Sale temps pour les journalistes ! Quel intérêt à devenir journaliste aujourd'hui ? Aucun, à part si vous souhaitez emprunter la voie rapide pour être chômeur ou dépressif, si l'on en croit l'actualité – chaotique – de la presse cette semaine.
Licenciements en masse chez BuzzFeed – Jonah Peretti, le PDG de l'entreprise, souhaite remercier 15% de ses effectifs dans le monde entier –
les conclusions tristounettes de l'édition 2019 du baromètre annuel Kantar/La Croix sur la confiance dans les médias qui chute fortement, ou encore
l'état des lieux cinglant du New Yorker sur la presse américaine, «
soumise aux tweets de Donald Trump »... Chez les journalistes, le Blue Monday – le jour le plus déprimant de l'année – dure toute la vie.
Rachats de journaux, fermeture de magazines (
Vraiment,
Ebdo,
BuzzFeed), montée ahurissante de l'agressivité envers
« ces cons de journalistes » : face à un secteur en crise, la lassitude gagne les rangs des intéressés.
« Le déclin de la presse écrite crée une atmosphère déprimante dans les rédactions », explique une ancienne journaliste à L'Express, 15 ans d'expérience au compteur, «
comme si tout le monde avait intégré qu'on était en voie d'extinction et que l'objectif principal était juste de survivre à plus ou moins court terme. Quand on nous répète toute la journée que plus personne ne nous lit ou presque, on finit par se demander à quoi on sert ». Et le bain de sang ne s'arrête pas là. L'un des principaux groupes de presse magazine,
Mondadori (
Science & Vie,
Téléstar,
Grazia...), est en passe d'être racheté par
Reworld Media, un groupe réputé pour produire des « contenus ». Une annonce qui ne passe pas chez la société des journalistes de
Science & Vie : «
Serons-nous tenus, chez Reworld Media, de vanter l'efficacité douteuse de tel médicament ou de taire la nocivité démontrée de tel pesticide, si un annonceur y met le prix ? »,
s'interroge-t-on, dans un communiqué. Adieu idéaux journalistiques ! Adieu Elise Lucet... Mazette !