Pendant longtemps, le paquebot Nestlé voguait sans crainte sur les marchés. Les investisseurs embarquaient, sûrs de s’amuser pendant la croisière. Ils ont à présent le mal de mer. Le géant de l’alimentation est en perte de vitesse. Symbole du problème, l’action Nestlé a perdu un quart de sa valeur en trois ans. Le président Paul Bulcke a pris des mesures et débarqué le capitaine Mark Schneider, remplacé par Laurent Freixe depuis le 1er septembre. Jeudi ce vétéran du groupe a convaincu les détenteurs de titres de son talent de navigateur. Il promet de mettre le cap vers des eaux prometteuses, dans lesquelles le groupe veveysan redressera la barre de la rentabilité. Tout le monde a remarqué que le cours de Bourse a plongé de 2% à l’ouverture des marchés, en raison de résultats trimestriels décevants, avant de rebondir pendant la conférence téléphonique du nouveau CEO. Dans une fine analyse, ma collègue Sophie Marenne a relevé une rupture avec son prédécesseur, qui «ne jurait que par un positionnement toujours plus premium du portefeuille» de produits. Laurent Freixe a, lui, souligné l’importance de proposer des aliments vendus à un prix «abordable». Autre élément marquant, la refonte de l’équipage à la tête de Nestlé. Laurent Freixe, 62 ans, reprend la main sur une série d’activités stratégiques et renouvelle une partie des hauts cadres. Un investisseur avisé me faisait remarquer que le communiqué de presse qui dresse la liste des nouvelles têtes en fait subtilement sortir deux du lot: Philipp Navratil (à la tête de Nespresso et désormais membre de la direction générale) et d’Anna Lenz qui dirigera les ressources humaines. Leurs qualités de leadership ont été particulièrement saluées. Des profils à suivre, donc. A propos de mal de mer, demandez à un banquier suisse ce qu’il pense de Bâle III. Les autorités suisses ont décidé que cette nouvelle réglementation entrera en vigueur dès le 1er janvier 2025. Qu’importe si l’Union européenne, la Grande Bretagne ou les Etats-Unis, les principaux concurrents de la Suisse, se sont donné une année de plus avant de s’y conformer, comme l’explique Pascal Schmuck dans un grand dossier. Vous avez été nombreux à réagir à mon éditorial sur le sujet. Comment peut-on ainsi se tirer une balle dans le pied? La réponse est à chercher du côté de la Finma. Depuis la chute de Credit Suisse, à laquelle il a pourtant contribué, le gendarme des banques tente d’obtenir plus de pouvoir. Cette semaine en a apporté une nouvelle preuve éclatante, lorsqu’il a ordonné à UBS de voir son plan d’urgence en cas de difficulté majeure. Parce que l’actuel ne tient pas compte de la nouvelle dimension acquise par l’établissement aux trois clés depuis qu’elle a absorbé celui aux deux voiles… Qu’importe si UBS avait déjà commencé ce travail, comme elle l’a fait savoir dans une réplique à la Finma. Quelques mots sur le secteur horloger pour conclure. Ses exportations ont à nouveau reculé en septembre, et la tendance ne devrait pas s’inverser de sitôt, avertit le spécialiste Thierry Huron. Les Chinois achètent toujours moins de garde-temps en raison de leurs propres difficultés économiques. Cependant, après la banque centrale (PBOC) il y a dix jours, Pékin a annoncé jeudi une injection de liquidités afin de soutenir le secteur immobilier, un des principaux maux actuels de la conjoncture. Le montant, 500 milliards d’euros, est inédit depuis la crise financière de 2008. De quoi redonner un peu d’espoir aux manufactures à la peine. |