Liberté de la presse : RSF tire le signal d’alarme Dans la dernière édition de son classement mondial de la liberté de la presse, l'ONG Reporters sans frontières dresse le bilan d'une profession qui n'en finit plus de perdre en prestige, comme en marge de manœuvre... « À l'échelle mondiale, un constat s'impose : la liberté de la presse est menacée par celles-là mêmes qui devraient en être les garants : les autorités politiques. » Dès l'introduction, le classement mondial de la liberté de la presse publié vendredi 3 mai (Journée mondiale de la liberté de la presse) par Reporters sans frontières laisse peu de place au doute. Oui, l'exercice du métier reste mis à mal dans les trois quarts des pays du globe. Et, oui, la trajectoire générale continue de pointer vers le bas. L'instrumentalisation politique « Alors qu'en 2024, plus de la moitié de la population mondiale est appelée aux urnes, RSF alerte sur un phénomène d'ampleur révélé par le Classement de la liberté de la presse 2024 : la baisse de l'indicateur politique, un des cinq de l'Index, prévient Anne Bocandé, directrice éditoriale de RSF, citée dans le rapport. Les États et des forces politiques, quel que soit leur bord, jouent de moins en moins leur rôle dans la protection de la liberté de la presse. Cette déresponsabilisation va parfois de pair avec une remise en cause du rôle des journalistes, voire une instrumentalisation des médias dans des campagnes de harcèlement ou de désinformation. Le journalisme digne de ce nom est au contraire la condition d'un système démocratique et de l'exercice des libertés politiques. » Parmi les cinq indicateurs qui composent le score des pays, l'indicateur politique est celui qui baisse le plus cette année, avec une chute globale de 7,6 points par rapport à 2023. L'éclaircie hexagonale Chez nous, en revanche, la situation semble s'améliorer puisque la France gagne trois places et se classe désormais au 21ème rang mondial (sur 180 nations). Son troisième meilleur classement, rappelle Les Échos, après ses 11ème et 19ème places en 2002 (sur 139) et 2004 (sur 167). « Si le cadre légal et réglementaire est favorable à la liberté de la presse, les outils visant à lutter contre les conflits d'intérêts et à protéger la confidentialité des sources sont insuffisants, inadaptés et dépassés, juge l'ONG . L'absence de financement pérenne après la suppression de la redevance fragilise l'audiovisuel public. En dépit de l'adoption d'un nouveau schéma de maintien de l'ordre, plus respectueux des droits des journalistes lors des manifestations, les reporters continuent de faire l'objet de violences policières en plus des agressions de la part de manifestants. » Une longue tirade qui explique aussi pourquoi nous – pays du secret des sources, du service public et du droit de grève – sommes loin derrière un trio de tête scandinave composé de la Norvège, du Danemark et de la Suède (et l'inquiétude des journalistes et producteurs suite aux dernières suppressions de programmes à France Inter ainsi que l'éviction probable de Guillaume Meurice ne risque pas de nous faire remonter dans le classement). Le climax climatique L'encadré qui conclut l'article des Échos s'attarde également sur le cas des journalistes traitant de l'environnement, pour qui les conditions de travail se sont sensiblement dégradées : « Plus de 70% des journalistes de 129 pays qui traitent des questions environnementales ont indiqué avoir été victimes de menaces, de pressions ou d'attaques. » Le quotidien économique français cite le rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), intitulé « Presse et planète en danger », dans lequel, parmi les 905 journalistes interrogés, 45% affirment s'autocensurer par crainte de représailles. Pire, l'Unesco révèle qu'entre 2009 et 2023, au moins 749 journalistes et médias couvrant les questions environnementales ont été victimes de meurtres, de violences physiques, de détentions, d'arrestations, de harcèlement en ligne ou de poursuites judiciaires. « Plus de 300 attaques ont eu lieu entre 2019 et 2023, soit une augmentation de 42% par rapport aux cinq années précédentes (2014-2018) », enfonce le rapport. D'autant plus préoccupant dans un contexte de vente de certains journaux français. De Marianne au Monde Marianne d'abord, que son propriétaire, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky aimerait vendre rapidement en raison de la ligne éditoriale qu'il juge de plus en plus « souverainiste radicale » et de moins en moins pro-européenne, à en croire Denis Olivennes, président de CMI France, la filiale française de la branche média du Groupe de Kretinsky, dans Libération. Une vente qui, selon lui, doit permettre « d'assurer durablement le financement de Marianne ». L'homme d'affaires, déjà à la tête de plusieurs titres de presse dans son pays, s'est offert l'éditeur Editis en novembre dernier, après avoir renfloué Libération par deux fois, acquis 5% du groupe TF1 et racheté les magazines du groupe Lagardère en 2018. Il est aussi entré au capital de la holding de Matthieu Pigasse, actionnaire minoritaire du Monde, poussant Xavier Niel à vendre la quasi-totalité de ses parts dans le groupe Le Monde à un fonds pour l'indépendance de la presse. « Le groupe ne peut plus être vendu à un tiers, car ce fonds de dotation n'a pas le droit de vendre cet actif, sauf à ce que le conseil du fonds, incluant les représentants des journalistes, vote cette cession, décrypte Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, pour Challenges. Ce fonds est là pour sanctuariser les parts. » C'est déjà ça. | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | Jeudi matin, le média américain The Information révélait que ByteDance