Média : les prédictions 2023 du Lab de Harvard
Alors que le Washington Post prévoit
une suppression de postes, que
la presse US frémit face à une possible récession,
que les vagues de licenciements touchent désormais même les journalistes primés des grands journaux, le Nieman Lab tente d'éclaircir l'horizon.
Comme chaque année,
le laboratoire du journalisme de Harvard met en avant les prédictions médias des personnes les plus « brillantes » du milieu de la presse américaine. Morceaux choisis par Story Jungle...
En 2023, le journalisme touchera son public, là où il se trouve !Si elle veut survivre, la presse doit produire davantage de TikTok, développer des collaborations avec des agrégateurs, produire des posts sur Tumblr. Des journalistes très suivis doivent personnaliser leurs scoops sur Substack, développer des newsletters sur des sujets de niche. Bref, être dans le coup. Le ton doit être moins guindé. «
La confiance dans les médias est faible, et c'est en partie parce que nous n'écrivons pas de la même façon que nous parlons »,
estime Alexandra Svokos, journaliste à ABC News. Ce décalage crée une déconnexion avec le public. «
Dites qu'une citation n'est pas vraie quand une source dit quelque chose de faux. Impliquez-vous davantage dans votre choix des mots », incite-t-elle.
Si le modèle économique de l'information locale est saigné à blanc, l'intérêt pour l'actualité de proximité reste fort. Les médias devraient davantage investir sur les correspondants locaux, plus à même de saisir la pertinence d'une actualité locale que des journalistes soudainement «
parachutés ».
En 2023, les plateformes trépasserontMéta délaisse Facebook au profit de portails d'interaction basés sur la réalité augmentée et virtuelle, Twitter est devenu le jouet d'un milliardaire, dont les tweets «
semblent taillés sur mesure pour tester leur effet sur la valorisation des actions »... Certaines plateformes n'ont plus qu'à offrir «
des comptes zombies qui prennent la poussière comme une maison abandonnée ». De nombreux followers verrouillent leurs comptes et hissent les voiles. «
Les gens partent, les robots gagnent du terrain »,
observe la professeure de communication, Zizi Papacharissi. Si les journalistes souhaitent maintenir leur engagement avec la démocratie, «
ils doivent repenser leur relation avec les plateformes qui ne contribuent guère à la renforcer ».
En 2023, l'IA sera partoutFace à cette relation bancale, les journalistes devraient affûter leurs propres armes : optimiser leurs propres agents conversationnels,
à l'image du ChatGPT «
pour compléter et augmenter nos capacités au lieu de les remplacer », note Zizi Papacharissi. Pour donner à ces infrastructures l'architecture adéquate, les journalistes devraient travailler main dans la main avec des spécialistes de sciences sociales et des ingénieurs.
«
C'est l'année où l'IA va réellement changer le secteur des médias »,
complète Nicolas Thompson, de The Atlantic. Pour lui, de nouvelles entreprises IA se spécialiseront dans l'agrégation et le résumé de posts pour la presse.
En 2023, les journalistes seront leurs propres avocatsDevant une rhétorique anti-médias et les campagnes de délégitimation lancées par les élites de droite, les journalistes doivent se défendre et non se draper dans un silence contraint. «
Il est crucial de présenter des contre-arguments aux arguments sans fondement portés contre le journalisme si l'on veut maintenir – ou regagner – la confiance du public dans les médias », expose la journaliste Ayala Panievsky. Les expressions abstraites, qui ne parlent finalement à personne, doivent être bannies telles que «
la sauvegarde de la démocratie ». Une piste pour apporter un contrepoids ? Publier des rapports annuels accessibles, dans lesquels les journalistes expliquent simplement en quoi leurs reportages ont été utiles cette année ! Show, don't tell!
Vous en voulez encore ?
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