| Paris, mardi 23 avril 2019 • Bill Bonner : Et si on essayait le capitalisme... le vrai ? Le socialisme est un échec ; le capitalisme, en revanche, n'a jamais vraiment eu sa chance... alors qu'il pourrait significativement augmenter la richesse des citoyens. • Jim Rickards : La lutte anti-Trump pour la présidentielle de 2020 (3/3) Le sort de la réélection de Trump tient à "pas de récession" ou "récession", la Fed jouant un rôle d'équilibriste avec les taux d'intérêt. • Nicolas Perrin : Cette fois, les fonds euros, c'est (moins que) zéro ! Les rendements nets des contrats d'assurance-vie ont basculé dans le rouge en 2018 du fait de l'inflation et de l'augmentation des prélèvements sociaux. | LES NOTES DE BILL BONNER
| Et si on essayait le capitalisme... le vrai ?
| Nous avons vu ces derniers jours que le socialisme -- sous toutes ses formes -- ne fonctionne pas très bien. On se retrouve rapidement à court de l'argent des autres. Les citoyens ne sont pas toujours prêts à donner leurs sous sans faire d'histoires. Ou à se laisser donner des ordres. Inévitablement, plus les plans sont ambitieux, plus il faut tuer de gens. Réformer le capitalisme ? Aujourd'hui, cependant, nous nous intéressons à ceux qui déclarent qu'il faut "réformer" le capitalisme pour le sauver. Dans cette catégorie, nous regroupons tous ceux qui affirment être pour le libre-échange -- comme la plupart des républicains et des démocrates actuels -- mais qui pensent malgré tout qu'ils peuvent l'aider à mieux fonctionner grâce à des barrières commerciales, des baisses d'impôts bidon, de la fausse monnaie, des taux d'intérêt trafiqués, des réglementations, des contrôles, etc. Le journaliste Edward Luce, par exemple, expliquait dans le Financial Times qu'il faut "sauver le capitalisme américain de lui-même".
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Chaque fois que quelqu'un, dans un journal d'importance, emploie l'expression "il faut que", il est quasi-certain que les mots qui suivent seront des sottises. Cet article ne fait pas exception. "Telle est la question que doivent se poser les élites financières et technologiques des Etats-Unis", continue Luce : 'quel est le prix de la paix sociale ?'" Les jeux ne suffisent pas ; les foules veulent plus de pain. Après les avoir arnaqués de plusieurs milliers de milliards, Luce est d'avis qu'il faudrait au moins leur jeter quelques miettes. Gagnants et perdants La première chose que nous remarquons, c'est que quiconque affirme vouloir "réformer" ou "améliorer" le capitalisme ne sait sans doute pas ce que c'est. Le capitalisme ne permet pas de choisir des gagnants et des perdants. Il n'y a pas moyen de l'améliorer. Il ne se soucie pas qu'il y ait la "paix sociale" ou non. C'est un électron libre... qui erre de-ci de-là, sans but fixé... allant là où il veut, à son propre rythme, de la manière qu'il préfère. Où finira-t-il, personne ne le sait ; mais où qu'il soit... c'est là qu'il doit être. Il faut le laisser seul, sans le déranger ni le maltraiter... sans quoi il ira ailleurs ! C'est précisément ce qui agace les bonnes âmes. AOC et Bernie Sanders s'enthousiasment pour le socialisme parce qu'ils pensent que le capitalisme a échoué. Les réformateurs -- Luce et Ray Dalio -- pensent qu'il a trop bien réussi, laissant les masses avec un retard irrattrapable. Mais la foule de lyncheurs -- autant les socialistes que les apologistes du capitalisme -- s'est emparée de la mauvaise personne. L'économie américaine n'est pas vraiment capitaliste. C'est une forme de sottises pseudo-capitalistes, mûres et dégénérées, contrôlées par l'Etat, manipulées par les compères et embrouillées par l'impérialisme. Un quart de l'économie américaine est directement géré par les autorités. Un autre quart -- dont l'éducation et les soins de santé -- est guidé et approuvé par elles. Le reste est bourré à craquer de règlementations... dont toutes ont pour but d'améliorer ou au moins de modifier génétiquement les fruits du capitalisme simple. Ne savons pas à quoi ressembleraient les Etats-Unis si on laissait le capitalisme faire son oeuvre. Mais ils seraient certainement bien plus riches -- surtout les travailleurs. Le socialisme est toujours un poids pour l'économie. Plus les autorités décident qui gagne et qui perd, plus elles truquent la partie en faveur de