Être miséricordieux semblerait n’être pas un métier de tout repos. |
C’est bien assez souffrir de ses misères sans avoir encore à souffrir la peine de ceux que nous rencontrons. |
Notre cœur s’y refuserait s’il y avait d’autres moyens pour obtenir miséricorde. |
Ne nous plaignons donc pas trop si nous avons souvent les larmes dans les yeux en croisant sur le chemin, tant de douleurs. |
C’est par elles que nous savons ce qu’est la tendresse de Dieu… |
Comme il faut des creusets solides pour porter le métal fondu, |
tout possédé et travaillé par le feu, |
il faut à Dieu des cœurs solides où puissent cohabiter, à l’aise, |
nos sept misères en quête de guérison et l’éternelle miséricorde en mal de rédemption. |
Et si notre cœur est souvent dégoûté de toucher de si près cette pâte à misère dont il ne sait jamais si elle est lui-même ou autrui, pour rien au monde il ne voudrait changer de tâche, |
car il trouve sa joie à voisiner avec cet inlassable feu |
qui démontre indéfiniment la dilection de Dieu. |
Et nous avons si bien pris l’habitude de cette présence de feu, |
que nous allons, spontanément, chercher tout ce qui peut lui permettre de brûler, |
tout ce qui est petit et faible, |
tout ce qui geint et pâtit, |
tout ce qui pèche et rampe et tombe, |
tout ce qui a besoin d’être guéri. |
Et nous donnons en communion à ce feu qui brûle en nous tous ces gens douloureux que drainent nos rencontres, pour qu’il les touche et les guérisse. |