Les zinzins de la Toussaint |
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Chez moi, il y a plusieurs reproductions d’un tableau de Jean-François Millet qui s’appelle l’Angélus. C’est un couple de paysans dans un champ le soir, ils sont debout, face à face, la tête baissée, ils prient avec un panier à leurs pieds. J’en ai un sur un bol dans la cuisine, un autre sur une tasse à café dans le salon, un autre sur un petit pot dans la salle de bain, dedans il y a du mascara, une pince à épiler et une crème pour les yeux. (Pas super efficace la crème, mais c’est un autre sujet). J’en ai parce que mon père les collectionne depuis toujours au nom du kitsch. Et d’aussi loin que je me souvienne, à la maison, il y en avait partout : sur des boîtes à camembert, brodés sur des rideaux, sur des vieux chromos, sur des saucières, des coquetiers, des assiettes ou des boîtes à gâteaux. Sur les murs, les étagères, des coins de bureau, des bouts de bibliothèque, dans toutes les pièces, même les toilettes. Alors, à force, je l’ai adopté, ça fait partie de mon décor. J’aime bien l’avoir sous les yeux. Un jour j’ai appris que Salvador Dali était obsédé par ce tableau au point de le citer et d’écrire dessus. Il a spéculé, entre autres, sur le fait que ce n’était pas sur un panier que s'inclinait le couple de paysans, mais sur une tombe d’enfant. Les conservateurs du Louvre ont passé le truc au rayon X, et bingo, il y a une petite caisse noire cachée sous le panier, un petit cercueil aux pieds des parents… Récemment, dans le si cool Book Club de Marie Richeux sur France Culture, j’ai entendu l’écrivain Grégoire Bouillier (il parlait de lui, Monet et Dali) dire qu’on n’est pas obsédé par hasard par une image. (Les obsessions ça le connait j’ai l’impression). |
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| Et soudain les choses se sont alignées, un peu miraculeusement, j’en ai pleuré de joie sur mon vélo. Mes parents ont perdu un enfant avant ma naissance, on en parle très peu, c’est douloureux. Et j’ai compris que d’une certaine façon, il était là avec nous, partout, tout le temps et depuis toujours. Chacun s’arrange avec la mort comme il peut. Mon père a fait comme ça, il a gardé un œil sur lui en l’inscrivant dans le paysage. | | | | Laure Chatrefou aussi a perdu un bébé, elle a été contrainte d’avorter et il lui a fallu des années pour trouver comment en parler, d’une façon chorale et consolatrice, musicale aussi. C’est devenu ce très délicat et bouleversant podcastPresque mère. | | | Le deuil c’est aussi le sujet du premier podcast de Camélia Kheiredine qui explore celui des enfants. Ce sont des adultes qui racontent comment ils ont vécu et grandi avec la perte petit ou ado, d’un copain d’école ou de collège, ça met les larmes aux yeux et ça s’appelleLa mort est une amie d’enfance. |
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| | D’ailleurs on organise ce vendredi une séance d’écoute autour de ces deux podcasts pour "panser l’impensable" ensemble. Réservez vite vos places à la Gaîté Lyrique. | | | Bon, vous allez dire qu’on adore se rouler dans les sujets tristes, alors, oui, certes, mais pas que, promis. Et d’ailleurs, la preuve, puisque ce mois-ci dansUn podcast à soiCharlotte Bienaimé vous parle de la joie (ahah ! vous ne vous y attendiez pas à celle-là !). La joie de militer quand on est féministe, la joie du collectif (j’ose pas écrire de la sororité, ça va faire trop, mais bon vous voyez l’idée…). | | | Et pour encore un peu plus de joie, posez vous confortablement avec l’enfant que vous avez sous la main pour écouter L’Envol d’Osvaldo. Une histoire de Thomas Baas qui donne de l’élan et de l'allégresse. C’est dans notre podcast Polissons pour les petites oreilles. | | | Et pour garder le rythme, retrouvez vos instincts de chasseurs cueilleurs et courez à perdre haleine le plus longtemps possible, car vous ne le savez pas, mais tel est notre karma. C’est Delphine Saltel qui le dit, dans un épisode deVivons heureux avant la fin du mondequi règle son compte au running. | | | Et pour les accros des histoires vraies et ceux qui veulent en savoir plus sur la justice des mineurs, tous les quinze jours un nouvel épisode de Délits mineursl'impeccable chronique de Séverine Kakpo qui est assesseure au Tribunal pour enfants de Bobigny. | | | Et sinon, instant frime, La chute de Lapinvillea gagné le prix Europa de la meilleure série de fiction audio à Berlin. Youpi et bravo à Benjamin Abitan, Wladimir Anselme et Laura Fredducci. C’est le moment cliquer pour tout savoir du séjour en prison de Dominique Poêlon. |
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Pendant ce temps-là au bureau… Bon, je vous l'avais dit, la machine à café était cassée, et ben, ça y est, on se détend, il y en a une nouvelle et tout le monde respire mieux. C’est fou, à quel point la question de l'accès à la caféine est une question centrale. Surtout que ces jours-ci le soir tombe de plus en plus tôt, les premiers rhumes débarquent et c’est un moment de transition. Zoé s’est installée pour aider Victor et elle va rester un an en alternance au bureau. Pour le moment, elle observe ses nouveaux collègues : Qui est qui ? Qui fait quoi ? Est ce que leurs blagues sont drôles? Boomers qui font des accents ? Islamo woko gauchistes radicalisés ? Nous on a noté une tendance Stella chez elle, puisqu’elle a proposé un secret santa. Mais ce qui nous pend au nez et qui nous plonge dans les affres c’est le départ de Mélanie à la fin de la semaine. Mélanie qui a dompté le logiciel Brevo, qui met chaque mois en ligne cette Newsletter et qui a réussi à inventer un système imparable et génial pour gérer l’avalanche des projets. J’ai peur qu’après son départ, non seulement on soit dévastés mais qu’en plus tout s'écroule. Foutu mois de novembre. Perrine Kervran |
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