Médias, ouvrez vos portes à votre audienceOn le sait, les médias font face aujourd'hui à un désintérêt de leurs audiences. Dans les années 2000, la presse avait fait appel à ses lecteurs
en créant le journalisme participatif qui s'est aujourd'hui normalisé. Désormais, les médias décident de s'engager personnellement.
L'
open door policy fait fureur auprès des médias anglo-saxons. Le
Financial Times a
étudié l'impact d'une approche créative du storytelling sur un panel de lecteurs potentiels, en faisant interpréter les textes des journalistes par des acteurs. Le quotidien
s'est ainsi rendu compte que le public était beaucoup plus impliqué. «
La signification que ces histoires finissent par avoir en fonction de la vie de chacun est beaucoup plus intéressante, et elles finissent par avoir beaucoup plus d'impact » explique André Piza, le porteur du projet People's Palace Project. Fort de ces résultats, le journal se réserve encore le temps de réfléchir à une juste utilisation de ce nouveau storytelling.
En Grande-Bretagne, le
HuffPost londonien a décidé de
créer des groupes de dialogue pour aller à la rencontre de ses lecteurs à Birmingham, le HuffPost Listens. Toute la rédaction s'est déplacée pendant une semaine et a
ouvert une salle de rédaction publique, dans un centre de commercial de la ville. Objectif réussi : l'audience du site dans la région a augmenté de 110% pendant les
workshops avec des articles de proximité reflétant la tonalité des gens rencontrés.
Les lignes sont aussi en train de bouger en matière d'écriture.
En lançant The Upside en février dernier,
The Guardian a redonné ses lettres de noblesse au
constructive journalism. Un storytelling qui se concentre sur les actualités positives et qui
augmente sensiblement l'engagement des lecteurs. Le
Guardian indique ainsi que ses
long-reads attirent en moyenne 10% de lecteurs supplémentaires. «
C'est presque un rejet du modèle traditionnel. Ces dernières années, il était fatigant de voir cette négativité constante et vous pouviez avoir l'impression qu'il serait mieux de ne lire aucune actualité » affirme Julia Migné, co-fondatrice de
INKLINE, site spécialisé dans le
constructive journalism.
Confrontés à un désengagement grandissant de leurs lecteurs, les titres de presse doivent redoubler d'inventivité pour mieux comprendre et séduire leur audience. Un phénomène qui se développe également en France, où
des sites comme celui de La Croix font désormais le choix de mettre en place une personnalisation du contenu pour doper leurs chiffres.