| Par Gérard Araud |
| Nous sommes à huit jours du scrutin. Il est d’ores et déjà possible de tirer une première conclusion : Trump, à part l’accident du débat qu’il a perdu contre son adversaire, aura dominé la campagne du début jusqu’à la fin. Non qu’il ait caracolé en tête mais il a, une fois de plus, attiré à lui la lumière ; il a créé l’évènement que ce soit involontairement lorsqu’il a été victime d’un attentat ou à coup d’insultes, de contre-vérités et de menaces. Il a prouvé qu’il pouvait tout se permettre, qu’il avait atteint un tel statut dans l’imaginaire américain qu’on lui pardonnait tout : il est un de ces personnages excessifs en tout dans leurs qualités comme dans leurs défauts, que ce pays chérit peut-être parce qu’il s’y retrouve. Vulgaire, primaire mais d’une énergie animale ; un Américain qui ne renonce jamais. Mais ce n’est pas le Trump de 2017 : il s’est radicalisé. Le rassemblement surréaliste qu’il a tenu dimanche soir au Madison Square Garden à New York l’a rappelé. Non seulement, il y a tenu des propos d’une extrême violence contre Kamala Harris et ses partisans, qui ne devraient pas avoir leur place dans une campagne démocratique mais il a été précédé sur l’estrade par une collection d’extrémistes bizarres qui n’ont d’ailleurs pas entamé l’enthousiasme de l’assistance. Tout y est passé du racisme le plus patent à la religion la plus intolérante. En face, la candidate Démocrate s’est résignée à faire de l’élection un référendum sur son adversaire. En trois mois, elle aura été incapable de se définir clairement aux yeux des Américains dans sa personnalité ou dans son programme. On ne sait si c’est manque de temps, incompétence ou stratégie pour réunir l’éventail le plus large d’électeurs autour d’elle. L’essentiel de ses discours porte donc désormais sur les défauts de Trump et sur le danger que représenterait son élection pour la démocratie. On peut se demander si le traiter de ‘’fasciste’’ convaincra des électeurs qui peuvent se référer à son premier mandat pour conclure, peut-être à tort, qu’il n’y a pas risque en la demeure. Toujours est-il que les deux candidats sont aujourd’hui au coude-à-coude dans les sondages. Tout est possible. Les Etats-Unis voudront-ils renouveler l’expérience de Trump ? |
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