leurs amis, compères et élites du Deep State. Nous avons vu des études suggérant que si la liberté économique avait été permise aux Etats-Unis, les revenus moyens y seraient le double de ce qu'ils sont aujourd'hui. Le PDG de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, déclare que l'économie US aurait dû ajouter 4 000 Mds$ de plus à son PIB rien que sur la dernière décennie ; elle aurait dû augmenter de 40%, non 20%, dit-il. "Pourquoi la productivité et la croissance économiques ont-elles été si anémiques ?" demande-t-il. Bonne question. Et voici une autre question qu'Edward Luce aurait dû poser : "comment se fait-il que les riches sont devenus si riches alors que tous les autres perdaient du terrain ?" Voici pourquoi... Allocations et gâchis Chaque année, des milliers de milliards de dollars de production sont gaspillés. Guerres idiotes, programmes insensés, allocations et gâchis -- au moins la moitié du budget fédéral est jetée par la fenêtre. Le budget mensuel entier du gouvernement américain part dans trois éléments de dépense fédérale : la Sécurité sociale, Medicare et les intérêts de la dette nationale. Ensuite, toute la paperasse, les délais, les mauvais investissements, les déclarations d'impôts et les files d'attentes exigées par les autorités doivent facilement coûter au pays quelques milliers de milliards de plus. Et nous n'en sommes pas encore aux grosses pertes causées par le système d'argent factice des autorités. C'est bien entendu là que nous trouvons la véritable source des "inégalités" qui inquiètent tant Obama, Ray Dalio, AOC et tant d'autres. Ce n'est pas le capitalisme qui a fait passer les prix des actions à près de 150% du PIB US tandis que les salaires stagnaient. Normalement, le marché boursier vaut environ 80% du PIB. Cela signifierait aujourd'hui quelque 16 000 Mds$ d'actions. A 150%, les investisseurs -- les riches et les élites -- ont obtenu quasiment 14 000 Mds$ supplémentaires. D'où provenait cet argent ? Pourquoi les entreprises américaines valaient-elles soudain beaucoup plus ? Si l'on regarde les revenus avant impôts, on s'aperçoit que les Etats-Unis ont à peine gagné un centime de plus en 2018 qu'en 2012. Dans un système capitaliste honnête, les actions n'auraient pas eu de raisons de grimper... mais la partie était truquée. Les autorités prêtaient de l'argent factice à des taux factices pour que les entreprises puisent gagner des profits factices et racheter leurs propres actions avec de l'argent gratuit. Résultat ? Un gigantesque transfert de richesse, de la classe moyenne dans l'économie réelle vers les classes supérieures de l'industrie financière, de la politique et des compères. Ces pseudo-capitalistes ont-ils dit merci ? Et comment ! Ils ont donné aux autorités des contributions électorales ; ils leur ont offert des postes dans des think tanks et des sociétés de lobbying ; ils leur ont versé de généreuses indemnités pour des conférences où l'on blablatait sur rien à l'attention de gens qui n'écoutaient même pas. A présent, après avoir cogné, plié et arnaqué le capitalisme pour leurs propres desseins... se sentant peut-être un peu coupables... et s'inquiétant de ce que les masses puissent commencer à s'agiter... ils proposent de s'attaquer à ce qui en reste -- au marteau-piqueur. [NDLR : Comment mettre votre argent à l'abri des pseudo-capitalistes... et profiter des opportunités qu'offrent de vraies entreprises avec de vraies perspectives ? Tout est ici. |
LES NOTES DE JIM RICKARDS
| La lutte anti-Trump pour la présidentielle de 2020 (3/3)
| Pour être honnête vis-à-vis de Trump, bon nombre de ses tweets outrageants ne sont pas des attaques qu'il lance en premier, mais des réponses aux attaques d'autrui. Comme il le dit : "je pratique le contre : je rends les coups". C'est vrai, mais Trump est tout de même critiqué pour ses débordements et son attitude "peu présidentielle". Historiquement, le comportement de Trump est-il si exceptionnellement médiocre par rapport à celui de ses prédécesseurs ? Woodrow Wilson a fait emprisonner des journalistes qui avaient critiqué ses mesures politiques. Wilson a également nationalisé de grands pans de l'économie américaine lors de la Première Guerre mondiale, et dissimulé plus tard ses AVC handicapants tandis que sa deuxième épouse dirigeait secrètement le pays.
