Reels : le réel pari de Meta Serez-vous bientôt contraints de publier vos vidéos Instagram sous forme de Reels, ces vidéos courtes inspirées du format TikTok ? C'est ce qu'a laissé entendre l'expert social media Matt Navarra ce jeudi 30 juin . Meta a confirmé à TechCrunch tester cette possibilité auprès d'un échantillon d'utilisateurs. Cette mise à jour ne serait que la suite logique d'une longue série de mesures visant à rendre Facebook et Instagram similaires à (aussi « cool » que ?) TikTok. Quelles sont les répercussions de ce changement d'algorithme et de ces nouvelles fonctionnalités sur les créateurs de contenus et les annonceurs ? Revue des principales problématiques. Le contexte Ce test intervient dans un contexte particulier. « Toutes les grandes plateformes telles que YouTube, Snap, Instagram et Facebook ont essayé d'exploiter le canal d'engagement créé par le format de TikTok », rappelle Axios. Meta mise gros sur Reels. Dans le cadre de ses résultats du premier trimestre 2022, la société a révélé que les Reels représentent désormais plus de 20% du temps que les gens passent sur Instagram. Parmi les Reels les plus populaires : les pastilles comiques, les filtres de réalité augmentée et des instantanés sur des moments culturels tels que la Pride, selon Grace Kao, responsable du marketing commercial pour Instagram. Pour certains employés actuels et anciens, cette nouvelle orientation donne l'impression que Facebook s'éloigne de son objectif principal, qui est de connecter les amis et la famille. Mais pour Mark Zuckerberg, la question n'est pas là : il a ainsi déclaré que la moitié du temps que les gens passent sur Facebook est désormais consacrée à regarder des vidéos. Il est donc nécessaire de s'adapter. Le fonctionnement La société a ainsi investi 1 milliard de dollars dans un fonds pour les créateurs, et débourse pour certains « réalisateurs » jusqu'à 35 000 dollars par mois en fonction des vues des Reels admissibles. « Notre programme Reels Play Bonus aide les créateurs à financer leurs Reels et nous permet de mieux comprendre quels types de contenu fonctionnent sur la plateforme », justifie Alvin Bowles, vice-président des partenariats commerciaux de Meta.Quel impact sur les créateurs ? Avec le nouveau virage sur la vidéo, les annonceurs et les créateurs doivent s'adapter, au risque de disparaître. « Ceux qui n'ont pas pris le virage des Reels sont sanctionnés par l'algorithme et voient la visibilité de leurs publications chuter », rappelle Le Figaro. « Je suis désormais content si mes photos sont likées par 20 000 utilisateurs sur mes 360 000 abonnés », témoigne l'influenceur voyage Bruno Maltor. « Face aux Reels, les photos statiques des influenceurs paraissent plus fades aux yeux de leurs communautés. Cela contribue à faire diminuer les taux d'engagement sur les formats classiques », observe Guillaume Doki-Thonon, fondateur et directeur général de Reech. Un coût élevé pour les annonceurs Créer une vidéo est un processus plus coûteux qu'une photo. « En moyenne, une marque doit débourser trois fois plus d'argent pour produire un contenu vidéo sur le réseau social. Car elle doit élaborer tout un storytelling et se tourner vers des studios de production», constate Cyril Attias, fondateur d'agencedesmédiassociaux.com. Les options possibles ? Faire appel à un influenceur ou passer par des logiciels de motion design et transformer des images statiques en vidéos pour limiter les coûts (mais ça engage moyen... c'est le Reels du pauvre !). « Les annonceurs ont tendance à remettre en cause le travail de leurs agences quand les performances sont moins bonnes. Mais les algorithmes des réseaux sociaux sont des boîtes noires. Nous sommes locataires de ces plateformes, qui peuvent modifier brutalement les règles du jeu», ajoute Arthur Kannas, président de l'agence Heaven.Et pour l'utilisateur lambda ? Ces publications non sollicitées pourraient également être en passe d'agacer les utilisateurs de la plateforme... Un employé a confié ses craintes sur la nouvelle stratégie de Meta. « Je pense qu'il y a un risque réel, dans cette approche, de perdre de vue ce qui nous différencie des autres réseaux sociaux au profit de la poursuite des tendances et des intérêts à court terme », alerte-t-il.Perte d'autorité des créateursPour Nicolas Vanderbiest, Chief Operating Officer du cabinet de conseil Saper Vedere, il s'agit également d'une « porte ouverte à la désinformation ». Il explique : « Le fait de mettre en avant des contenus plutôt que des personnes