Aujourd’hui, 28 février 2025, c’est la journée mondiale des maladies rares. Cherchant dans cette information matière à écrire un édito de mille signes, j’ai tenté – vainement – de trouver quels pouvaient bien être les maux provoqués par la lecture. Après un gigantesque conciliabule constitué de toutes les personnes participant à cette newsletter, le couperet est tombé. Il n’en existe point. Alors, autant divaguer et inventer. Celui qui ne lirait que les débuts de roman souffrirait d’incipitose. Celle qui choisirait ses livres uniquement à l’odeur, du syndrome de la paginose olfactive. Que dire de la narcobiblite, cette fâcheuse tendance qu’aurait un roman à faire s’endormir son lectorat après quelques lignes. Une attaque de sujetverbecomplémentite restreindrait sa victime à des tournures de phrases limitées. Enfin, la terrible fièvre pointfinalière empêcherait toute plume de mettre un terme à un texte. Autant de maladies terribles, qui, si elles existaient, nuiraient fortement à notre travail. La réalité, c’est qu’il n’y a que des bienfaits à la lecture : ouverture aux mondes, pulvérisation de l’obscurantisme, et renforcement du système immunitaire intellectuel. Alors, embrassons à pleine bouche le livre, cet objet contagieux ! Bonnes écoutes et bonnes lectures ! Ellen Ichters
Audrey Jarre, Les négatifs, ed. Scribes
Désabusée par l’idéal qu’elle se faisait d’une vie trépidante à New York, Alice rejoint un groupe d’étudiants en "photographie réelle". Fascinée puis séduite par la figure de la muse qu’elle devient, la jeune Française entre progressivement dans des zones de plus en plus risquées. Un roman qui décortique habilement le phénomène de l’emprise dans le milieu de l’art contemporain. Par Sylvie Tanette
La Grande Sophie, Tous les jours Suzanne, ed. Phébus
"Suzanne" était d’abord le titre 10ème chanson de l’album "La Place du fantôme", écrite sous la forme d’une lettre adressée à une destinataire fictive. Puis la lettre s’est démultipliée pour devenir 100 textes, qui constituent ce roman où, à la façon d’un autoportrait, la chanteuse détaille son enfance, ses rêves, ses doutes et les coulisses de son métier d’artiste. Par Layla Shlonsky Lire la suite
Philippe Manévy, La colline qui travaille, ed. Le Bruit du Monde
A Lyon, la colline de la Croix-Rousse est "La colline qui travaille". Ce quartier populaire où étaient établis les ateliers des tisseurs et tisseuses de soie, est celui de la lignée maternelle de Philippe Manevy, auteur français établi à Montréal. Dans une écriture humble et intime, c’est tout le XXe siècle qui se déploie, entre guerres mondiales, crises, espoirs et désillusions. Par Ellen Ichters Lire la suite
Douglas Kennedy est l'invité de marque de l'Université de Lausanne (UNIL) pour le semestre de printemps. L'écrivain américain, auteur de nombreux best-sellers, dispensera une fois par semaine un cours sur l'écriture romanesque.
Arnaud Cathrine, Roman de plages, ed. Flammarion, 304 p.
Raphaël vient d’être quitté par sa femme après vingt ans de vie commune. Pour tenter de retrouver un sens à son existence il part séjourner dans différentes maisons, toutes situées au bord de la mer. Dans le désespoir de cet anti-héros, on retrouve la sensibilité de ce grand écrivain du sentiment amoureux qu’est depuis toujours Arnaud Cathrine. Son texte intime est aussi un puzzle de micro-romans, car chaque personnage rencontré par Raphaël cache une histoire, et lui permet de se révéler à lui-même. ST
Dictionnaire
Ismaël Mereghetti, Aya Nakamura, dictionnaire critique, ed. JC Lattès, 176 p.
