| Paris, lundi 6 avril 2020 • Bruno Bertez : Quelle fin pour la pandémie ? La pandémie de coronavirus finira par s’apaiser, voire s’éteindre. Mais qu’en est-il des dommages causés à l’économie dans son ensemble ? • Bill Bonner : Naufragés et vies ruinées Les pertes s’accumulent, se multiplient et augmentent. Les questions aussi – et certains commencent à s’interroger sur le coût final des décisions prises par les autorités. • Javier Caramés Sanchez et William Hongsong Wang : Taïwan, une autre gestion de la crise du Covid-19 Taïwan a fait à peu près tout l’inverse de ce que font les gouvernements occidentaux dans leur lutte contre l’épidémie de coronavirus. Est-ce que cela a fonctionné ?
| | LES NOTES DE BRUNO BERTEZ
| Quelle fin pour la pandémie ?
| Tout a une fin ; les crises en cours finiront également. Il y a plusieurs crises. La plus évidente, c’est celle du virus. La plus opaque est celle de la finance spéculative. La plus grave est celle du système monétaire mondial et de la mondialisation. La plus probable à l’avenir est celle de la confiance des peuples dans leurs dirigeants. Je crains un gros regain de populisme. On aura un regain de dirigisme, d’étatisme et encore plus de socialisme au profit des ultra-riches.
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Fin de pandémie ? Si toutes les pandémies des différents pays avaient le même profil, la figure ci-dessous indiquerait comment cette pandémie prendra fin. L’intervalle début/pic des infections au Covid-19 pour tous les pays serait de 40 à 50 jours. De nombreux pays sont encore loin du point culminant. Par ailleurs, rien ne garantit que ce point culminant se fera au même moment ou qu’il n’y aura pas de deuxième round de réinfection, si les méthodes de lutte contre le virus (tests, auto-isolement, quarantaine et verrouillage) ne fonctionnent pas de la même manière. En fin de compte, cependant, il y aura un pic partout et la pandémie s’atténuera, ne serait-ce que pour revenir l’année prochaine, peut-être. Ce qui est clair, c’est que les fermetures dans les économies majeures ont entraîné et entraîneront une chute vertigineuse de la production, des investissements, de l’emploi et des revenus. Le crédit ne remplace pas la production ! Au contraire, dans ses excès, il la fait disparaître. Il la tue. Deux points de croissance en moins... tous les mois L’OCDE résume correctement la situation : selon elle, l’impact des fermetures d’entreprises pourrait entraîner des réductions de 15% ou plus du niveau de production dans les économies avancées et dans les principales économies émergentes. Dans l’économie médiane, la production diminuerait de 25%... "Pour chaque mois de confinement, il y aura une perte de deux points de pourcentage de la croissance annuelle du PIB." Dans cette pandémie, si les principales économies sont bloquées pendant deux mois et peut-être plus (le verrouillage de Wuhan en Chine aura duré plus de deux mois), alors le PIB mondial devrait se contracter, en 2020, plus qu’au cours de la grande récession de 2009. Le consensus espère que les blocages seront de courte durée... mais ce ne sera probablement pas le cas. Le chômage va monter de façon vertigineuse et il ne se résorbera que lentement. Les taux de profit et les trésoreries vont être massacrés, ce qui augure mal des dépenses d’investissement. Comme l’a déclaré le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurrìa : "Nous ne savons pas combien de temps il faudra pour stabiliser le chômage et les fermetures de millions de petites entreprises – mais c’est un vœu pieux que de parler d’une reprise rapide." Le tout pour le tout Il est clair que l’idée du président Trump, qui considère que les Etats-Unis pourront reprendre leurs activités le dimanche de Pâques, n’est pas réaliste. Néanmoins, dans cet espoir que les fermetures seront de courte durée, les gouvernements ont tenté le tout pour le tout et abandonné toute prudence de gestion. Ils ont injecté des sommes considérables dans leurs systèmes afin d’éviter le pire. On ne sait d’ailleurs pas très bien faire la part de ce qui est injecté pour éviter l’Armaggedon/apocalypse financière, et la part de ce qui est consenti pour les économies dites réelles. Les banques centrales ont donc abaissé leurs taux directeurs à zéro ou en dessous. On a également annoncé une myriade de facilités de crédit et de programmes