En voyant l’hystérie gourmande que suscite le procès Johnny Depp-Amber Heard je m’interroge. Pourquoi tant de passion ? Si vous étiez dans la navette d’Elon Musk depuis le 11 avril, je vous explique : l’acteur poursuit son ex-femme pour diffamation et lui réclame 50 millions $. Depuis bientôt un mois, des millions de gens, dans le monde entier se branchent chaque jour sur la chaine Youtube (gratuite) Fairfax Law & Crime, pour suivre les rebondissements de ce qui restera sans doute comme la pire téléréalité de l’histoire d’Hollywood. Pire, et meilleure aussi, tant ce qui se passe au tribunal de Fairfax en ce moment est inouï.
En général quand il y a des embrouilles entre les peoples, on se dit qu’on ne sait pas tout, qu’on nous cache sans doute des éléments de compréhension importants. Là, c’est la première fois qu’on nous en dit trop. Oubliés, les petits scandales du genre Kate Moss et sa ligne de coke dans un studio d’enregistrement. Balayés, les cheveux rasés de Britney Spears en direct. Chaque rebondissement de ce procès apporte sa pierre à l’édifice du pire. Un jour, Johnny accuse son ex-femme d’avoir déféqué sur son oreiller (comparaison avec les crottes du chien de la famille à l’appui). Un autre, d’avoir ruiné une chambre d’hôtel en faisant des graffitis avec son sang sur les murs. Le lendemain, Amber (qui s’habille chaque jour comme Johnny Depp l’était la veille, tien tiens ?) assure que son mari aimait se balader, zizi à l’air, afin de faire pipi dans le salon. Tant de sécrétions, tant de folie dans cette histoire, et pourtant, l’intérêt ne fait que croitre. Désormais et jusqu’à la fin mai, c’est l’actrice qui présentera sa version des faits. Et elle va avoir du boulot pour convaincre que c’est elle, la victime de violences conjugales, car pour le moment, si on en croit les réseaux sociaux, 80% de l’opinion publique a envie de lui faire popo sur la tête (sur Tik Tok le #justiceforJohnny a déjà été posté... 7 milliards de fois !!).
La question, c’est : pourquoi nous infligeons nous ça ? Pourquoi, alors qu’on s’était dit « j’arrête de me jeter sur toutes les notifications aguicheuses qui passent » se retrouve-t-on, comme votre servante, à cliquer fébrilement dès que notre téléphone affiche « Amber Heard accusée de pleurer sans larmes ? ». Et la réponse, sans doute, se situe entre fascination du mal et défouloir collectif. Comme on se sent normal, quand ce qu’on à reprocher de pire à notre Eric, c’est d’oublier de rabaisser la cuvette des toilettes depuis 14 ans. Comme on est content, quand on se dit qu’à aucun moment, notre lifestyle pourrait nous conduire à massacrer une suite de palace à coups de tessons de magnum de Dom Pérignon. Ce procès Depp-Heard, c’est sans doute l’illustration parfaite du fait que le feel bad des uns fait le feel good des autres.
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