| Autour des éditions du Pavillon de l'Arsenal
Natures urbaines "Dis-moi quelle ville tu t'apprêtes à bâtir, je te dirai à quel monde tu aspires." À l’occasion du lancement de l'exposition Natures urbaines et la sortie du livre qui lui est consacré, le Pavillon de l'Arsenal donne la parole au journaliste et critique littéraire Léonard Desbrières pour mettre ce thème en perspective, entre littérature, science-fiction et cinéma. |
| Francis Ford Coppola devant les dessins préparatoires du film Megalopolis. D.R. "Dans quelques jours s’ouvrira la nouvelle édition du Festival de Cannes avec comme chaque année une programmation éblouissante, réunissant les plus grandes figures du septième art. Mais un nom est sur toutes les lèvres, celui d’une légende, Francis Ford Coppola. Après une traversée du désert de près de quinze ans, le réalisateur de la trilogie Le Parrain et d’Apocalypse Now a enfin pu mener à son terme le projet d’une vie, un long-métrage qui n’a cessé de l’obséder, Megalopolis. Il y a un symbole fort à voir ce film occuper le haut de l’affiche et faire l’objet de toutes les convoitises. En racontant dans un New-York futuriste, en partie ravagé par une catastrophe, le duel acharné que se livrent un maire conservateur et un architecte utopique sur la manière dont il faut reconstruire l’une des villes les plus emblématiques du monde, Francis Ford Coppola se fait le porte-voix d’une préoccupation centrale dans le développement de nos sociétés contemporaine, une interrogation partagée aussi bien par les urbanistes, les architectes, les paysagistes que par les artistes ou les intellectuels issus de tous les horizons. Comment construire la ville de demain ? Comment articuler nature et urbain ? |
| Antoine Picon, Natures Urbaines. Une histoire technique et sociale 1600-2030, Paris, éditions du Pavillon de l’Arsenal, 2024 C’est tout l’objet de l’exposition imaginée au Pavillon de l’Arsenal par Antoine Picon, Directeur de recherches à l’École des Ponts ParisTech et Professeur à la Graduate School of Design de l’Université Harvard. Également racontée dans un livre fourmillant d’images, de références et de concepts, Natures urbaines propose depuis le 24 avril et jusqu’au 29 septembre prochain une réflexion historique, technique et écologique autour de l’aménagement urbain en plaçant la nature et le vert au centre du jeu. Plutôt qu’une opposition de fait entre le fantasme de la Smart City, cette idée d’une ville du futur, ultra-connectée, faisant appel au maximum d’innovations pour se développer et celui de la Green City, une ville où la nature serait reine et reprendrait ses droits, l’historien de l’architecture, spécialisé dans les technologies urbaines, tire le fil d’une voie médiane réconciliant les deux. Il prône une technique mise au service de la nature qui faciliterait son intégration en ville. |
| Jean-Jacques Rousseau, La Nouvelle Héloïse (1761), gravure de Clément-Pierre Marillier, 1788 De la fin de la Renaissance italienne à nos jours, Antoine Picon retrace l’histoire des grandes cités occidentales et surtout de Paris, en se focalisant sur l’évolution de la place accordée à la nature dans l’aménagement urbain. Le caractère minéral des villes et le jardin comme domaines réservés des plus riches au XVIème et XVIIème siècle puis l’avènement des jardins publics sous l’impulsion des Lumières, qui prônent une ville plus hygiénique et vertueuse, ouvrant les bras à la nature. Une philosophie symbolisée par le jardin secret rêvé de Julie, héroïne de La Nouvelle Héloïse, roman phare de Jean-Jacques Rousseau. Le rôle fondamental de Napoléon III, secondé par Haussmann et Adolphe Alphand, le père des espaces verts de Paris, dans la conception d’une ville-monde industrialisée, en pleine croissance, mais qui n’a de cesse de se végétaliser avec l’aménagement de grands parcs urbains et de longues avenues arborées. On remonte le temps pour mieux interroger le présent et se tourner vers l’avenir. |
| Blade Runner (1982) - Rick Deckard's Intro Car en ces temps troublés, c’est le futur qui inquiète. La Science-Fiction littéraire et cinématographique regorge d’œuvres qui imaginent le pire pour la ville de demain. Des cités déshumanisées comme chez Philip K. Dick dans Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (1968), porté à l’écran par Ridley Scott dans Blade Runner ; des cités totalement dépendantes de la technologie, en proie à la panique au moindre dysfonctionnement, comme le Paris de 2052, imaginé par René Barjavel dans Ravage (1943) ; des cités verticales, scindées entre les pauvres des bas-fonds et les riches des hauteurs comme Coruscant dans Star Wars ; des cités qui se privatisent et dont les rares poumons sont réservés aux élites comme dans Les Furtifs d’Alain Damasio : tous ces cauchemars urbains ont pour point commun l’effacement voire la disparition totale de la nature. |
| Rachel Carson, Printemps Silencieux, Boston, Houghton Mifflin Company, 1962 Avec l’exposition et le livre Natures urbaines, Le Pavillon de l’Arsenal entend contribuer à trouver un remède à la dystopie et à réconcilier l’urbanisme et la protection du vivant. La technique est-elle la source de tous nos maux ? Comment l’Homme peut-il vivre en harmonie avec la nature ? Comment la juguler pour l’intégrer à la ville sans la contraindre ou pire la détruire ? Des questions indissociables du développement de l’humanité, qui trouvent un écho retentissant depuis le début des années 60 et des ouvrages fondateurs de la pensée écologique et urbaine contemporaine comme Printemps Silencieux (1962) de Rachel Carson ou Déclin et Survie des grandes villes américaines de Jane Jacobs (1961). En croisant la parole des experts et des militants d’hier et d’aujourd’hui, en confrontant les données scientifiques et les données sensibles, entre rationalité et utopie, on plonge au plus près des projets menés en ce moment même pour façonner une nouvelle pensée verte de la ville. |
| Mur végétal, Patrick Blanc, 2004. Musée du Quai Branly Jacques Chirac, Jean Nouvel, architecte, 1999-2006. Photographie 2017 © Patrick Blanc Il y a les tenants du métabolisme urbain qui conçoivent la ville comme un corps qui respire, ingère et recrache, les adeptes de l’urbanisme paysager qui veulent abolir la frontière entre ville et campagne, les apôtres de la « trame verte » mêlant planification et improvisation, il y a ceux qui sensibilisent avec des actions coups de poings comme le botaniste Patrick Blanc et ses murs végétalisés et ceux qui veulent réformer en profondeur comme les créateurs de fermes urbaines et de jardins partagés. Tout un écosystème nouveau est à l’œuvre et Antoine Picon s’en fait le témoin enthousiaste. Car si on constate un tel bouillonnement d’idées, c’est parce que la société a enfin compris que la ville de demain n’est pas qu’un sujet d’urbanistes mais bien une réflexion plus profonde sur la vie elle-même. La santé, le vivre-ensemble, la réduction des inégalités sociales et économiques, l’alimentation et la gestion des déchets, l’esthétique et l’éducation du regard, la tradition dans la modernité : Dis-moi quelle ville tu t’apprêtes à bâtir, je te dirai à quel monde tu aspires." |
| Léonard Desbrières Journaliste et critique pour Le Parisien, LiRE, Konbini et Technikart, passé par La Grande Librairie, Léonard Desbrières se passionne pour les littératures de l'Imaginaire et s'intéresse à l'émergence des nouvelles voix romanesques qui incarneront la littérature de demain. |
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