d’achat d’obligations qui éclipsent les plans de sauvetage et les mesures d’assouplissement quantitatif des dix dernières années. On répond au choc comme à l’accoutumée : par l’inflationnisme monétaire, avec quelques compléments budgétaires. La première priorité a été et est encore de sauver les marchés financiers, considérés comme le poumon du système du capitalisme financiarisé. On peut le regretter et trouver cela immoral, mais le fait est que l’on n’avait pas le choix. Quand le vin est tiré, il faut le boire – or le marché boursier/financier est au centre du système, c’est lui qui soutient tout l’édifice. Je soutiens que certes on a brisé la chaîne de production des biens et des services, mais là où le dommage le plus important a été causé, c’est sur la chaîne du bonheur de la finance mondiale. Nous verrons la suite dès demain. [NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]
| | LES NOTES DE BILL BONNER
| Naufragés et vies ruinées
| Hier, une camionnette grise est apparue devant la porte de la cuisine. « Comment êtes-vous arrivé jusqu’ici ? » avons-nous demandé. « J’ai traversé la rivière. Ça n’avait pas l’air si épouvantable, alors j’ai décidé de me lancer. » « Voilà qui me rend un peu triste », a dit Elizabeth. « C’était bien d’être isolés... avec la passerelle seulement. » Pour traverser le Río Calchaquí Traverser cette passerelle nous menait à notre propre petit refuge... où nous pouvions nous isoler chez nous sans avoir à nous soucier du virus, des voisins ou du monde extérieur. C’était idyllique. Comme d’heureux naufragés sur leur île, nous regrettons de voir arriver le navire de secours. Confinement forcé Pendant ce temps, à Baltimore... « Les rues sont vides », nous dit notre fille. « Même les SDF semblent avoir disparu. « Une voiture de police a parcouru les rues du quartier, annonçant au haut-parleur qu’il y avait une amende de 5 000 $ pour ceux qui sortaient sans permission. Mais le café du coin était ouvert. » A Buenos Aires, nous dit un ami, les gens sont confinés dans leurs appartements. Chaque soir, ils se rassemblent sur leurs balcons pour saluer les soignants – qui sont en première ligne de la lutte contre le virus – en les applaudissant quelques minutes. « Mais hier soir... j’ai noté une autre sorte de manifestation. Cette fois-ci, les gens sont sortis sur leur balcon et ont tapé sur des casseroles... comme ils l’avaient fait durant la crise du début des années 2000. « Ils appelaient les membres du Congrès à diviser leur salaire par deux... et ils protestent contre le confinement. « Apparemment, le taux d’homicides a grimpé en flèche... à cause des gens qui sont piégés les uns avec les autres. Cette quarantaine est censée sauver des vies. Je ne suis pas sûr que ce soit vraiment le cas. » En faillite Le Dow a repris sa chute. Il lui reste du chemin à parcourir. Nous avons placé notre cible sous les 15 000 points. [NDLR : Même la baisse des marchés peut être payante... si vous appliquez la bonne stratégie. Cliquez ici pour découvrir un système simple et efficace permettant de transformer les pertes en gains.] Avec tant de gens sous clé chez eux, l’économie est grippée. Quelqu’un perd ses revenus. Il cesse de payer son loyer. Son propriétaire ne touche pas ses propres revenus et décide de repousser la mise à neuf d’une salle de bain. Suite à quoi le plombier ne peut rien facturer, de sorte qu’il repousse l’achat d’une nouvelle perceuse. Le magasin de bricolage perd lui aussi des revenus. Il licencie quelques-uns de ses employés au SMIC. Partout dans l’économie réelle, on arrête de gagner de l’argent – et d’en dépenser. Voici une note du secteur pétrolier montrant comment cela fonctionne. Bloomberg : "La faillite de la Whitings Petroleum Corp. illustre la manière dont les terribles difficultés du pétrole de schiste se répercutent sur toute la chaîne d’approvisionnement pétrolière. Schlumberger Ltd. et Halliburton Co., qui fournissent des derricks et des équipes de fracking, font partie des plus gros créditeurs non-bancaires listés dans la déclaration de faillite de Whitings, avec des créances de plus de huit millions de dollars chacun. Baker Hughes, qui fournit lui aussi des services pétroliers, est le huitième plus gros créditeur de tous, avec une créance impayée de 2,6 millions de dollars. Parmi le reste des créditeurs, on trouve des opérateurs de pipelines, une