Réseaux sociaux : la fin de la gratuité | | 2023 sera l'année de l'efficacité, a proclamé Mark Zuckerberg. Pour sortir la tête hors de l'eau, on ne cherche plus seulement à licencier chez Meta (11 000 personnes ont été remerciées depuis la fin de l'année), mais à faire pression directement sur le porte-monnaie de l'utilisateur. Pour un montant compris entre 11,99 et 14,99 dollars par mois, les internautes peuvent désormais souscrire à Meta Verified. À la clé ? Une certification bleue « vérifiée », un interlocuteur humain pour le support client, un surclassement du contenu par rapport aux utilisateurs qui ne paient pas, et l'accès à de meilleures fonctions de sécurité, et des commentaires traités en priorité. Depuis le 24 février, l'offre est disponible en Australie et en Nouvelle-Zélande, afin de tester la motivation des utilisateurs pour payer des fonctionnalités jusqu'ici gratuites. Un contexte propice Après Snapchat, Discord et Twitter, qui ont lancé leurs propres offres d'abonnement payantes, Meta leur emboîte le pas. Si cela montre clairement un « manque d'innovation » de la part de Meta, « qui a toujours eu la copie dans son ADN », d'après The Wired, cette évolution généralisée marque le début de l'ère des réseaux sociaux freemium. « L'idée de payer pour des fonctions qui étaient auparavant gratuites a commencé à se normaliser. Le risque est réduit pour Meta en ce qui concerne le succès de l'opération », analyse le journaliste tech Matt Navarra. Cette évolution intervient dans un contexte où les réseaux sociaux ne gagnent plus autant d'argent avec la publicité, en raison de l'affaiblissement du marché publicitaire, des restrictions d'Apple en matière de confidentialité, et la menace d'une réglementation. Meta doit également affronter un investissement à perte dans un métavers qui n'intéresse pas grand monde et qui peine à séduire une cible jeune. « Facebook dispose d'une importante base d'utilisateurs, mais stagne et ne parvient pas à attirer les jeunes depuis des années, tandis que de nombreux utilisateurs plus âgés qui se sentent piégés restent malgré l'expérience utilisateur, et non grâce à elle », résume la newsletter Disconnect. Les critiques Ces annonces rencontrent des résistances. De nombreux utilisateurs insistent sur le fait que ces services de base – assistance clientèle et sécurité des comptes – devraient être gratuits. « L'utilisateur ne devrait pas à avoir payer pour ça », commente un utilisateur sur la page Facebook de Marck Zuckerberg après l'annonce. « La portée, la sécurité et l'assistance sont désormais un luxe, et non plus un acquis », résume Vox. La sécurité est devenue une nouvelle source de revenus. « Si quelqu'un vole votre carte de crédit et se fait passer pour vous, vous attendez de la banque qu'elle vous protège. Si vous allez au supermarché et achetez du lait avarié, vous vous attendez à ce que la caissière vous rembourse. Les consommateurs s'attendent à un service clientèle de base de la part des entreprises », explicite le média. Kavya Pearlman, activiste de la sécurité, va encore plus loin et redoute un « système numérique de castes », qui sépare les comptes labellisés et les autres. « C'est de la publicité » Si l'utilisateur lambda peut être rétif à un tel investissement, les entreprises voient la nouvelle d'un autre œil. Meta Verified est « la prochaine étape logique », d'après Mae Karwowski, PDG de la société de marketing Obviously, car l'offre promet de nouvelles opportunités pour les 200 millions d'entreprises actives sur Facebook. Avant cette annonce, pour mettre en avant une publication, une société devait la diffuser en tant qu'annonce publicitaire – déclarée comme telle aux utilisateurs. « L'idée que vous allez payer un abonnement et que vous serez plus visible dans l'algorithme a un nom : c'est de la publicité », analyse Jason Goldman, ancien vice-président chargé des produits chez Twitter de 2007 à 2010. « C'est juste une façon différente de fixer le prix. » | | | JUNGLE STORIES | Comment Dassault Systèmes a investi TikTok En juillet dernier, Dassault Systèmes, une marque B2B s'il en est, se lançait sur TikTok. 