La blockchain au secours de la presse ?
Cryptomonnaies et blockchain vont-elles permettre à la presse de sortir de la crise ? Afin de faire face à l'effondrement des revenus publicitaires et de contourner le problème des adblocks, le pure player Salon.com, via son CEO Jordan Hoffner, a décidé de donner le choix à ses lecteurs : autoriser la diffusion de la publicité sur leur écran ou continuer à la bloquer. Cette dernière option autorise désormais le programme Coinhive à utiliser le processeur de leur ordinateur pour miner* pour le compte de Salon des moneros, une cryptomonnaie moins populaire que le Bitcoin. Vendu comme une grande première par la presse américaine, l'idée a en fait déjà été testée... en France. Le magazine urbain Street Press a essayé mi-novembre, pendant une semaine, ce modèle économique. Résultat des courses : l'équivalent de 5 euros récoltés en 8 jours par le site. Interrogé par Le Monde sur cette expérience, Johan Weisz-Myara, patron de Street Press, a estimé difficile de rentabiliser un tel système, en raison du temps moyen passé sur le site. Pas sûr, donc, que le minage des cryptomonnaies soit la solution pour une presse en péril. ☺ Néanmoins, la technologie de la blockchain peut-elle sortir les éditeurs de la tourmente ? «Je crois que nous ne savons pas réellement ce que vaut le contenu. En fait, je sais que nous ne savons pas ce que vaut le contenu», souligne Jarrod Dicker dans une interview au site de l'institut de journalisme Poynter. Jusqu'ici vice-président en charge de l'innovation au Washington Post, Jarrod Dicker est parti en milieu de semaine diriger Po.et. Cette startup exploite la blockchain pour héberger et monétiser des contenus produits par des médias ou des particuliers (le modèle économique est expliqué en détail ici). Il y a quelques mois dans un post sur Medium, Maria Bustillos, rédactrice en chef de Popula, média alternatif publié sur Civil (plateforme basée sur la cryptomonnaie Ethereum), estimait ainsi que la technologie de la blockchain offre une transparence nécessaire aux médias : «Nous avons besoin de retirer l'influence des annonceurs et des sponsors de nos contraintes éditoriales. L'argent ne vient jamais sans attaches. C'est pourquoi nous ne pouvons permettre à personne d'autre que nos lecteurs de régler nos factures.» * Le minage est l'«utilisation de la puissance de calcul informatique afin de traiter des transactions, sécuriser le réseau et permettre à tous les utilisateurs du système de rester synchronisés». | JUNGLE STORIES | Slash, le nouveau média vidéo de France Télévisions, a fait ses débuts la semaine passée. Destinée aux jeunes de 18 à 30 ans, la plateforme mise sur le dialogue avec son audience, explique le responsable éditorial de France Télévisions Slash et directeur numérique Chaînes et programmes, Antonio Grigolini. «Cela va devenir une forme de règle de base : la posture top-down des médias de masse ne va pas cesser d'exister mais s'estompe jour après jour.» | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | « Si quelqu'un pense qu'être sur Facebook n'est pas bon pour ses affaires, il ne devrait pas être sur Facebook. Soyons clairs sur ce point. » Campbell Brown, en charge des relations avec les médias d'actualité, n'a pas mâché ses mots, le 12 février, à la conférence Code Media organisée par le site spécialisé dans les nouvelles technologies Recode. Lors de son intervention, elle a invité à trois reprises les mécontents à quitter le réseau social aux plus de deux milliards d'utilisateurs. Elle a d'ailleurs insisté sur le fait que « les gens ne viennent pas sur Facebook pour les news ».
Pourquoi c'est un pavé dans la jungle : les derniers changements d'algorithmes sur le fil d'actualité de Facebook et la gestion catastrophique des fake news et des contenus extrémistes ont suscité nombre de critiques de la part des médias et des annonceurs. Le géant Unilever, deuxième plus grand annonceur au monde, a, ainsi menacé le 12 février de se retirer du réseau. Une annonce qui, au niveau du timing, coïncide avec les déclarations de Campbell Brown. | UN FORMAT À LA LOUPE | | Symbolique de l'uniformisation des plateformes de contenu, Google a annoncé cette semaine l'arrivée des stories verticales sur AMP. AMP ? Derrière ces trois lettres (Accelerated mobile pages), se cache une technologie open source soutenue par Google, qui vise à simplifier la structure de pages web : elle a pour objectif d'accélérer le chargement des sites mobiles. Permettant à la firme de Mountain View de concurrencer les Instant Articles de Facebook, AMP répond à l'explosion des recherches sur mobile. Google a décidé de pousser davantage son format en annonçant également cette semaine la possibilité d'utiliser cette technologie dans les emails. Cette possibilité séduira certainement les marques et les médias, à l'heure où les newsletters font leur grand retour. Une façon de les rendre plus interactives... et de pousser les jeunes à s'échanger davantage d'emails ? | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Voici trois siècles de visualisation de données racontés à travers une infographie interactive. Après avoir publié en janvier 2017 une version statique de ce projet utilisant la structure du Britania Atlas de John Ogilby (publiée en 1675, il s'agit de la première carte routière), Info We Trust a mis en ligne quelques mois plus tard une version animée inventive à souhait. Un travail de longue haleine raconté sur la plateforme collaborative Medium. | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | LCP nous offre une plongée dans les rouages de la diplomatie française à travers un documentaire réalisé en 2015. 1h10 d'immersion au cœur de la prestigieuse institution, offrant les témoignages de tous les anciens ministres du Quai d'Orsay encore en vie. Instructif et captivant. Story Jungle vous souhaite un bon week-end post Saint-Valentin et vous donne rendez-vous à la semaine prochaine. |
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