société de transport routier et une entreprise de traitement des eaux usées, entre autres." Ce sont de vraies pertes. Un baril de pétrole des champs du Wyoming se vendait récemment pour moins 19 cents. Les sociétés les plus faibles et les plus endettées font faillite. Les TPE. Les grandes entreprises. Les nouvelles technologies. Les anciennes technologies. Les pointues. Les émoussées. La fine fleur aussi bien que les mauvaises herbes – tout le capitalisme se fait tailler en pièces lors de la guerre contre le coronavirus menée par les autorités. Des vies ruinées Le confinement sauve peut-être des vies – mais il en ruine aussi. Des millions de personnes sont assignées à résidence. Des revenus perdus. Des occasions manquées. Des mariages qui se défont... des entreprises qui ne sont pas lancées. Des réunions n’ont pas lieu. Des ventes ne se font pas. Des inventions ne sont pas inventées. Des découvertes ne sont pas découvertes. Le printemps arrive dans l’hémisphère nord, mais les amoureux ne cueillent pas de muguet. Qui peut estimer le coût ? « La vie n’a pas de prix », disent les commentateurs. Mais les jeunes commencent à se demander : vaut-il vraiment la peine de nous enfermer par millions afin qu’un vieil homme vive quelques années de plus ? « Ici en Argentine », a continué notre ami de Buenos Aires, « il y a beaucoup de gens – des millions – qui tirent le diable par la queue. « Et on est dans une économie où le taux d’inflation est de 50%. Ils font les poubelles. Ils lavent des voitures. Ils mendient dans les rues. « Nous avons une femme de ménage, par exemple. Elle dépend de cet argent – mais nous ne pouvons pas le lui faire parvenir. Les gens n’ont même pas le droit d’être dans la rue. Comment vont-ils survivre ? » Selon l’économiste argentin Javier Milei : "Choisir entre la vie et l’économie est un faux dilemme. Parce qu’il y aura des morts de toute façon. Cela devient donc une question statistique. Si une quarantaine vire à l’extrême, ils nous enterrent tous. La production sera de zéro, et puisque nous n’aurons rien à consommer, nous mourrons tous." | LES NOTES DE JAVIER CARAMES SANCHEZ et WILLIAM HONGSONG WANG
| Taïwan, une autre gestion de la crise du Covid-19
| Comme le démontre la théorie du calcul économique en économie socialiste, développée par l’école autrichienne d’économie, aucun organe de planification centralisée n’a la capacité d’organiser la société par l’utilisation de pouvoirs coercitifs. La raison fondamentale réside dans le fait qu’un planificateur central est incapable de collecter l’ensemble des informations nécessaires pour organiser la société de cette façon, étant donné que l’information est intrinsèquement subjective, originale, dispersée, et tacite. Ce principe est entièrement applicable dans le contexte de la lutte contre la propagation d’une pandémie. La responsabilité individuelle et la transparence de l’information sont des facteurs cruciaux pour stopper une telle pandémie. Taïwan illustre particulièrement bien comment l’individualisme et la coopération volontaire permettent d’offrir des solutions efficaces pour résister à la pandémie de coronavirus. Un pays situé à proximité de la Chine continentale, avec pourtant relativement peu de personnes infectées Au moment où j’écris ces lignes, l’infection à Taïwan est totalement maîtrisée, en dépit du fait que le pays était l’un des plus exposés au risque de pandémie compte tenu de la proximité géographique de la République de Chine avec la Chine continentale (administrée par la République Populaire de Chine, ou RPC). | Pour lire la suite...
| Javier Caramés Sanchez est professeur d’espagnol et poursuit un doctorat en littérature chinoise à l’université nationale de Taïwan, où il vit depuis plus de sept ans. Il est diplômé d’un master en philologie classique de l’université de Salamanca, en Espagne, ainsi que d’un master en littérature chinoise de l’université nationale de Taïwan. Il a également été professeur à l’université de Tamkang, à l’université IE en Espagne, ainsi qu’à l’université nationale de Taiwan. William Hongsong Wang poursuit un doctorat en économie à l’université Complutense de Madrid, en Espagne. Il est diplômé d’un master d’économie autrichienne de l’université Rey Juan Carlos à Madrid. Il a étudié à l’université du Mises Institute en 2017.
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