TÉLOMÈRE Les secrets de L'ADN

14/06/2024
Télomère, les secrets de L'ADN

On se demande souvent d’où viennent les idées extrémistes et les éléments de langage qui s’installent durablement dans le débat public. Cette semaine, on vous livre un élément de réponse avec une plongée vertigineuse dans le réseau Atlas, une puissante organisation internationale qui a tout des méchants du Spectre dans les films de James Bond, et qui tente d’influencer les politiques françaises.

Par Laure Coromines et David-Julien Rahmil

Le Réseau Atlas, le lobby libertarien qui impose ses idées en France

Quel est le rapport entre le Premier ministre britannique Rishi Sunak, le président argentin Javier Milei, et Donald Trump, mais aussi l’influenceuse d’extrême droite Thaïs d'Escufon ou l’éditorialiste Agnès Verdier-Molinié ? D’un point de vue idéologique, toutes ces personnalités politiques ou médiatiques appartiennent au même groupe. Elles portent sur le devant de la scène médiatique une certaine forme de masculinisme, un climatoscepticisme bien ancré, une vision libertarienne de l’économie accompagnée d’un vrai conservatisme social et, pour certains, d’un racisme débridé et suprémaciste. Mais surtout, ces gens sont tous influencés, formés, voire financés par un puissant lobby international et libertarien appelé réseau Atlas.

C’est quoi le réseau Atlas ?

Un rapport publié par l’Observatoire des multinationales (un organisme qui tente de faire la lumière sur les relations entre les pouvoirs économiques et les pouvoirs politiques), montre que le réseau Atlas a été fondé en 1981 par l’entrepreneur américain Antony Fisher. Celui-ci entendait s’inspirer de l’Institut des affaires économiques (IAE) britannique qui avait fait élire Margaret Thatcher. En 2024, ce réseau tentaculaire  regroupe 589 partenaires dans 103 pays pour un budget de 28 millions de dollars. On trouve, en son sein, des think tanks puissants comme la Heritage Foundation qui a eu une influence majeure sous Ronald Reagan, des dizaines d’entrepreneurs milliardaires issus de l’industrie pétrolière comme Charles et David Koch, ou encore des géants industriels qui financent tout ce petit monde. Parmi eux : Michelin, Pfizer, Exxon Mobil ou Philip Morris. L’objectif final de ce conglomérat ? « Remporter les batailles politiques à long terme qui façonneront l’histoire » grâce à des « individus qui défendent la liberté et créent des instituts crédibles », d’après leur site Internet. Pour influencer les débats publics et imposer les idées libertariennes pas forcément populaires, le réseau utilise plusieurs stratégies : lobbying direct par des rendez-vous avec des décideurs, fourniture d’argumentaires et d’études biaisées, et placement de personnalités médiatiques pouvant mettre en place une large chambre d’écho. L’objectif est de semer le doute ou de repousser les limites de ce qui est jugé acceptable dans l’opinion publique, un principe que l’on appelle la fenêtre d’Overton.

Son influence en France

En France, cette stratégie est portée par plusieurs instituts et personnalités médiatiques. On compte notamment l’Institut des Libertés, présidé par Charles Gave, un banquier millionnaire, aujourd’hui visé par un signalement pour des financements illégaux à des campagnes et personnalités d’extrême droite du Rassemblement national et de Reconquête. C’est lui qui a notamment inspiré le programme économique ultralibéral du parti d’Éric Zemmour. Sur les plateaux télé et radio, on retrouve aussi très régulièrement Agnès Verdier-Molinié, une éditorialiste qui préside la Fondation Ifrap dont la spécialité est de s’attaquer à la « bureaucratie française ». En 2022, elle a fréquenté plus de 800 fois les médias du groupe Bolloré ainsi que les plateaux de BFMTV, RMC ou France Télévisions. Ses thèmes de prédilection ? La retraite à 67 ans, une diminution de la dépense publique, des impôts plus favorables envers les très riches et les entreprises, une diabolisation de l’écologie restrictive et une attaque systématique de la fraude sociale qu’elle juge plus grave que l’évasion fiscale. On retrouve aussi de nombreuses idées liées à l’éducation dans les mesures prises récemment par les ministres Jean-Michel Blanquer et Gabriel Attal. Le stage de découverte professionnelle en seconde, les groupes de niveau, l’accès au lycée conditionné au brevet, l’instauration de la bivalence des professeurs (enseignement de deux matières) et l’autonomie des établissements scolaires sont des recommandations de la Fondation. La liste des influences et des accointances est encore longue. On peut citer l’association des climatoréalistes qui diffuse de la désinformation sur le dérèglement climatique, ou bien encore Contribuables associés, une association qui regroupe surtout des dirigeants d’entreprises et des personnalités de l’extrême droite qui remettent en cause la progressivité de l’impôt en fonction des ressources. Enfin, le réseau Atlas accueille aussi en son sein l’IFP, un institut de formation politique qui a notamment vu passer l’influenceuse masculiniste Thaïs d'Escufon, la journaliste de Valeurs actuelles Charlotte d'Ornellas ou l'animatrice du collectif de « féministes » d’extrême droite, Alice Cordier.

