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Quelqu’un à l’INSEE veut-il faire cesser le confinement ?Chère amie, cher ami, Je ne m’étais jamais intéressé au nombre de morts qu’il pouvait y avoir en France tous les ans, ni même tous les mois et encore moins tous les jours ! Je ne connaissais que les grandes causes de mortalité. J’avais en tête que la plupart des gens mourraient de cancer, de maladies cardiovasculaires ou simplement de vieillesse ou de grippe. Pendant longtemps, lorsqu’un médecin ne savait pas ce qu’il fallait mettre sur le certificat de décès, il inscrivait souvent “grippe” [1]. Cela lui permettait d’éviter d’avoir à détailler les causes de la mort. Passé un certain âge, en effet, les médecins considèrent que la grippe est une cause naturelle de mort. Aujourd’hui, le Covid-19 semble avoir remplacé la grippe. C’est un cas de décès “fourre-tout.” Car, malgré l’apparition d’une nouvelle cause de mortalité, apparemment très répandue, y a-t-il, plus de décès que d’habitude ? Les chiffres de l’INSEE pour le mois de marsDepuis plusieurs mois, un curieux rituel s’est installé dans notre société. Le matin, les médias font la comptabilité mortuaire. Ils disent combien de personnes ont péri du coronavirus. La journée s’achève par “le clap du soir” pour les soignants qui reviennent du front. Dans cette ambiance morose, j’étais comme tout le monde, persuadé que notre pays traversait une crise démographique sans précédent. Je craignais que la pyramide des âges ne fût terriblement tailladée, notamment du côté des séniors, comme elle l’avait été pour les soldats entre 1914 et 1920 qui subirent les tranchées puis la “grippe espagnole”. C’est là que l’INSEE a publié ses chiffres pour le mois de mars 2020 [2]. J’avoue avoir été surpris. Je me suis demandé si quelqu’un à l’INSEE souhaitait que prenne fin le confinement ! Car s’il y a, en effet, une augmentation par rapport à 2019, il y a une diminution par rapport à 2018. Voici les données :
En voyant ces chiffres, je me suis demandé pourquoi nous n’avions pas été confinés en 2018 ! Et j’ai compris les propos du Pr Raoult affirmant qu’il n’y avait pas “un problème majeur de mortalité” dans cette crise sanitaire [3]. Les journalistes, commentant ces chiffres, estiment que 2018 a été une année exceptionnelle où la grippe a été particulièrement forte [4]. Restons prudentsIl est évident que nous devons encore attendre avant de tirer un bilan définitif de la crise sanitaire. Nous n’avons pas les chiffres du mois d’avril qui seront peut-être plus significatifs. Et puis, les chiffres varient beaucoup d’une région à l’autre. Mais ces statistiques donnent tout de même l’impression d’un décalage entre :
Je ne dis pas qu’il n’y a pas d’épidémie, ni que ce virus n’est pas dangereux. Il l’est. Mais la mortalité ne suit pas. Pour l’instant, la situation est un plus critique que “la normale.” Le confinement a-t-il été utile ?Il est peut-être un peu tôt pour en juger. Une chose est sûre, il a été déclenché le 17 mars 2020 alors même 9 mars 2020, le Ministre de la Santé déclarait, lors d’une interview sur BFM que “c’est le confinement qui provoque la circulation des virus” [5]. Il disait cela pour justifier la fin des matchs de foot... Sur les graphiques de l’INSEE, la courbe augmente fortement quelques jours après le confinement, à partir du 20 mars. Est-ce dû à l’évolution naturelle de l’épidémie ? Au confinement lui-même ? Je laisse les statisticiens s’aventurer à donner un avis sur ce fait. Mais je reste perplexe ! Une vision sur 10 ansPour essayer de mieux comprendre les chiffres de l’INSEE, j’ai regardé les chiffres des 10 dernières années (tableau en annexe). Depuis 10 ans, il y a en France entre 540 000 et 610 000 décès par an. Cela veut dire en moyenne entre 45 000 et 50 000 décès par mois. La population augmente d’environ 300 000 personnes par an, si bien qu’il est logique que la mortalité augmente un peu chaque année. C’est en septembre 2011 que le nombre de décès a été le plus bas: 41 188. Et le plus haut a été atteint en janvier 2017 : 66 900. Sur 10 ans, au mois de mars le nombre de décès a oscillé entre entre 47 000 et 61 404 décès. Avec 60 407 décès, le mois de mars 2020 n’est pas un bon mois. Mais ce n’est pas le record. Il y a bien une crise sanitaire. Il y a mauvais virus qui circule. Il y a des morts et des malades. C’est triste et douloureux pour ceux qui s’y trouvent confrontés. Les statistiques ne pourront jamais atténuer la peine de ceux qui ont perdu un être cher. Mais n’est-ce pas notre lot quotidien ? La situation sanitaire est inhabituelle, critique peut être. Est-elle cataclysmique ? Justifiait-elle de :
N’était-il pas possible de s’organiser ? De suivre les exemples de Taïwan, Hong Kong, la Corée du Sud, l’Allemagne, la Suède etc. ? Je n’ai pas la réponse à cela. Pour le gouvernement ce n’était peut-être pas évident. En France, tout le monde a été pris de court et moi aussi bien sûr. L’après Covid-19Je livre ces éléments à votre réflexion car dans les semaines ou mois à venir nous allons sortir de cette crise et nous reviendrons sur tout cela. Il y aura d’autres virus. Il y en a toujours eu. Mais faut-il qu’il y ait d’autres confinements ? S’il doit y en avoir, faut-il qu’ils soient aussi drastiques ? Va-t-on relancer la production de masques en France ? Va-t-on autoriser les pharmaciens à commander directement des masques ? Va-t-on laisser la possibilité à la société civile de s’organiser ? On ne peut pas vivre constamment avec la peur, à compter les morts, en attendant un vaccin qui ne règlera pas grand-chose (car les virus mutent constamment) et pourrait créer bien d’autres difficultés. Nous sommes appelés à vivre, à aimer, à sortir découvrir le monde, à rencontrer les autres, à partager avec eux, à rire, à chanter, à danser, à écouter des concerts, à fondre en larmes, à crier, à vibrer ensemble, à se promener etc. Tant d’activités à risque ! Vivre, paradoxalement, c’est aussi risquer de perdre la vie. C’est vrai aujourd’hui. Mais ce l’était déjà hier. Et cela continuera. Naturellement vôtre, Augustin de Livois Annexe 1
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