On est libre quand on dort, et Laurent Berger a choisi le sommeil. Au Monde, l’ancien leader de la CFDT affirme que le choix de la dissolution est "grave", que "le RN peut nous faire glisser vers une société totalitaire" mais, dans le même temps, qu’il est "en recul de la vie publique", et qu’il n’a "ni vocation ni la volonté de [la] réinvestir". Exiger des devoirs de la part d’autres, c’est le meilleur moyen de s’affranchir des siens, comme l’écrivait Flaubert. Car il est confortable de ne rien choisir.

Rien n’obligeait François Hollande, eût-il d’autres ambitions cachées, à quitter ses jolis bureaux de la rue de Rivoli pour faire campagne en Corrèze, et à s’installer, s’il est élu, sur les strapontins rouges d’une Assemblée nationale promise à l’instabilité politique ambiant, y compris sur les bancs d’un Nouveau Front populaire qui survivra difficilement au 7 juillet – qu’il soit majoritaire ou non.

Trop considèrent encore que ces législatives inopinées ne procèdent que d’un tour, que d’un duel entre deux extrêmes, le RN et LFI. Qui est le pire ? Où est le chaos ? Il ne s’agit pas de choisir le moindre mal, simplement de choisir. "J’aurais aimé qu’on ait le choix entre cinq options", a regretté l’essayiste Caroline Fourest. Il y en a quatre, en réalité. Le RN, Renaissance, ces Républicains qui ne sont pas tombés dans les bras de Ciotti et de l’extrême droite, et le Nouveau Front populaire dont LFI n’est qu’une composante. Il ne s’agit pas plus de "liker", mais de déposer un bulletin, aussi imparfait soit-il. Le vote de pureté, sans compromis avec soi-même, n’existe pas. Un devoir est désagréable par nature.