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Quand les médias sociaux s'émancipent

Brut, TicToc, NowThis... les médias sociaux sont de plus en plus nombreux à vouloir s'affranchir du berceau qui les a vus naître. S'ils continuent de développer principalement leurs contenus sur les réseaux, ils optent aussi pour la création de leurs propres sites. « Si nous nous sommes mis sur les réseaux sociaux, c'est avant tout pour une raison d'efficacité et d'économie. En postant nos contenus sur les réseaux, nous bénéficions déjà de très gros volumes de trafic », expliquait en 2017, Roger Coste, cofondateur de Brut et ancien directeur des régies publicitaires de Canal+.

Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et les changements d'algorithmes – imprévisibles – sont allés bon train. Un an après la réouverture du site du média social NowThis, Brut a annoncé - fin janvier - la création de sa plateforme web, avec des reportages plus longs, fort de ses 2,2 millions d'abonnés sur Facebook en France et de ses 820 millions de vidéos vues en décembre 2018. Pour ceux qui ont bâti toute leur stratégie économique sur les réseaux sociaux, la dépendance est forte avec la firme de Mark Zuckerberg. Un simple changement d'algorithme peut impacter la diffusion des contenus. 

Pour Marie Dollé, spécialiste en stratégie de contenu digital, cette décision est avant tout « une suite logique à une baisse inexorable du reach sur les plateformes sociales pour les marques et les médias. Bien évidemment, l'objectif n'est pas de se substituer à la présence sociale alimentée par les principales plateformes : avec plus de 2 milliards d'utilisateurs pour Facebook, il est difficile de faire l'impasse. Néanmoins, les marques ont compris qu'il fallait réinvestir dans une autonomie parallèle et renforcer les liens avec leurs audiences privilégiées. » 
 
Situation semblable aux États-Unis avec la chaîne d'information vidéo de Bloomberg, TicToc, lancée il y a un an exclusivement sur Twitter. Le média a développé cette semaine sa plateforme vidéo en comptant sur une solide base d'audience : 570 000 abonnés sur la twittosphère. « Aujourd'hui, l'heure est donc à la rationalisation : il s'agit de réinvestir dans son owned media car, comme disait Lavoisier : "Rien ne se perd, rien ne se crée : tout se transforme" », conclut Marie Dollé. Diversifier les canaux de diffusion, tout en préservant les « anciens ». En deux mots : restez pragmatique !
illustration de fougéres
UN PAVÉ DANS LA JUNGLE
Le mouvement des Gilets jaunes redéfinit les règles du jeu. Aussi bien dans la communication politique que dans le traitement médiatique. Selon le baromètre La Croix-Kantar, que nous avons évoqué la semaine dernière, 67 % des sondés reprochent aux journalistes d'avoir dramatisé les événements. Une mauvaise couverture des manifestations qui a laissé place à un format plus direct, très plébiscité : le Facebook Live.

Pourquoi c'est un pavé ? Les internautes ne souhaitent plus de contextualisation ou de commentaires de la part des journalistes. Seule la réalité brute compte. « Beaucoup se disent qu'un live sans coupure montre mieux la vérité, résume le journaliste spécialiste des réseaux sociaux Vincent Glad, il y a un gouffre entre les usages et la pratique des médias qui font encore des lives écrits quand les gens sont prêts à rester 2 heures sur un live sur Facebook. » Un format à réinvestir, donc, pour les médias traditionnels.
UN FORMAT À LA LOUPE
NL 02 02 Format newsletters
La newsletter continue de se réinventer ! Elle investit un nouveau territoire : WhatsApp. Avec 1,5 milliard d'utilisateurs dans le monde, la messagerie cryptée tape dans l'oeil de nombreux médias. Compacte, celle-ci offre une lecture rapide et très facile d'accès. En France, Les Glorieuses, newsletter féministe et culturelle créée par Rebecca Amsellem, se sont lancées dans l'aventure. Pour s'inscrire, il suffit de rentrer le numéro du site et de leur envoyer « start » sur WhatsApp. Simple comme bonjour.
LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE
NL 02 02 contenu musique hit parade
Qui de Macklemore, Bruno Mars, Will.i.am, The Lumineers ou Taylor Swift était au top du hit-parade en janvier 2013 ? Cette infographie interactive du magazine de journalisme visuel The Pudding vous apporte la réponse tout en musique. Grâce à des graphiques animés et à une bonne base de données, le site a compilé toutes les meilleures chansons, de 1957 à 2016, pour chaque jour de l'année. Un travail de dingue qui agit comme une madeleine de Proust.
UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE
Cela devait être LE festival de musique de l'année. The Fyre Festival s'est révélé être le pire. Vendu comme « un Woodstock pour riches », l'événement n'était en réalité qu'une vaste arnaque, un non–événement fomenté par un jeune commercial aux dents longues : Billy McFarland, le roi du bullshit. Grâce à une promotion quatre étoiles soutenue par les plus grands influenceurs – Bella Hadid, Hailey Baldwin, Emily Ratajkowski, Alessandra Ambrosio – l'entrepreneur de 26 ans a réussi à soutirer la modique somme de 26 millions de dollars aux investisseurs et aux nombreux jeunes participants. C'est cette incroyable histoire que retrace Fyre, the greatest party that never happened, un documentaire habile produit par Vice et visible sur Netflix. « Ce type a compris comment optimiser les réseaux sociaux au point d'en faire une arme », dira un des interviewés. Comment manipuler une jeunesse accro à Instagram...

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