Quelle riche idée de proposer dans ce dictionnaire des rubriques telles qu'Académie française, Aulnay-sous-Bois, Djadja, griotte, maternité, misogynoir, queer, zouk, afin de découvrir la langue, les facettes et l'histoire de cette artiste née au Mali et qui a grandi en Seine-Saint-Denis. Sa musique a fait se déhancher la France et le monde entier lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris en 2024. L'ouvrage ravira celles et ceux qui ont déjà depuis longtemps fait d'Aya leur reine et ouvrira l'esprit des autres par sa capacité à dissoudre les préjugés tenaces. COC
Roman
Dimitri Kantcheloff, Tout le monde garde son calme, ed. Finitude, 192 p.
Représentant en parapluies, Victor Bromier perd son emploi et n’arrive pas à l’annoncer à sa femme. Noyé dans l’alcool et le déni, il croise la route de Corine, blonde mutine et braqueuse qui le détourne du droit chemin. Pastiche de Bonnie & Clyde transposé dans les rues lyonnaises, hommage appuyé au cinéma de Lautner et au post-punk, le troisième roman de Dimitri Kantcheloff séduit par la malice de sa narration, pas dupe des charmes rétros de sa cavale bouffonne. NJ
Nouvelles
Stephen King, Plus noir que noir, trad. Jean Esch, ed. Albin Michel, 624 p.
La novella centrale de ce recueil, Le mauvais rêve de Danny Coughlin , suffirait à justifier l’acquisition immédiate du nouveau King. Chef d’oeuvre de tension narrative, l’intrigue suit le chemin de croix d’un homme accusé à tort d’un meurtre qu’il a “vu” en rêve, subissant, pour l’avoir signalé, l’acharnement maladif d’un inspecteur en fin de course. Outre cette pépite, l’ensemble des nouvelles ici réunies confirme la capacité de l’écrivain à se déployer dans de multiples registres, explorant les recoins les plus mystérieux du psychisme humain, bien au-delà de l’horreur à laquelle son nom est ordinairement associé. NJ
C’est à Vevey que nous nous sommes rendus pour ce nouvel épisode de “Booké”. Du grand Tonino Benacquista, une pièce de théatre, un ouvrage sur les masculinités, Sensible de Nedjma Kacimi, voilà ce qui est au menu cette semaine!
Terres de feu de Michael Hugentobler, sur les traces d’un dictionnaire envoûtant
RTS Première, Quartier Livre, dimanche 23 février à 16h
Fasciné par un dictionnaire du peuple Yamana, l’un des plus au Sud de la Patagonie, le professeur Hestermann décide de sauver l’ouvrage de la menace nazie. Un périple qui le mènera entre l’Argentine, Londres et la Suisse et dont le journaliste et romancier zurichois, Michael Hugentobler, fait le récit captivant, injectant des éléments de fiction dans la réalité historique. Publié en allemand en 2021, Terres de Feu est aujourd’hui traduit en français par Delphine Meylan et vient de paraître aux éditions Hélice Hélas, agrémenté d’une postface de l’anthropologue Geremia Cometti. Invité.es : Michael Hugentobler, Delphine Meylan et Geremia Cometti Présentation : Ellen Ichters Carte Blanche : Lorraine von Nijen
Fondées en 2021 sur les cendres du Salon du livre romand, les rencontres littéraires Textures accueillent cette semaine Quartier Livre en public au cœur du festival, à l’Arsen’alt de Fribourg, en compagnie de l'écrivain québécois Sébastien Dulude, de l’autrice broyarde Marilou Rytz et de Matthieu Corpataux, directeur de Textures.
Dans cet épisode d'Ici la Suisse, Anne Fournier vous fait découvrir les Lecture Canap (ou Sofalesungen). L'occasion d'en apprendre plus sur ces rencontres littéraires conviviales et décontractées. Pour découvrir le programme des Lectures Canap et organiser ou participer aux prochaines, cliquez ici.
Genève, Maison Rousseau et Littérature, vendredi 07 mars, 18h
Gabriella Zalapì revient sur son dernier roman Ilaria ou la conquête de la désobéissance, récit d’une enfance volée dans l’Italie des années de plomb. Lauréate du prix Femina des Lycéens, l’autrice a déjà conquis de nombreux·ses lecteur·ices avec ce texte fort et singulier. La rencontre, menée par Pablo Thuler, est l’occasion de parler du parcours de l’écrivaine dont l’œuvre est publiée aux Éditions Zoé.