Durant le mois d'octobre en Colombie,
des milliers d'indigènes et agriculteurs du sud du pays
ont marché 500 kilomètres à destination de Bogotá, la capitale, pour
revendiquer leurs droits dans les domaines essentiels de l’agriculture et de leurs systèmes d’organisation. Ils ont voulu rendre visibles leurs combats : dénonciation des massacres, assassinats de leaders sociaux... Selon les chiffres d'
Indepaz, 167 leaders indigènes ont été assassinés depuis la présidence de Iván Duque, dont 94 dans le département du Cauca et 47 lors de la pandémie COVID-19. Ils ont marché pour dénoncer les menaces d'extermination physique et culturelle qui pèsent sur 68 des 115 peuples autochtones du pays.
Ce long pèlerinage est un cri en faveur de la défense de leur territoire, de la démocratie, de la paix et de la vie. Dans les communautés indigènes, ces rassemblements portent un nom, la
"Minga". Minga est un terme qui désigne une
action collective en langue
Quechua, et fait référence à un but commun dans lequel chacun apporte ce qu'il peut. Depuis de nombreuses années, ils demandent un dialogue avec le gouvernement. Si ils sont retournés en paix sur leurs terres, encore une fois, sans avoir été entendus, ils portaient la joie au cœur, celle d’avoir bénéficié de la
solidarité de tout un peuple. Ils ont qualifié leur mobilisation d'
acte politique, car il n'y avait ni revendication économique, ni revendication matérielle.
Depuis la colonisation espagnole, de grands leaders se sont battus pour défendre leurs terres, leur culture et la paix. Plusieurs siècles après leurs sacrifices, n'oublions pas Cuauhtemoc au Mexique, Lautaro au Chili ou Tupac Amarú au Pérou.
N'oublions pas, non plus, Gentil Cruz, notre collaborateur enlevé et assassiné en 2005. L'histoire les a honorés. La Minga colombienne veut rendre publique sa lutte et sa résistance. Ces aspirations ont été exprimées sans violence et avec respect.