Warren Harding était un libertin notoire et a entretenu des relations sexuelles avec d'innombrables assistantes et collaboratrices de campagne, à la Maison Blanche. Franklin D. Roosevelt avait une maîtresse, Lucy Meyer, et leur liaison s'est poursuivie après son élection à la fonction présidentielle. La maladie incurable de Franklin D. Roosevelt a été dissimulée lors de l'élection de 1944 afin que les démocrates conservent le contrôle même s'il mourait au début de son quatrième mandat (ce qui est arrivé). Harry Truman est arrivé au pouvoir sans aucune préparation aux fonctions que cela impliquait et sans être au courant du projet de fabrication de bombe atomique alors presque achevé. Truman était grossier et prompt à la critique, et a notamment menacé violemment un critique musical qui avait "descendu en flèche" le concert donné par sa fille. Eisenhower a entretenu une liaison intime et romantique avec sa secrétaire, Kay Summerby, pendant la Seconde Guerre mondiale. John F. Kennedy consommait des drogues en toute illégalité et s'adonnait à l'adultère en série (il a eu d'innombrables rendez-vous galants dans les appartements et la piscine de la Maison Blanche). Lyndon B. Johnson a également commis des adultères en série et exhibé ponctuellement ses parties génitales devant son personnel et ses collaborateurs. Quant à Bill Clinton, les scandales sexuels qui lui sont associés sont notoires. L'entourage de Barack Obama aurait payé le révérend Jeremiah Wright, considéré comme anti-patriotique, pour qu'il passe sous silence son rôle prolongé de mentor d'Obama. Bien entendu, cette longue liste retraçant les comportements peu honorables d'anciens présidents n'est que la partie visible de l'iceberg. Mon objectif n'est ni de juger ni de condamner ces hommes – j'en laisse le soin à d'autres – mais simplement de poser la question suivante : "qu'est-ce qui cloche tant avec Trump ?" Son vocabulaire n'est pas pire que celui de Johnson ou Truman. Ses frasques sexuelles datent d'avant son arrivée à la Maison Blanche et ne sont pas pires que celles de Kennedy ou Clinton. Mais trois différences considérables, entre Trump et ses prédécesseurs, pourraient expliquer les vitupérations et la haine dont il fait l'objet. La haine viscérale de l'outsider Premièrement, la presse occultait la plupart des indiscrétions des précédents présidents. Cela se pratiquait en échange de faveurs et afin de protéger la dignité de la fonction. Cette politique a été mise en œuvre par les publications et les rédacteurs en chef, même si les journalistes n'y adhéraient pas. Mais ils auraient pu être "virés". Ce pare-feu s'est érodé avec le temps, surtout sous le gouvernement Clinton. Dans tous les cas, cette protection accordée par la presse est désormais révolue. Trump est totalement exposé. Deuxièmement, il y a eu l'avènement des réseaux sociaux et des smartphones. Il y a donc un appareil photo dans tous les sacs à main et un microphone dans chaque poche. La vie privée est une notion qui appartient au passé, et les affaires privées des personnages publics sont pratiquement impossibles à dissimuler. Troisièmement, il y a la chose la plus insidieuse et importante de toutes : Trump est un outsider. La différence entre gauche et droite, entre démocrate et républicain, a perdu tout son sens. Les Bush "républicains" ont fait passer des projets de type social-libéral tels que la loi "Americans with Disabilities Act", l'extension des programmes Medicare et les réformes de l'enseignement étiquetées "No Child Left Behind". Clinton le "démocrate" a fait passer des projets conservateurs tels que la réforme des prestations sociales, l'ALENA et un budget équilibré. Les partis et étiquettes politiques ont perdu leur importance. Ce qui comptait, désormais, c'était l'emprise de la mentalité des initiés de Washington ("inside the Beltway") et une loyauté envers un gouvernement tentaculaire et un Etat administratif permanent. Trump a rejeté ce