7 mois plus tard, TikTok représente 60% de l'engagement de la marque sur les réseaux sociaux. Un vrai carton ! Alors comment la marque a-t-elle abordé TikTok, avec quels objectifs, quelle approche créative, quels moyens ? Quel bilan en tire-t-elle 7 mois après son lancement ? On parle de tout ça et bien plus dans ce live LinkedIn dont le replay est à visionner ici. | | UN PAVÉ DANS LA JUNGLE | En février, 14% des adultes de la génération Z ont utilisé TikTok comme source d'info sur un événement majeur, contre 2% de l'ensemble des adultes. L'application de vidéos courtes est en train de devenir le « Google de la Génération Z », d'après une étude menée par la société Morning Consult. Pourquoi c'est un pavé ? L'information a de quoi donner des sueures froides aux dirigeants de Google, qui voyaient déjà TikTok comme un concurrent sérieux de YouTube et qui doivent désormais se demander si la plateforme ne représente pas également une menace pour leur coeur business. Elle change également la donne pour les médias. Les membres de la génération Z vieillissent et deviennent financièrement autonomes. « Une forte présence sur la plateforme détenue par Bytedance augmentera considérablement les chances des éditeurs de compter les jeunes consommateurs parmi leurs abonnés payants », note Morning Consult. Bien conscient des enjeux, le New York Times a ainsi lancé son compte TikTok le 24 janvier. | UN FORMAT À LA LOUPE | | WhatsApp travaille sur une fonctionnalité de newsletter privée, a révélé The Verge. Soit « une appli à l'usage instantané à l'opposé du format long et lent de la newsletter, à contrebalancer avec sa base de 2 milliards d'utilisateurs », a fait remarquer Gaëtan Duchateau, de Datagif. Selon les informations du média américain, la section consacrée à la newsletter sera séparée des chats et messages de groupes chiffrés. Cette fonctionnalité est encore en phase de développement. Pour l'heure, aucune annonce sur la date de disponibilité pour les bêta-testeurs. Pour TechCrunch, cette découverte ne peut être que gagnante pour la messagerie, étant donné son grand nombre d'utilisateurs : « Même si une infime partie de cette base d'utilisateurs montre de l'intérêt pour les newsletters – une catégorie dont la grande majorité d'entre eux ignorent encore l'existence –, WhatsApp peut devenir le plus grand acteur de newsletters en un mois. » | LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE | | Chanel tente de moderniser son image et se lance dans l'animation. Dans le cadre de la campagne 2023 pour ses bijoux « Coco Crush », Chanel a publié plusieurs vidéos d'animation, dans un esprit très manga et métavers, mettant en scène la chanteuse coréenne Jennie, les actrices Margaret Qualley et Amandla Stenberg en tant qu'avatars. Les bandes-son sont d'ailleurs très variées, allant de Fade to Grey à Apocalypse Now, en passant par Week-end à Rome. Ces vidéos promotionnelles, en dessins animés, sont publiées sur le site officiel, Instagram et YouTube. Un parti pris original pour une marque qui tente de se connecter à une audience jeune, mais qui n'est pas au goût de tout le monde, si l'on en croit les commentaires : « Chanel doit viser un marché jeune, très jeune. Cette nouvelle campagne n'est pas du tout Chanel. Elle a perdu son exclusivité et son sens du Classique. » | UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE | C'est une cartographie du rap français des dix dernières années. Jean Morel et Simon Maisonobe, fondateurs du collectif Grünt, ont réalisé « Le Grand Paris du rap », un doc rythmé sur le retour en force de ce genre musical, à l'ère des plateformes de streaming. On y retrouve Narjes Bahhar (spécialiste du rap chez Deezer), Chroniqueur Sale (youtubeur), Fif (fondateur du site Booska-P), Mehdi Maïzi (journaliste chez Apple Music) ou encore Oxmo Puccino, PLK, Sneazzy, Adama, Jazzy Bazz et Sheldon. Ici, pas de voix off mais une succession d'interventions, qui donne le la à l'histoire moderne du rap français. À voir sur France tv.slash. |
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