| L’intelligence artificielle est en plein retour de hype depuis l’arrivée de ChatGPT, fin 2022, et les cryptomonnaies ne comptent pas manquer la fusée. Après les avancées spectaculaires des années 2010 (vision par ordinateur avec AlexNet en 2012, implémentation de la traduction par réseaux de neurones artificiels sur Google Trad en 2016) et le paroxysme de la remise du rapport Villani en France, en 2018, l’IA était en perte de vitesse. Le Covid a occupé l’attention des médias, puis ça a été le tour de la guerre en Ukraine. Mais voici que l’entreprise OpenAI, financée par Elon Musk et Microsoft, a offert au monde entier un nouveau chatbot, aux réponses perturbantes tant elles semblent naturelles (à défaut d’être toujours vraies). En janvier, ChatGPT avait déjà attiré plus de 100 millions d’utilisateurs, ce qui en fait l’application grand-public à la croissance la plus rapide de l’histoire, selon UBS. Il n’en fallait pas plus pour le marketing crypto : on ne compte plus les « jetons IA », mais on cherche encore ce qu’ils ont de plus que les autres… voire leur lien avec la technologie adulée. A la recherche de l’utilité Prenons Numéraire (NMR), qui semble ne pas avoir lésiné sur les dépenses de com’, notamment dans une vidéo de présentation à donner la chair de poule. Il propose à des data-scientists de participer à des compétitions pour prédire l’évolution du marché actions. Le gagnant reçoit une récompense (on cherche toujours le montant). Pour s’inscrire, il faut toutefois acheter des NMR et les mettre sous séquestre. Les participants dont le modèle n’est pas pertinent, quant à eux, perdent leur mise. Seulement, si vous êtes le concepteur d’un modèle et que vous êtes prêts à payer pour faire un pari, pourquoi passer par ce processus compliqué au lieu d’investir directement – vous-même – sur une des nombreuses plateformes qui existent aujourd’hui, avec des frais faibles et qui permettent d’acheter des fractions d’actions ? Certains jetons comme ceux d’yPredict ou de SingularityNET semblent, de leur côté, simplement servir de moyen de rémunération pour des développeurs payés à la tâche sur leur plateforme. Mais d’autres font déjà très bien le travail en dollars (ou en bitcoins). Enfin mentionnons Fight Out, dont le but est de rendre ludique l’activité physique avec des récompenses : l’IA paraît, ici, très sommaire et éloignée des dernières innovations. Voilà les « jetons IA » rhabillés pour l’hiver. Chacune des technologies (les cryptos et l’IA) est séparément prometteuse, mais leur conjugaison relève encore d’une chimère. Si toutefois vous l’avez vue, prévenez-nous ! Nous ne demandons qu’à être convaincus. Rémy Demichelis | 