L’ex-plus grand événement de Suisse ne se sera finalement pas remis de la pandémie. L’annonce brutale vendredi de la fin du Salon de l’auto de Genève a pu surprendre. L’édition 2024, la première depuis 2019, avait ravivé la flamme. Certes, le nombre de spectateurs, 168.000, était resté loin, très loin de celui du monde d’avant (750.000 en 2005, son record). Cependant, il était permis d’espérer un véritable redémarrage. La réalité aura rattrapé le GIMS, de son acronyme officiel. Les constructeurs automobiles, qui sont ses véritables clients, n’ont plus besoin de lui. Ils peuvent atteindre les acheteurs autrement, grâce au numérique. Quant au grand public, toujours plus urbain, il se détourne aussi des voitures. Au contraire des salons horlogers, qui ont tous cru mourir de la pandémie, celui de l’automobile n’a pas réussi à s’adapter à cette nouvelle donne. L’industrie horlogère continue de faire rêver et parvient à attirer les jeunes générations. Evidemment, Watches and Wonders ou les Geneva Watch Days profitent de la puissance des manufactures du cru qui cultivent leur image suisse pour attirer à nouveau la planète entière. A quelques exceptions près, les marques ont en outre réussi à s’entendre afin de coordonner leurs efforts de promotion, sacrifiant Baselworld au passage. Longtemps un atout, l’absence de constructeur automobile suisse est par ailleurs devenue un handicap pour le Salon de l’auto, pour qui les vents contraires soufflaient trop fort. A La Poste aussi, le client a toujours raison. Cette semaine, l’annonce de la fermeture de 170 offices régionaux n’a surpris que ceux qui refusent de voir le monde tel qu’il est. Le courriel remplace toujours plus le courrier papier, le e-banking les paiements au comptoir. Qui va encore plusieurs fois par mois au bureau de poste? Une question reste cependant ouverte: quelle est la mission du géant jaune? Il est logique que, comme entreprise, elle cherche de nouvelles sources de revenus. Sa direction tente ainsi de grandir dans différents marchés, comme les services informatiques. Cependant, ce n’est pas un groupe comme un autre. En mains publiques, il bénéficie implicitement de la garantie de l’Etat, et ne joue donc pas à armes égales avec les autres acteurs. Ce n’est pas acceptable. A propos de garantie implicite de l’Etat, parlons un peu d’UBS. Le géant bancaire cherche un successeur à son CEO. Sergio Ermotti n’est pas encore sur le départ. Le Tessinois s’est engagé à rester jusqu’à l’intégration complète de Credit Suisse, soit d’ici à fin 2026. Cependant, la direction du géant bancaire ne peut s’improviser au dernier moment. Il est dans l’intérêt de la Suisse que la transition soit douce, et que le futur dirigeant, ou la future dirigeante, soit à la hauteur du poste. Jeudi, le président de la banque, l’Irlandais Colm Kelleher, a mis en place un jeu intéressant, demandant aux successeurs pressentis de faire leur preuve en dehors de leur zone de confort. Iqbal Khan, qui faisait figure de favori, quitte Zurich pour l’Asie. Robert Karofsky, un banquier américain moins connu en Suisse, a lui aussi un défi à relever, dans la gestion de fortune aux Etats-Unis. Chercher un candidat en interne paraît naturel. Le duel qui se prépare pourrait cependant mal tourner; cela s’est déjà vu chez Credit Suisse. Le recrutement d’une personnalité extérieure pourrait donc aussi rester une option intéressante. |