fait perdre toute autorité aux créateurs. Un média ou des personnes à forte audience seront mis au même niveau que le premier lambda. » | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | Après Science & Vie, les achats de Reworld Media se poursuivent. Le groupe vient de « signer un accord avec le Groupe TF1 en vue de l'acquisition des activités Publishers de Unify » (Aufeminin, Marmiton, Doctissimo, Les Numériques, Minute Buzz, Fraîches, Juste Mieux, Hero, Super Bon, Parole de Maman, Gamekult, Beauté Test), d'après son communiqué de presse du 28 juin. « Ce projet de développement est stratégique alors que le marché n'a jamais autant reconnu la valeur du contenu et des audiences. Reworld Media deviendrait le leader dans le digital. Ce serait une opération extrêmement structurante », s'est enorgueilli Gautier Normand, directeur général de Reworld Media. Cette opération doit cependant attendre le feu vert de l'Autorité de la concurrence.Pourquoi c'est un pavé ? « Quelle terrible nouvelle pour la presse tech et jeux vidéo (et pas que) en France. Courage aux confrères et aux consœurs », prévient la journaliste tech Lucie Ronfaut. Pour Le Monde, Reworld Media porte la « vision d'une presse sans journalistes ». « Frapper dans les coûts éditoriaux, c'est la clé du modèle économique de Reworld », résume Dominique Carlier, le délégué syndical SNJ-CGT. « Reworld Media sait se montrer rudement efficace pour faire fuir les titulaires d'une carte de presse : les "responsables d'audience", ou de marque, remplacent les chefs de rubrique, et les "chargés de contenus" écrivent des textes à la va-vite », rappelle Le Monde. La logique commerciale prime : le business model de Reworld Media est rentable. En 2021, avec près de 470 millions d'euros de chiffre d'affaires, la société était en croissance de 11%. « C'est un groupe rentable, mais assez récent. On peut se demander si, à la longue, le rayonnement de ses marques ne va pas s'effriter en raison de l'évolution parfois critiquée de leurs contenus », se demande Alexandre Joux, économiste des médias à l'Institut méditerranéen des sciences de l'information et de la communication, dans les colonnes de Challenges. « Dans ce cas, Reworld n'aurait pas d'autre choix, pour continuer à faire vivre son modèle, que d'acquérir de nouvelles marques fortes... jusqu'à les user à nouveau ? » | UN FORMAT À LA LOUPE | | | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Des petites pastilles aux couleurs criardes, une voix off enthousiaste et un design cheap rétro un peu déjanté... Arte semble avoir trouvé dans sa série Big Flop la formule pour attirer l'œil du spectateur. La dernière vidéo en date, intitulée « Le mème le plus cher du monde », revient sur le phénomène de mèmification provoqué par l' Ever Given, le navire qui a bloqué le canal de Suez pendant près d'une semaine en 2021. Internet se moque du capitaine du navire, du chauffeur de l'excavatrice chargé de désenclaver le bateau, ou encore des joueurs désespérés qui attendent leur PlayStation stockée dans l'embarcation. Les infographies et les transitions dynamiques participent à rendre la vidéo vivante. Un format qui semble plaire, au vu des commentaires sous la vidéo. « Cette série permet d'avoir un rire authentique face à l'absurdité du monde globalisé et des enjeux liés du siècle », s'enthousiasme un internaute. | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | Au départ, Guy Lagache voulait simplement « raconter l'Europe » aux côtés d'Emmanuel Macron. Le journaliste – « pas spécialisé en politique » souhaite évoquer la présidence française de l'Union européenne à travers une ou deux mesures phares. Il est très vite rattrapé par l'actualité et se retrouve au milieu de la gestion de la crise ukrainienne. En ressort un documentaire palpitant de deux heures – tourné au caméscope et à l'iPhone (« un film de prime time filmé avec les pieds », plaisante le journaliste, pour la première fois derrière la caméra). L'ancien présentateur de Capital y filme Emmanuel Macron en gardien de la paix, au milieu de conversations téléphoniques avec l'Italien Mario Draghi, l'Allemand Olaf Scholz, le britannique Boris Johnson, l'Ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore Vladimir Poutine, « s'apprêtant à faire du hockey sur glace », comme il lui balance goguenard. Ambiance. Un exercice pédagogique où la politique est filmée à hauteur d'homme. « Un président, l'Europe et la guerre », à voir sur France 2. |
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