La semaine crypto Investir Mercredi 08 février 2023
 
 
 
 
La conviction de l'invité : Jean-Paul Delahaye (CNRS, université de Lille)
 
Sans contrôles, confiance impossible dans les acteurs centralisés
 

La sécurité et tout simplement l'existence des cryptoactifs résultent de la décentralisation qu'offre une blockchain. C'est-à-dire des contrôles effectués par une multitude d'acteurs indépendants et concurrents qui se coordonnent et s'entendent pour valider les créations de nouvelles unités et les transactions d'un compte vers un autre. Les cryptoactifs n'existent que grâce à cette redondance des contrôles qui évite tout tiers de confiance et la création de faux Bitcoins ou de faux Ether (qui ne s’est jamais observée). Cela n'empêche pas un usage frauduleux ou le vol de clés secrètes. Les registres de comptes des cryptoactifs décentralisés fonctionnent cependant sans le moindre accroc. La nouveauté, c'est la décentralisation.

Or, et c'est un paradoxe, tout un écosystème économique s'est construit autour des cryptoactifs décentralisés et il est en grande partie composé d'acteurs centralisés, eux, qui représentent donc les tiers de confiance dont les blockchains se passaient ! Ce sont, par exemple, les plateformes d'échanges ou les entreprises qui émettent des stablecoins (jetons indexés sur une valeur) ou des NFT. Tout le monde devrait savoir que détenir des unités de cryptoactifs en propre, avec un portefeuille crypto (wallet), en gérant les clés de ses comptes n'est pas du tout la même chose que détenir des jetons par le biais d'une plateforme d'échanges.

L’erreur de se croire propriétaire avec les plateformes

Dans le premier cas, on peut avoir confiance, car un réseau décentralisé de validateurs indépendants assure la sécurité. Dans le cas des plateformes d'échanges, on dépend d'un tiers de confiance qui peut faillir. C'est parce qu’ils n’ont pas compris cela qu'une multitude de détenteurs de cryptoactifs ont perdu une partie, parfois la totalité, de ce qu'ils pensaient posséder de manière sécurisée, alors qu'ils s'appuyaient sur des sortes de banques mal réglementées.

Ce manque de surveillance explique les incroyables abus et faillites, dont celle de FTX en 2022 n'est qu'un exemple parmi des dizaines. Pour ceux qui souhaitent s'adonner aux plaisirs de la spéculation avec des cryptoactifs, il n'y a qu'une option raisonnable : gérer soi-même et soigneusement ses comptes et leurs clefs avec son propre wallet, en évitant le plus possible les acteurs centralisés, cela tant que les États ne leur imposeront pas de véritables contrôles. Il faut des réglementations strictes de tous les intermédiaires qui exploitent abusivement l'idée de décentralisation avec laquelle ils sont en contradiction. Il est incompréhensible et coupable que les acteurs centralisés de l'écosystème réclament d'échapper à ces contrôles et cherchent toujours à retarder le fait que l'on protège leurs clients.

Jean-Paul Delahaye est professeur émérite d’informatique à l’université de Lille et membre du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Il a publié en 2022 Au-delà du Bitcoin (Dunod).

 
 
 
 
 
Le graph de la semaine
 
Le FTT bouge encore

Il revient d’entre les morts, le FTT, le jeton de FTX, remonte de près de 150% depuis le début de l’année. Il a profité notamment des propos de John J. Ray III, liquidateur et nouveau patron de l’entreprise, qui a évoqué la possibilité d’un retour de la plateforme déchue, sans dire si le jeton serait impliqué. Rien de solide pour le moment toutefois, le FTT reste à nos yeux une monnaie zombie. 

 
 
 
 
 
 
Le conseil
 
Ethereum (ETH) Mieux vaut tard que jamais Achat

Il faut reconnaître que nous avons certainement trop attendu pour passer à l’achat sur l’ether, le jeton de la blockchain Ethereum. Notre crainte, dans l’avis du 11 janvier (écart) était qu’un ton sévère de la Réserve fédérale américaine donne un nouveau coup de bambou aux marchés technologiques. Or, Jerome Powell, président de la Fed, s’est montré plutôt rassurant, la semaine dernière. Hier soir, il a réitéré ses propos : « Le processus désinflationniste, celui d’une réduction de l’inflation, a commencé et il a débuté dans le secteur des biens (…) Mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Ce sont les tout premiers stades de la désinflation. »

L’ether avait trouvé un support proportionnellement plus bas que le bitcoin durant la crise FTX, en novembre, et pourrait – théoriquement – à nouveau y retomber. Mais il affiche une telle santé depuis la rentrée et une telle stabilité face aux propos de la Fed, qu’il serait dommage de passer maintenant à côté. 

NFT et DeFi la soutiennent

La blockchain Ethereum a très bien supporté sa mise à jour de septembre, The Merge, la faisant passer d’un système de validation par preuve de travail à preuve d’enjeu. Une méthode beaucoup moins gourmande en électricité, qui pourrait maintenant en faire un protocole privilégié par les grandes entreprises sensibles à leur capital écologique.

C’est déjà la blockchain favorite des NFT et de la finance décentralisée (DeFi), des innovation qui ont – certes – connu des coups durs en 2022, mais qui sont promises à un brillant avenir. Peut-être pas dans le monde de l’art ni de l’épargne rémunérée, mais dans d’autres domaines : notariat et lutte contre la contrefaçon pour les NFT, échanges interbancaires ou produits dérivés destinés aux institutionnels pour la DeFi.

Attention toutefois à la mise à jour Shanghai, prévue pour mars, qui devrait libérer des millions d’ethers actuellement mis sous séquestre sur la blockchain depuis son passage à la preuve d’enjeu. Le cours pourrait chuter momentanément, et les inquiétudes liées font pression sur le prix.

Nous passons donc à l’achat et il nous semble toujours que l’investissement lissé (sur six mois à un an) est la meilleure solution. Si le cours baisse, on se satisfaira d’obternir un prix moyen d’entrée réduit. Si le cours monte, on se félicitera de ne pas avoir manqué la hausse. Dans tous les cas, nous espérons que l’opération sera gagnante à long terme, soit deux ou trois ans, et n’oublions pas que l’investissement en cryptomonnaie comporte un fort risque de perte en capital.

Rémy Demichelis

 
 
 
 
 
 
Le Tweet de la semaine
 
Binance suspend les retraits en dollars

La plateforme d’échanges Binance a annoncé, lundi, la suspension des retraits et dépôts en devise américaine. La mesure est effective à partir d’aujourd’hui, mercredi, et concerne les clients hors Etats-Unis. La filiale américaine (Binance US) continue, elle, à proposer ce type de transaction. Ni les raisons ni la durée de cette suspension n’ont été évoquées.

 
 
 
 
 
 
La loi et l'ordre
 
 
 
 
 
 
 
 
En bref
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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