leyen a géré ce dossier crucial, lui, est déjà tombé. Agriculture, cohésion, environnement, défense... Retrouvez ci-dessous nos articles récapitulatifs des points clés de la proposition de budget. |