Pour une gouvernance mondiale de la Tech
C'était en 2016. Lors du Forum économique mondial de Davos. Emma Marcegaglia, PDG du groupe pétrolier italien ENI et ancienne patronne de la Confindustria, le Medef italien, prévenait qu'elle allait faire une blague et déclarait : « Quand il y a une innovation, les Américains la transforment en succès. Les Chinois la copient. Et les Européens... la réglementent. » Mais était-ce vraiment de l'humour ?
A vous de juger...
L'avant-veille de Vivatech et de l'entrée en vigueur du
RGPD, le président Emmanuel Macron a reçu à l'Elysée, la crème de la tech en France et à l'international : les dirigeants de Facebook (avec un Mark Zuckerberg
tout fraîchement débarqué de Bruxelles après sa comparution devant les eurodéputés concernant l'affaire Cambridge Analytica), Microsoft et Uber, les représentant(e)s d'Apple (Angela Ahrendts), de Google (Jacquelline Fuller), IBM (Virginia Rometty) ou Deliveroo (Will Shu), ainsi que Free (Xavier Niel) et Orange (Stéphane Richard).
Au sortir de ce sommet baptisé Tech for Good, de
nombreux engagements ont été pris : Virginia Rometty (IBM) a notamment annoncé le recrutement de 1 800 personnes d'ici deux ans dans l'Hexagone ; Jacquelline Fuller a déclaré que Google.org allait faire le don de 100 millions de dollars (plus de 85 millions d'euros) sur cinq ans à des structures non lucratives réparties en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient et qui travaillent pour l'emploi du futur.
Des engagements qu'Emmanuel Macron compte bien suivre de près après ce rendez-vous qu'il souhaite établir tous les ans : « On va suivre toutes les initiatives que vous allez annoncer aujourd'hui et nous ferons un suivi tous les semestres sur les progrès faits. C'est une pression pour nous et pour vous. (...) Revenons ici dans un an et ayons chaque année un sommet Tech for Good et mettons la pression sur ceux qui ne font pas partie du club et agrandissons le club. »
Des propos, qu'il a souhaité plus engageants, jeudi matin, au salon Vivatech 2018, devant tout le gotha de la tech. « Gagner de l'argent, créer de l'emploi, satisfaire vos actionnaires, c'est super. Surtout créer de l'emploi, en ce qui me concerne. Maintenant, nous sommes tous dans le même bateau. Ce n'est pas possible d'avoir un écosystème tech qui vit comme s'il ne faisait pas partie d'un environnement. (...).
Le président de la start-up nation estime en ce sens qu'il faut réfléchir à un cadre règlementaire dans ce secteur, afin de s'assurer que l'innovation ne se fasse pas au détriment de l'intérêt général. Il dit avoir évoqué d'ailleurs, avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau, la possibilité de créer une sorte de gouvernance commune sur l'intelligence artificielle pour l'humanité. Un projet où la France a, selon lui, un rôle primordial, à jouer : « Décidons de faire de ce pays la porte d'entrée vers la nouvelle régulation. Je veux faire de la France le pays où on construit, où on pense l'innovation durable et responsable. Avançons et progressons ensemble. (...) Ne lâchez rien. Je veux faire de notre pays, ce pays qui va en même temps penser le monde et faire que tous les acteurs de l'internet et des nouvelles technologies du monde entier auront avec nous inventé les règles dont ils auront aussi besoin. »
Régulations, réglementations... toujours est-il que l'humour de Emma Marcegaglia sonne désormais comme une prédiction, plutôt très juste.
Mais revenons à Vivatech : Story Jungle, n'a pas résisté à se rendre sur le salon et il faut avouer que notre curiosité n'a pas été mise à mal. Parmi les innovations qui nous ont particulièrement tapées dans l'œil :
Le média Lab de TF1 était particulièrement bien fourni cette année.
De nombreuses startups étaient présentées qui proposaient des solutions autour du data journalisme, de l'automatisation de contenu, ainsi que des nouvelles expériences de consommation de contenus (réalité virtuelle, réalité augmentée, intelligence artificielle,
live streaming,
chatbots). Petit coup de cœur néanmoins pour l
'appli MYTF1 Coupe du monde VR qui vous emmène au cœur du match depuis une loge virtuelle.
La mise en avant ses startups africaines : le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, le Rwanda, l'Afrique du Sud et le Nigeria avait leur pavillon au salon. Emmanuel Macron s'est d'ailleurs rendu au salon jeudi accompagné de Paul Kagame, président rwandais. Notre petit coup de cœur :
Awesomity Lab, qui accompagne Volkswagen dans son projet d'autopartage au Rwanda.
Les adeptes de science-fiction auront forcément craqué comme nous sur
Pop, le concept d'objet volant futuriste, mi-voiture volante, mi-drone d'Aibus ; une
maquette de la station spatiale américaine grâce à HPE ;
une maquette d'un ordinateur quantique sur le stand d'IBM ; ou encore une
expérience virtuelle à plusieurs dans les pyramides égyptiennes, en partenariat avec ScanPyramids VR. Et il y aurait encore tant de choses à raconter.
A peine finie, on attend la prochaine session avec impatience...