Sais-tu siffler ?
C’était lors d’un cours de religion (oui, oui, ça existe en Belgique). Un peu naïf peut-être, je demande à mes élèves d’une classe de 5e professionnelle (17-19 ans), de me citer une qualité qu’ils croient avoir ou que quelqu’un leur a dit qu’ils possèdent.
J’ai à peine fini ma question qu’une main se lève. "M’sieur, on peut pas plutôt dire nos défauts ?" . Un peu surpris, je lui demande pourquoi. "C’est plus facile à dire que les qualités !". Et je vois dans les yeux de ses condisciples une approbation quasi générale. Je suis sidéré ! Ainsi, même si je m’en doutais un peu, nous vivons dans une société où il est plus facile pour des jeunes de dire ce qu’il y a de négatif en eux plutôt que de voir le positif. Comment se construire, se projeter dans l’avenir avec une telle manière de se voir, d’être vu par les autres ? Cet événement est resté gravé dans ma mémoire. Je l’ai mis en parallèle avec la manière dont Don Bosco a été à la rencontre de tant de jeunes en essayant toujours de percevoir la plus petite étincelle de positif en eux. Ce petit rien peut-être mais à partir duquel quelque chose peut naître et se construire. Jeunes des rues, jeunes des prisons, Don Bosco ne les a jamais classés définitivement, n’a jamais vu en eux des perdus définitifs. Il a su les rejoindre là où ils en étaient de leur chemin de vie et les ouvrir à un possible. Héritiers de Don Bosco, quel regard portons-nous sur les jeunes ? Et nous pouvons sans doute élargir la question : quel regard portons-nous sur nous-mêmes, sur notre monde ? Sais-tu siffler ?