songeait à vendre TikTok à une compagnie américaine hors tech comme Walmart, sans toutefois inclure son précieux algorithme de recommandation dans la transaction. Même pas 24 heures plus tard, ByteDance prenait la parole sur son compte Toutiao (son autre plateforme lancée en Chine) pour affirmer que le groupe « n'a pas l'intention de vendre TikTok. [...] Les informations des médias étrangers selon lesquelles ByteDance vendrait TikTok sont fausses ». La position est claire : si la bataille juridique à venir devait tourner en sa défaveur, ByteDance préfère se priver de son plus gros marché (170 millions d'utilisateurs aux USA) plutôt que de vendre sa poule aux œufs d'or à la concurrence. Peu importe le prix, avec ou sans les secrets de fabrication, la réponse est non ! Pourquoi c'est un pavé ? Parce que du côté des annonceurs, qui ont largement épousé le succès de la plateforme à grands coups de partenariats et autres campagnes spécialement conçues pour la plateforme, la tendance est à l'observation. « Tant que l'engagement des utilisateurs restera fort sur l'app, les annonceurs resteront présents jusqu'à ce que les portes se referment », tranche Craig Atkinson, CEO de l'agence de marketing digital Code3, dans cet article publié par l'agence Reuters. « 200 jours avec ce climat politique, technologique, je pense que beaucoup de choses peuvent évoluer, abonde Chris Anthony, directeur financier chez Gallery Media Group, dans les colonnes de Digiday. La timeline est encore longue. À ce stade, personne ne veut abandonner ce volume massif de consommateurs. » Pour autant, si l'interdiction devenait effective, certains marketeurs sont déjà prêts à switcher et suivre la migration des followers vers les autres plateformes. Chris Anthony, dont la société produit près de 400 vidéos par mois sur TikTok et Instagram, en fait partie : « Il faudrait être stupide pour penser que l'attention des consommateurs va simplement s'évaporer... Elle va se reporter sur une plateforme existante, que ce soit YouTube Shorts, Reels ou n'importe quelle autre ». Certes, il est sans doute trop tôt pour pivoter et opérer des changements drastiques. Mais comme le veut le proverbe : « Un publicitaire averti en vaut deux ! » | UN FORMAT À LA LOUPE | | | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Pour les non-initiés aux jeux vidéo, TrackMania est un jeu de course complètement déjanté, dont la particularité repose sur la possibilité offerte aux joueurs de créer leurs propres circuits afin de les partager en ligne. Looping, double looping, sauts de plusieurs centaines de mètres et virages relevés dans tous les sens... La créativité est totale et les tracés générés ressemblent plus à Space Mountain qu'aux 24 Heures du Mans. Avec ce rythme effréné, même les joueurs aguerris ont parfois du mal à suivre. Alors, lorsque Salim Ejnaïni, 32 ans, aveugle depuis l'adolescence, s'est présenté sur la grille de départ lors de la Gamers Assembly organisée à Poitiers le 30 mars dernier, certains ont cru à une blague. Pourtant, l'idée est on ne peut plus sérieuse, puisqu'elle découle d'un partenariat entre Optic 2000 – engagé depuis plus de quinze ans pour faciliter l'autonomie des personnes en situation de handicap visuel – et la startup Artha, qui a développé une ceinture haptique (dispositif permettant d'interagir avec un objet ou un espace virtuel par la sensibilité cutanée) capable de modéliser l'environnement du jeu grâce à des centaines de petites pressions exercées dans le dos de son porteur. C'est là tout l'enjeu de cette vidéo intitulée Défi Optic 2000 Challenger : épauler Salim dans son rêve de participer à l'un des événements majeurs du paysage gaming français et prouver, au passage, « que l'on peut voir autrement qu'avec les yeux », confie-t-il en se bandant les yeux dans une scène qui rappelle la routine d'un athlète de haut niveau dans le vestiaire d'une grande soirée de sport. « Beaucoup de gens me demandent : "Comment tu fais malgré ton handicap ?" Je leur réponds que je ne fais pas "malgré", je fais "avec". Le jeu vidéo, ce n'est pas trop un endroit où l'on m'attendait. Et pourtant, il a toujours été là. Mais aujourd'hui, je le vis différemment... » Sur les dix joueurs que Salim a affrontés, combien en a-t-il battu ? Réponse au bout de ce spot pensé comme un micro-docu pour sensibiliser au handicap visuel qui, aujourd'hui, touche près de deux millions de personnes en France. | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Si vous avez prévu de profiter des ponts de mai pour glisser un petit weekend Airbnb dans votre calendrier, on vous conseille d'allumer Netflix et de regarder Barbare avant de partir... Après être sorti dans un relatif (et absolument pas mérité) anonymat sur Disney+ en 2022, le film vient de rejoindre le catalogue Netflix, où il devrait profiter à fond de cette seconde chance. Barbare (Barbarian, en VOST), c'est l'histoire de Tess (Georgina Campbell) qui, il faut bien l'avouer, a un peu cherché les problèmes en choisissant le pire Airbnb de Detroit, où elle doit passer un entretien d'embauche le lendemain matin. Une demi-étoile, dans un quartier tout pourri de l'une des villes les plus dangereuses des États-Unis, 252 homicides répertoriés en 2023, soit presque deux morts tous les trois jours : sérieusement ? Évidemment, quand Tess arrive sur place, le logement est déjà occupé par Keith (Bill Skarsgård), un grand type louche qui n'est pas le proprio. Évidemment, le sous-sol cache une porte dérobée qui donne sur un labyrinthe menant tout droit en enfer. Évidemment, le vrai propriétaire (Justin Long) finit par débouler. Et évidemment, ça part en angoisse... |
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