Samedi 2 novembre 2024

En toute liberté

Chaque samedi, l'actualité vue par le rédacteur en chef

Frédéric Lelièvre
CEO et rédacteur en chef de L’Agefi

Des petites banques qui montent

La taille n’est pas le seul facteur de succès dans le secteur bancaire

C’est la belle histoire de la semaine, celle de la transformation de la banque Piguet Galland. La banque valdo-genevoise vient de dépasser les 8 milliards de francs d’actifs sous gestion. Un seuil symbolique et, certes, faible en comparaison avec la plupart des autres acteurs de la place, mais qui atteste d’une transformation réussie, racontée par son directeur Olivier Calloud. Lorsqu’il prend la tête de l’établissement en 2011, 70% des affaires viennent de clients transfrontaliers et pour beaucoup non déclarés. Or la fin du secret bancaire a condamné ce modèle. 

Treize ans plus tard, «nous avons une part de 80% onshore et seulement 20% offshore, des clients internationaux régularisés qui sont restés avec nous», indique l’expert-comptable de formation. Sa banque illustre la transformation réalisée par l’ensemble des autres acteurs bancaires ces quinzaines dernières années. Cette réussite confirme en outre qu’une stratégie ciblée permet de résister face aux poids lourds et aux coûts réglementaires croissants. Pensez à ces autres exemples que forment la banque Thaler ou One Swiss Bank

Cette transformation paie, à condition d’avoir du temps devant soi. Car treize ans pour atteindre les 8 milliards, un objectif évoqué en 2010 au moment de la fusion entre les banques Franck Galland et Piguet, c’est long. Actionnaire presque unique de l’établissement, la Banque cantonale vaudoise (BCV) a en tout cas eu la patience de recentrer sa filiale. Aujourd’hui, cela lui permet de diversifier ses activités grâce à une marque distincte positionnée en Suisse romande sur le marché de la gestion de fortune. Les actionnaires de la BCV, dont l’Etat de Vaud, qui possède les deux-tiers du capital-actions, s’en félicitent sûrement. En 2023, le bénéfice net de Piguet Galland a été multiplié par presque deux, à près de 14 millions de francs

 

Continuons avec une autre banque qui se transforme, mais changeons de dimension. UBS continue de surprendre... en bien. Au troisième trimestre, son bénéfice net a atteint 1,4 milliard de dollars (contre une perte de quelque 800 millions il y a un an en raison des coûts liés à la reprise de Credit Suisse). En trois mois, la division de gestion de fortune du géant bancaire a récolté 25 milliards d’argent frais. Si tous les indicateurs sont au vert cette année, certains pourraient passer à l’orange voire au rouge en 2025, explique dans une fine analyse Pascal Schmuck. Mon collègue a identifié quatre défis, dont certains échappent au contrôle de l’établissement dirigé par Sergio Ermotti. 

 

Encore quelques mots au sujet de la place financière, à propos d’une banque spéciale, que d’aucuns considèrent parfois comme une tirelire bonne à financer tout et n’importe quoi (dernier exemple en date: racheter la pharma Sandoz, #Partisocialiste). La Banque nationale Suisse (BNS) - c’est d’elle dont je parle évidemment - s’achemine cette année vers un bénéfice record. Rappelons toutefois qu’il s’agit plutôt d’un excédent qui résulte des avoirs accumulés dans le cadre de la politique monétaire. Quoi qu’il en soit, la BNS pourrait bien être en mesure de reprendre le versement de dividendes aux collectivités publiques. En 2023, la Confédération et les cantons avaient été privés de cette manne en raison notamment d’une perte de 3,2 milliards. Cette possible distribution n’est pourtant pas forcément une bonne nouvelle

 

Pour changer, quelques mots sur le secteur fascinant du luxe. Cette semaine, la société genevoise DLG a annoncé renforcer ses activités de conseil en marketing digital dans ce domaine en Chine. Cette expertise est toujours plus demandée par les grandes marques qui approchent leurs clients aussi en ligne. Et si le consommateur chinois dépense moins, le segment du luxe de seconde main semble promis à un bel avenir. 

 

Et pour rester dans le haut de gamme, je vous signale la sortie du numéro 2 de notre magazine Agefi Finance. Un invité de choix en fait la couverture, Lionel Aeschlimann. Hasard du calendrier, la banque Mirabaud a annoncé cette semaine qu’il en deviendra l’associé-gérant senior en janvier, en remplacement d’Yves Mirabaud. 

 

Enfin, un mot sur la semaine prochaine… ce sera Kamal Harris ou Donald Trump ? J’en parle tout en bas. 

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Et la semaine prochaine ?

Mercredi matin, et les jours suivants, nous suivrons de près le résultat de l’élection présidentielle américaine. Il est en effet très probable, nous disent les spécialistes des Etats-Unis, que la victoire de Kamala Harris ou celle de Donald Trump ne soit pas prononcée rapidement tant le scrutin s’annonce serré. Il sera intéressant de suivre la réaction des marchés financiers, du cours des actions à celui du dollar. Des mouvements aux conséquences potentiellement planétaires. 

Les présidents républicains sont ceux qui, dans l’histoire récente, ont davantage profité à la Suisse, ou à tout le moins évité de lui nuire directement. La fin du secret bancaire et l’introduction de l’impôt minimal sur les multinationales, qui prive les autorités helvétiques d’un atout important, n’auraient pas été possibles sans la pression de Barack Obama et Joe Biden, deux élus démocrates. Le programme économique de Kamala Harris n’inspire guère confiance, mais celui de Donald Trump est potentiellement plus dangereux. Le candidat à un deuxième mandat est-il d’ailleurs vraiment un républicain, digne représentant d’un parti historiquement attaché au libre-échange et à l’Etat de droit?