côté "initiés" et promis "d'assainir le marigot". En procédant ainsi, il est devenu une menace existentielle aussi bien pour la gauche que pour la droite. L'establishment perpétuel, de gauche et de droite, s'est uni avec ses alliés des médias pour détruire Trump. Cette démarche persiste, et cela ne changera pas jusqu'à ce que Trump quitte ses fonctions. Cette haine viscérale de l'establishment vis-à-vis de Trump n'est pas fondée sur les mesures politiques ou la personnalité. Elle est fondée sur le fait que Trump méprise l'élite politique et qu'elle le lui rend bien. Si Trump faisait partie des "initiés" de Washington, on ferait fi de ses gaffes ou bien on les gèrerait avec humour. Mais il n'en fait pas partie. C'est un outsider. Cela veut dire que les "initiés" des deux partis doivent le détruire afin de préserver les privilèges qu'ils ont acquis. Les effets décalés de la politique monétaire menée il y a un an Pour les investisseurs, ce "match à mort" a d'énormes conséquences que nous allons aborder à présent. Les partisans de Trump seront les premiers à vous dire que le marché actions a opéré un rally partant des 18 529 points affichés sur l'Indice Dow Jones Industrial Average la veille de l'élection de Trump et atteignant les 25 848 points au 15 mars 2019. Soit un gain spectaculaire de 40% en 28 mois. Le taux de chômage est proche d'un plus-bas sur 50 ans. Le chômage des Afro-Américains et des Hispaniques enregistre un plus bas historique. La participation à la main-d'œuvre est stable, après avoir chuté sous le mandat d'Obama. Le recours à l'aide alimentaire est en baisse. Les prix de l'immobilier grimpent. L'inflation est maîtrisée. En 2018, la croissance s'est située au-dessus de la tendance enregistrée sur 10 ans, et reste la meilleure année de croissance continue sur toute cette période. Les salaires réels affichent leur meilleure progression sur plus de 10 ans. Si l'économie n'est pas en plein essor, historiquement, elle produit les meilleures performances enregistrées depuis la crise financière mondiale. L'économie américaine semble particulièrement forte, comparée à celles de partenaires commerciaux majeurs tels que le Royaume-Uni, la France, l'Italie, le Japon et l'Allemagne. Même la Chine affiche un ralentissement spectaculaire, alors que les Etats-Unis continuent d'agir comme un moteur fiable animant la croissance mondiale. Ce palmarès économique est repris chaque jour par les partisans de Trump et leurs quelques alliés des médias. Dans la plupart des autres médias, on fait tout simplement fi de ces données tout en poursuivant le "Trump-bashing" autour de la "collusion russe", du mythe du rapport Mueller et des entreprises de Trump. La dualité de ces récits autour de la personne de Trump est devenue routinière. Mais derrière le rideau du discours médiatique, on a quelque raison de se faire du souci pour l'économie américaine. La production manufacturière est en baisse, aussi bien d'un mois sur l'autre que d'une année sur l'autre. L'utilisation des capacités américaines affiche une légère baisse, dernièrement. Certains indices répertoriant les nouvelles commandes et les expéditions sont aussi en baisse, manifestement. Les importations et les déficits commerciaux ont également nettement augmenté. La courbe des rendements des bons du Trésor s'est inversée dans les maturités à deux et cinq ans. Aucun de ces indicateurs ne baisse vers des niveaux extrêmes et aucun autre indicateur n'affiche des résultats positifs. Rien ne signale une récession à court terme ; pourtant, tout devrait inquiéter Trump. Ses partisans affirment perpétuellement que "c'est la meilleure situation économique jamais enregistrée". Or ce n'est pas le cas. Il y a un problème : la politique monétaire agit avec un décalage de 12 à 18 mois. Si l'économie est en train de ralentir en ce moment, ce n'est pas à cause du relèvement des taux de décembre 2018 mais à cause de ceux de décembre 2017 et mars 2018. Les