Ce vendredi, de New York à Berlin en passant par Paris, les jeunes sont dans la rue pour une nouvelle "marche pour le climat". Du fait des prolongations nocturnes nécessaires aux partenaires de la coalition au pouvoir afin de se mettre d'accord, c'est en cette journée symbolique qu'Angela Merkel a enfin pu présenter son plan d'action contre le réchauffement climatique. La chancelière allemande est sous pression car les Verts outre-Rhin ont partout le vent en poupe, et aussi du fait de ses excédents budgétaires qui ne plaident pas pour rester l'arme au pieds, au moment où l'activité patine. Pour autant, le plan annoncé ce vendredi ne brille pas par son audace. La somme mise sur la table pour mener le combat sur le front écologique jusqu'en 2023 est certes conséquente, 54 milliards d'euros, mais elle est loin des 100 dont rêvaient les écologistes les plus résolus. La mesure la plus importante, mais aussi la plus impopulaire chez les industriels, est la hausse de la fiscalité sur le CO2, dont on sait qu'elle sera bien loin toutefois des 200 à 400 euros par tonne à l'horizon 2050 espérés par la gauche de la coalition. Le SPD met en avant le volet social du plan, l'impact sur le prix de l'essence, estimé à plus 3 cents par litre en 2021, devrait être compensé par des allégements fiscaux pour ceux des salariés contraints à des navettes fréquentes avec leur entreprise. Malgré ses efforts, et un nouveau coup de pouce à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la chancelière a manifesté une certaine résignation: "à la différence de la science et de l'impatience de la jeunesse, la politique est l'art du possible" a-t-elle rappelé. Allusion à cette jeunesse qui veut toujours aller très vite que le jeune président français pourrait peut-être aussi prendre pour lui, son tempo n'étant manifestement pas du goût de son interlocutrice allemande, comme on a encore pu le constater jeudi lros du 50ème conseil économique et financier entre France et Allemagne. Derrière l'unité de façade pour s'accorder sur l'importance d'une politique de relance face aux risques de stagnation, voire de récession, sur le continent, les deux pays s'opposent sur le calendrier d'une telle stratégie.