Une montre estampillée «Swiss made» portant le nom de Donald Trump... Le président élu n’est pas à un paradoxe près. N’est-ce pas notamment en adoptant un discours fortement nationaliste («America first») qu’il retrouvera la Maison-Blanche en janvier? L’existence de ce garde-temps en or doté d’un tourbillon et vendu 100.000 dollars, comme l’ont révélé nos confrères du Temps, ne manque donc pas de piquant. Et le 47e président des Etats-Unis n’est pas en reste. Il existe un autre modèle «Swiss made», baptisé Chronograph (et produit à 47 exemplaires pour seulement 3000 dollars), comme le raconte mon collègue Jérôme Ducret. Après tout, si le républicain trouve des clients disposée à les acheter, tant mieux pour lui. Cela révèle cependant un grand écart entre son discours et la réalité de ses actes. Ce ne peut être que rassurant, car un certain pragmatisme pourrait finir par prévaloir. L’amour affiché par Donald Trump pour les mots «droits de douane» lui permet de se construire une position de négociation forte face aux partenaires d’affaires des Etats-Unis, qui restent la plus grande économie de la planète, tout en étant fortement dépendants du reste du monde à en croire leur déficit commercial abyssal. Nous verrons ainsi quelle politique le futur président mettra réellement en œuvre. Citons encore un élément de nature à rassurer la Chine: Donald Trump vend également quantité de montres «Made in China» à son effigie . En Suisse aussi, il est question de négociation commerciale. Cette semaine, Payot a remporté une victoire importante contre les éditeurs français. La Commission de la concurrence (Comco) a reconnu que Madrigall (Casterman, Flammarion, Gallimard) abusait de son pouvoir de marché en imposant au groupe romand de librairies des prix bien plus élevés que ceux en vigueur en France, et ce de manière injustifiée. La maison parisienne, qui n’a pas encore réagi et dispose de 30 jours pour faire recours, devra donc revoir ses conditions à la baisse, sous peine d’une sanction financière pouvant aller jusqu’à 10% de son chiffre d’affaires. Espérons que la décision de la Comco puisse rapidement être appliquée, car les lecteurs suisses en ont plus qu’assez d’être considérés comme des vaches à lait par les groupes étrangers. Il appartiendra donc aussi à Payot de faire profiter ses clients de la baisse de prix attendue. Les autres libraires sont également appelés à faire valoir ce verdict. La concurrence ne s’use que si l’on ne s’en sert pas! A propos de concurrence, quelques mots sur le secteur bancaire. Les chiffres dévoilés ces derniers jours par EFG, Julius Baer et Vontobel sont riches d’enseignements, comme l’analyse notre correspondant à Zurich, Pascal Schmuck. La baisse des taux d’intérêt a signé la fin de l’argent gagné facilement. Par ailleurs, le flux de capitaux qui venait sans effort de Credit Suisse s’est tari. Résultat, l’acquisition de chaque nouveau client est redevenue plus onéreuse. La rentabilité de ces acteurs de la banque privée est donc à nouveau sous pression. Les plus compétitifs s’en sortiront le mieux. Chez Nestlé non plus, l’argent ne se gagne plus facilement. Mardi, Laurent Freixe, le nouveau directeur général en poste depuis septembre, a dévoilé son plan stratégique afin de relancer un paquebot en perte de vitesse depuis plusieurs années. Ma collègue Sophie Marenne résume la feuille de route de la multinationale veveysanne en deux formules: moins d’audace et plus de publicité. Le géant mondial de l’alimentation a en effet réduit son budget de recherche et développement et mise désormais davantage sur les produits simples, et surtout bon marché. Une façon aussi de s’adapter à la baisse du pouvoir d’achat de ses clients, en particulier en Europe. Pour l’instant, les investisseurs ne se montrent guère enthousiastes. A la Bourse, l’action Nestlé, en recul de 20% cette année, a touché cette semaine son plus bas niveau depuis 2018. |