relèvements de taux de fin 2018 n'ont pas encore exercé leur effet. Mais ils le feront bientôt, et l'économie ralentira encore plus. Cette dynamique est clairement visible dans le graphique ci-dessous : | Lorsque la tendance n'est pas votre alliée. Alors que le PIB a enregistré un rebond au deuxième trimestre 2018 dû aux baisses d'impôt de Trump (4,2% de croissance annuelle), il semblerait que la croissance baisse rapidement vers la moyenne de 2,24% de croissance annuelle enregistrée depuis la fin de la récession, en juin 2009. Obama a également réussi à enregistrer plusieurs trimestres de croissance supérieure à 4%, mais ces bons trimestres sont rapidement retournés à un niveau de 2% voire inférieur. Les prévisions actuelles de la Fed d'Atlanta tablent sur 0,4% de croissance annuelle pour le premier trimestre 2019. Ce serait le taux de croissance le plus faible depuis le quatrième trimestre 2015. | Les partisans de Trump ont affirmé que les 4,2% de croissance annuelle du deuxième trimestre 2018 prouvent que les mesures économiques du président font revenir les États-Unis sur la voie d'une croissance supérieure à son niveau tendanciel. A l'époque, mon opinion était la suivante : la croissance du deuxième trimestre était un pic ponctuel provoqué par la baisse d'impôts de fin 2017 (effective au 1er janvier 2018), mais il fallait davantage de données avant de tirer des conclusions. A présent, les données sont là. La croissance a baissé de 4,2% à 3,4% au troisième trimestre avant de chuter encore à 2,6% au quatrième trimestre. Les estimations de la Fed d'Atlanta concernant le premier trimestre 2019 tablent sur une croissance annuelle de 0,4% seulement. Bref, le "Trump Bump" [NDLR : rebond Trump] est terminé, et la croissance américaine retourne à sa tendance post-2009 de 2,24% (bien au-dessous de la tendance à long terme de 3,23%, enregistrée après les années 1980). Aucune de ces tendances (le resserrement monétaire, l'inversion de la courbe des rendements, le ralentissement de la croissance, etc.) n'est un signe garantissant une récession, mais elles sont toutes sources d'inquiétude. La phase d'expansion actuelle (qui dure depuis 117 mois) est à quelques mois de devenir la plus longue phase d'expansion de l'histoire des États-Unis. Toutefois, il s'agit également de l'expansion la plus faible de l'histoire du pays. Cette expansion n'affiche ni l'inflation, ni les pénuries de main-d'œuvre, ni les pénuries de capacité qui, historiquement, ont amené la Fed à relever les taux d'intérêt et à déclencher une récession. La Fed réalise un numéro d'équilibriste entre le relèvement des taux (pour se préparer à la prochaine récession) et des pauses sur la voie de ces relèvements (pour éviter de provoquer la récession dès maintenant). Jusqu'à présent, ces astuces ont fonctionné, mais il s'agit d'un équilibre périlleux qui pourrait facilement basculer vers une récession. De plus, il existe d'autres facteurs (les guerres commerciales, le ralentissement mondial, les paniques financières) qui échappent au contrôle de la Fed, et pourraient également aboutir à une récession. Au cours des 18 prochains mois, la différence entre "pas de récession" et "récession" reposera également sur la différence entre "réélection de Trump" et "élection d'un candidat démocrate" en 2020. [NDLR : Pour comprendre le dessous des cartes concernant les Etats-Unis de Donald Trump et surtout investir profitablement en conséquence, abonnez-vous à la lettre de Jim Rickards : cliquez ici pour en savoir plus.] | INEDIT ! Le tout premier livre d'Eric Lewin est enfin disponible ! Notre spécialiste de la cote française vous livre tous ses conseils pour gagner en Bourse... mais aussi des révélations et secrets exclusifs sur le monde de la finance française. Cliquez vite ici pour réserver votre exemplaire ! |
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LES NOTES DE NICOLAS PERRIN
| Cette fois, les fonds euros, c'est (moins que) zéro !
