Quand l’IA redéfinit le SEO et la recherche d’information
2025 devrait marquer une rupture profonde dans l'univers du référencement naturel. L'intelligence artificielle générative – incarnée par ChatGPT, Gemini, Claude ou encore Mistral – révolutionne la manière dont les utilisateurs recherchent et consomment l'information en ligne. Un paysage nouveau, dominé par les algorithmes conversationnels, qui contraint les marques à réinventer leurs stratégies pour rester visibles et pertinentes.
Fini le temps où les utilisateurs exploraient des listes de liens pour trouver la bonne info. Désormais, ils posent des questions complexes et obtiennent des réponses immédiates, personnalisées, souvent sans avoir à cliquer. Une révolution qui impose aux marques de repenser entièrement leur stratégie de visibilité.
La fin de la recherche classique ?
Depuis un quart de siècle, les moteurs de recherche fonctionnaient selon un modèle simple : une requête, une liste de résultats, et des clics. Mais en 2025, ce modèle est bouleversé. Désormais, les requêtes prennent une forme plus conversationnelle, et les réponses générées par l'IA, souvent issues de multiples sources, offrent une synthèse exhaustive. Exemple : au lieu de chercher « meilleurs smartphones 2025 », l'utilisateur demande «
Quel smartphone acheter pour la photographie de nuit avec un budget de 700 euros ? ». Et la réponse, instantanée, élimine la nécessité de consulter plusieurs sites. Dans ce nouveau paysage, les règles du SEO évoluent elles aussi : optimiser des mots-clés ou des balises ne suffit plus. Pour être intégrée dans les réponses générées par l'IA, une marque doit démontrer sa pertinence et son autorité. Car les IA favorisent des sources crédibles et bien structurées.
Une stratégie de contenu repensée pour l'IA
Pour séduire les intelligences artificielles, les marques doivent donc proposer des contenus à forte valeur ajoutée : informatifs, précis et structurés pour être facilement exploitables. Le recours à des schémas de données, des FAQ enrichies et des contenus multimédias (vidéos, podcasts) devient incontournable. Parallèlement, selon Frédéric Jutant, responsable marketing chez Icarus Media Digital et auteur d'une tribune
publiée par Forbes, il est essentiel de miser sur une stratégie omnicanale, intégrant les réseaux sociaux, le marketing payant et le trafic organique : «
Ne pas dépendre d'un seul canal est primordial. Une stratégie omnicanale intégrant le trafic organique, payant, les réseaux sociaux et l'email marketing sécurise l'acquisition client et renforce la résilience face aux changements d'algorithmes. »
Un SEO plus humain ?
«
Dans ce contexte d'hypercroissance de l'IA, les contenus authentiques et engageants qui offriront une expérience utilisateur supérieure seront de plus en plus valorisés par les moteurs de recherche. L'humain doit rester au centre des préoccupations », poursuit Frédéric Jutant. Malgré l'omniprésence de l'IA, notre cerveau restera donc au cœur des stratégies de référencement, où la fiabilité, l'authenticité et l'expérience utilisateur proposée deviennent des facteurs essentiels. D'autant plus importants qu'une étude publiée en juillet 2024
dans la revue Nature démontre que les modèles d'IA, y compris les grands modèles de langage, subissent une dégradation rapide de leur qualité lorsqu'ils sont entraînés sur des données générées par d'autres IA. Un phénomène, appelé «
effondrement des modèles » qui souligne l'importance de disposer de données authentiques et de haute qualité pour maintenir la performance et la pertinence des systèmes d'IA. Des données générées par l'homme, en somme.
Un futur en pleine mutation
«
Personne ne peut prétendre savoir comment influencer les LLM [large language model , ndlr] car personne ne sait comment ils sont entraînés. Mais on peut essayer par itération », reconnaît Marie Raimbert-Galtier
dans les colonnes du Figaro. Pour la directrice générale de Jellyfish France, qui a récemment lancé un outil pour aider les annonceurs à être mieux référencés par les robots conversationnels lorsque l'internaute leur demande une recommandation d'achat, il est facile d'imaginer que, par exemple, les comptes Instagram et WhatsApp sont prépondérants chez Meta ou que la présence sur YouTube compte davantage pour le référencement de Gemini. Dès lors, l'essor de l'IA générative ne signe pas la fin du SEO, mais impose une profonde réinvention. La recherche conversationnelle, le rôle croissant des marques comme sources d'autorité et la quête d'une meilleure expérience utilisateur redéfinissent les priorités. Oui, le SEO tel que nous le connaissions cède progressivement sa place à une ère de recommandations directes. Et les marques qui auront su adapter leurs stratégies à cette nouvelle réalité deviendront les leaders d'un écosystème où tout va plus vite, où la simplicité prime, et où l'algorithme est roi. Ceux qui traîneront les pieds, eux, risquent de se retrouver invisibles. Car dans ce monde conversationnel, ne pas être choisi, c'est tout simplement ne pas exister.