Surpuissant médiatiquement, et influent au niveau politique, ce réseau a clairement contribué à faire monter des idées traditionnellement tenues par l’extrême droite. Alors que ce camp politique est aux portes du pouvoir après la dissolution de l’Assemblée nationale, la transparence qu’apporte ce rapport est inestimable.

L’obsession

Retrouver le goût des autres dans ce club où les téléphones sont interdits

Votre cerveau commence à saturer des dingueries produites en continu par l’actualité depuis quelques jours ? Peut-être avez-vous besoin d’aller boire un café dans l’une des adresses du Offline Club. Pour participer, il vous faudra laisser votre téléphone dans un coffre à l’entrée. Et c’est aux Pays-Bas que cela se passe.

Au café Brecht, pas possible de dégainer son iPhone pour immortaliser la déco vintage. Un seul mot d’ordre ici : des « sorties de détox numérique », et pour cela, le programme est calé. Tout d’abord, un peu de temps pour discuter, puis 45 minutes pour soi, 30 minutes supplémentaires pour échanger avec les autres, suivies d’une demi-heure encore de temps calme. Et le Offline Club n’est pas seul sur le créneau.

Le Power Haus propose des retraites de détox digital de plusieurs jours. Off the Radar organise des évènements musicaux sans téléphone dans la ville de Tilburg, où les participants sont invités à « se connecter en se déconnectant ». Le gouvernement néerlandais prend aussi des mesures pour restreindre l'accès en ligne. Depuis le 1er janvier, les élèves âgés de 12 à 18 ans ne sont plus autorisés à utiliser leurs téléphones portables, tablettes et montres connectées pendant les heures de classe. Et les retours sont dithyrambiques. « Ça me change la vie », rapporte une personne. « Je me sens plus connectée avec l’humanité », dit une autre.

À LIRE : « Je me sens plus connecté avec l’humanité » : le club où les téléphones sont interdits

Le chiffre

98 %

Malgré la profusion de générateurs d’images IA qui se lancent à gogo, la définition de la beauté mise en avant demeure tristement homogène. Lorsque le Washington Post leur a demandé de produire des images de « belles femmes », la plupart des femmes virtuelles étaient jeunes, minces, et plutôt blanches. Et quand on lui a demandé de produire l’image d’une femme « normale », Midjourney a produit 98 % de peaux claires.

À LIRE : Comment l’IA voit ce qu’est une belle femme

L’indispensable

Lui, c’est Eliot Higgins, rédacteur en chef de Bellingcat, un média d’OSINT (open source intelligence), qui repose sur le partage de renseignements obtenus par des sources d'information publiques. Secondé par ses 28 000 fantassins et 40 employés, Eliot Higgins traque la vérité de Gaza à l’Ukraine, en passant par la Syrie et la Libye, partout où des atrocités sont susceptibles de se cacher en ligne. Aujourd’hui, le Britannique, qui opère depuis les Pays-Bas, a été déclaré « agent étranger » par la Russie. À ce titre, il doit se méfier des repas qui lui sont servis dans les restaurants, par peur de se faire empoisonner. Dans un article accordé au média américainWired, il explique comment son travail d’enquêteur en ligne est compliqué par l’infiltration massive sur Internet de contenus produits par intelligence artificielle.

À LIRE : L’interview Comment diriger une armée de détectives numériques à l'heure de l'IA

LA CONF DE RÉDAC

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