| Hourra ! On connait enfin le taux de rendement moyen des fonds euros en 2018 ! Ou en tous cas l'estimation qu'en livre chaque année la Fédération française de l'assurance (FFA) lors de sa conférence de presse sur le bilan de l'année écoulée, et sur les perspectives pour l'année en cours au niveau du secteur de l'assurance. Cette année, c'est non pas jusqu'au 15 mars qu'il aura fallu patienter pour prendre connaissance de ces chiffres, mais jusqu'au 26 mars. Il faut dire que les assureurs se sont beaucoup observés les uns les autres avant de donner l'ordre à leurs services de presse respectifs de bouger le petit doigt. L'exercice 2018 semble avoir été tellement traumatisant que l'on a même eu droit à un épisode digne des plus grandes drama queens de soap opera américains, avec certains assureurs qui refusaient toujours de communiquer leurs performances à la presse début mars… |
| A ce rythme-là, préparez-vous à une conférence de presse 2019 pour Pâques, et peut-être pour la Pentecôte en 2020 ! Heureuse nouvelle : on a encore fait moins pire que prévu ! Commençons par récapituler l'épisode précédent. L'année passée, la FFA et une grande partie des médias nous invitaient à nous réjouir du fait que les compagnies d'assurance avaient battu le consensus, en délivrant en moyenne non pas 1,5% (comme attendu) mais 1,8% sur les fonds euros. Il s'en était même fallu de peu pour que le taux de rendement moyen reste constant par rapport au 1,9% affiché en 2016. Cette année, outre le fait que les assureurs ont à nouveau fait mieux que ne le prévoyait le consensus (le cabinet Good Value for Money s'attendait à un résultat en baisse de 0,2, à 1,6%), ils ont réussi à ne pas afficher de baisse par rapport à 2018. C'est ainsi que Bernard Spitz, le président de la Fédération, a pu annoncer une estimation parfaitement stable à 1,8% pour 2018. Comme l'explique cBanque, c'est la politique décidée par les enseignes bancaires qui a permis de sauver les apparences : "En ce début d'année 2019, les annonces des rendements des fonds en euros ont été orientées assez massivement à la baisse, même s'il s'agit dans la majorité des cas de baisses modérées. A quelques exceptions près : les filiales des groupes bancaires, notamment, ont elles été à contre-courant en remontant très légèrement les taux de leurs fonds en euros. Un léger rebond qui s'explique peut-être par les diminutions significatives de rendement des fonds en euros des contrats bancaires lors des années 2014-2016." | | Il est vrai que les banques ont beau s'adresser à une clientèle docile et parfois captive, quand on affiche des taux de rendement parmi les pires du marché, cela finit par se voir et à donner de vilaines idées aux vaches à lait... Il semble que le niveau de ridicule à partir duquel il fallait agir ait été atteint en 2017, avec une décollecte sur les contrats d'assurance-vie "standards" qui a suivi la baisse de rendement de près de 0,5 enregistrée en 2016 sur ces contrats. Ces machines à perdre de l'argent correspondent "en résumé aux contrats détenus par les foyers dont le revenu annuel est situé en dessous de 50 000 euros. Un segment de marché assez nettement dominé par l'assurance-vie commercialisée dans les réseaux bancaires", comme l'explique cBanque. Faut-il pour autant se réjouir de ce 1,8% de performance ? |
| Pas si vite... Pour la première fois, le rendement réel des fonds euros est négatif Sachant que l'INSEE a observé l'année passée une inflation à 1,8% (contre 1% en 2017) et que les prélèvements sociaux sont passés de 15,5% en 2017 à 17,2% en 2018, nous pouvons actualiser notre graphique maison, lequel devrait nous permettre de dresser quelques constats utiles. La courbe rose, qui représente la moyenne des taux rendement des fonds euros tels qu'annoncés par les assureurs, c'est-à-dire nets de frais de gestion mais bruts de prélèvements sociaux, dessine une pente tout à fait stable vers le sud. Pour arriver à la courbe violette, il faut retrancher les prélèvements sociaux (CSG, CRDS et prélèvement de solidarité) lesquels sont, quant à eux, en proie à une fâcheuse tendance à se diriger vers le nord. Il faut ensuite soustraire l'inflation, cet "impôt à la source souverain par excellence", pour reprendre les mots de Simone Wapler. Très variable, elle est représentée en jaune sur le graphique précédent. Pour le moment, comme l'explique Bruno Bertez, "la question de notre époque n'est pas l'inflation. Non, c'est la stabilité financière parce que le système n'utilise plus l'inflation pour repousser ses limites. Il utilise, dans un univers déflationniste, la création de crédit, la monétisation, la création d'effets de richesse bidons au profit des uns et la répression financière au détriment des autres", comme nous le verrons ci-dessous. Mais quand les rendements des fonds euros sont au raz des pâquerettes, une inflation à 1,8% suffit à les ravager. C'est ainsi que, partant d'un taux de rendement brut moyen des fonds euros pour 2018 à 1,8%, on arrive à un taux de rendement moyen net de prélèvements sociaux et d'inflation à -0,31%. |
