Selon le physicien philosophe Etienne Klein, « parler du temps n’équivaut jamais à le dire, encore moins à le saisir : tenter de s’accorder à son propos revient à vouloir sculpter l’océan »... La formule est choc mais de fait philosophes, physiciens et neuroscientifiques ne parviennent pas à le définir de façon univoque.
D’abord parce que chacun, dans leur domaine, ont bien du mal à le cerner. Certes, du côté des physiciens, l’incroyable succès de la théorie à décrire le monde a longtemps semblé entériner la conception newtonienne d’un temps universel qui s’écoule de façon immuable et indépendante des acteurs. Mais cette vision pose problème : à petite échelle, les lois de la physique sont réversibles, et pourtant, les phénomènes se déroulent manifestement de l’avant vers l’après. Comment alors émerge cette « flèche du temps » ? Un temps qui, par surcroît, n’est plus universel depuis que la théorie de la relativité d’Einstein a révélé qu’il s’écoule à un rythme différent pour chaque observateur. C’en est au point que certains physiciens proposent aujourd’hui de réécrire la physique… en se passant du temps !
Du côté des neuroscientifiques, la difficulté a toujours été d’étudier un phénomène par nature mouvant et subjectif. Car le temps de l’esprit est lié à notre façon de vivre le passage du temps et de l’organiser. Mais dépend-il d’une structure cérébrale dédiée, ou de l’attention que nous accordons aux événements et aux émotions qu’ils suscitent en nous ? Car les émotions modifient la façon dont on perçoit un évènement, mais aussi sa durée. Ainsi la colère ou la peur accélèrent notre horloge interne ; on a alors l’impression que le temps ralentit. Un remède au sentiment de plus en plus prégnant que le temps s’accélère ? Éléments de réponses dans ce Thema.