Faux comptes, vraie purge et influenceIls sont des centaines de milliers de comptes à suivre des anonymes, des stars et souvent même à le faire entre eux. Ils arborent le visage et le nom de la voisine, de l'ami(e) perdu(e) de vue, d'une personne croisée dans la rue... mais aucun n'existe vraiment.
Dans une longue enquête, le
New York Times a révélé ce que chacun savait déjà mais dont beaucoup ignoraient l'ampleur réelle : les faux comptes gérés par des bots ont envahi Twitter, portés par des entreprises qui en ont fait leur fond de commerce. Le quotidien américain mentionne ainsi une personne ayant passé une commande de 250 000 followers auprès de Devumi, l'entreprise dont le journal révèle les agissements.
Publiquement,
le réseau social s'indigne et opère une vaste purge :
des influenceurs perdent pour certains des milliers de followers. En réalité, l'oiseau bleu était au courant du problème de longue date - déjà lors de la présidentielle américaine,
des milliers de faux comptes russes avaient partagé abondamment de fausses informations, atteignant 1,4 million d'utilisateurs.
La cause du problème ? Une quête perpétuelle de chiffres,
symbole de réussite à l'heure où "tout est vente", souligne Ian Bogost pour
The Atlantic. Selon lui, les gens mesurent désormais leurs résultats à travers le prisme du marché de l'attention. Qu'importe le contenu pour peu qu'il fasse du bruit, pourrait-on résumer.
Quant aux marques, elles sont à la recherche d'influenceurs au nombre de followers toujours plus conséquent. Ces derniers sont pourtant
"souvent engagés dans des pratiques de zone grise" (comme les partages croisés systématiques), expliquait récemment
Digiday dans une analyse consacrée à Instagram.
Le marché des influenceurs sur ce réseau a d'ailleurs représenté un milliard de dollars en 2017.
À l'heure où l'on définit l'influence à travers des métriques, les influenceurs vivent leur quart d'heure de gloire et Facebook
vient de leur donner plus de pouvoir en favorisant le contenu des vraies personnes avec son dernier algorithme. Après les fake news, les fake people ?