| En réalité, en 2018, les assureurs ont donc servi un rendement réel négatif sur les fonds euros, ce qui est une première. "Du jamais-vu depuis 30 ans", commente Le Monde. |
| En réalité, j'ai plutôt l'impression que l'auteur de ce graphique a eu un coup de barre en le réalisant et que s'il était remonté plus loin, il aurait découvert que c'est du "jamais-vu" depuis bien plus longtemps que cela. A quoi s'attendre dans les années à venir ? Au mois de février, Good Value for Money estimait que "la tendance baissière des rendements des fonds en euros devrait se poursuivre et atteindre vraisemblablement 1,20% ou 1,30% en 2019 ou 2020", comme le rapportait Boursorama. [NDLR : Subir n'est pas une fatalité. Découvrez dans notre Bible des Revenus des stratégies capables de vous construire une véritable rente. Cliquez ici pour découvrir ce recueil exclusif.] Bien hardi celui qui s'aventurera à prétendre le contraire, d'autant plus que dans un décret du 28 décembre 2018, le gouvernement a prolongé "pour encore trois ans la disposition permettant aux assureurs de transférer la richesse des anciens fonds en euros pour gonfler artificiellement l'attractivité des fonds euro-croissance", comme l'explique le groupe Eres. |
| Qu'est-ce que le gouvernement ne ferait pas pour pousser un produit que le public rechigne à adopter, on se le demande... Demain, nous verrons si la performance des unités de compte suffisait à faire briller la mariée, comme l'année passée. | Vous recevez ce mail car vous êtes inscrit à La Chronique Agora, publié par Publications Agora France SARL. © Tous droits réservés 2019. | Ajoutez la-chronique@publications-agora.fr à votre carnet d'adresses La reproduction partielle ou totale de la présente Chronique Agora est strictement interdite sans accord écrit de la société éditrice. Les informations contenues dans La Chronique Agora sont uniquement données à titre informatif. Le lecteur reconnaît et accepte que toute utilisation de nos publications et des informations les constituant, de même que toute décision relative à une éventuelle opération d'achat ou de vente de valeurs mobilières qu'il prendrait suite à ce message, sont sous sa responsabilité exclusive. Les informations données et les opinions formulées sont, par nature, génériques. Ils ne tiennent pas compte de votre situation personnelle et ne constituent en aucune façon des recommandations personnalisées en vue de la réalisation de transactions. De ce fait, la responsabilité de La Chronique Agora et de ses rédacteurs ne pourra en aucun cas être engagée en cas d'investissement inopportun. Nous conseillons à nos lecteurs de consulter, avant d'investir, un courtier ou conseiller financier indépendant agréé. Les informations vous concernant font l'objet d'un traitement informatique destiné à l'envoi de cette newsletter gratuite. Vos données sont conservées en conformité avec les directives de la CNIL. Comme La Chronique Agora est financée grâce à nos publicités, vous avez reconnu avoir accepté recevoir des messages publicitaires pour nos meilleures idées d'investissement. Conformément à la loi "informatique et libertés" du 6 janvier 1978 modifiée et au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016, vous bénéficiez d'un droit d'accès, de rectification, de portabilité et d'effacement de vos données ou encore de limitation de traitement, en écrivant aux Publications Agora – 8 rue de la Michodière – 75002 Paris – service-clients@publications-agora.fr. Politique de confidentialité. Retrouvez-nous nos publications et nos services sur : http://www.publications-agora.fr http://la-chronique-agora.com Vous souhaitez recevoir La Chronique Agora quotidiennement ? Inscrivez-vous gratuitement Une question, une remarque ? Il suffit de nous écrire à la-redaction@publications-agora.fr. Vous souhaitez vous désabonner de La Chronique Agora ? cliquez ici PUBLICATIONS AGORA FRANCE est une société à responsabilité limitée de presse au capital de 42 944,88 euros, inscrite au Registre du Commerce et des Sociétés de Paris sous le numéro 399 671 809, dont le siège social est 8 rue de la Michodière, CS 50299, 75081 Paris Cedex 02. Numéro de TVA intracommunautaire FR 88399671809. |
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