Irrésistible Donald Trump. Sa large victoire à l’élection présidentielle américaine a surpris, alors que tous les sondages annonçaient un scrutin serré. Les Américains ont voté «avec leur portefeuille», comme je l’ai expliqué dans mon éditorial vendredi. Sèchement éjectés du pouvoir, les démocrates – en particulier le président sortant Joe Biden – n’ont pas réussi à proposer une alternative crédible au républicain populiste, qui promet de répondre aux préoccupations des ménages, en particulier sur le pouvoir d’achat et l’immigration. Nous verrons quelles mesures économiques, notamment tarifaires, le 47e président des Etats-Unis mettra réellement en place une fois de retour à la Maison-Blanche. Spécialiste du commerce international, l’économiste Simon Evenett rappelle dans nos colonnes les limites du protectionnisme. En attendant, les entreprises suisses se préparent à Trump 2.0. Certaines pourraient en profiter de manière importante, comme ABB ou Holcim. D’autres impliquées dans la décarbonation de l’économie, à l’image de Climeworks, auraient de quoi s’inquiéter, tant Donald Trump ne jure que par les énergies fossiles. Mais rien n’est en réalité vraiment sûr. Une chose paraît certaine en revanche, et c’est tant mieux: la Réserve fédérale (Fed) fera tout pour rester indépendante. Jerome Powell, son président nommé en 2018 par Donald Trump puis reconduit en 2022 par Joe Biden, a été accusé de favoriser la candidature de Kamala Harris, et ses choix de politique monétaire ont été critiqués par le nouveau président. Démissionnerait-il si Donald Trump lui demandait de le faire (même si juridiquement une telle demande n’est pas contraignante)? «Non», a répondu jeudi soir avec aplomb l’intéressé, dont le mandat s’achève en mai 2026. L’indépendance des banques centrales vis-à-vis des pouvoirs politiques constitue un pilier du bon fonctionnement d’une économie. Un pilier essentiel au maintien de la stabilité des prix. L’inflation - quand elle n’est pas maîtrisée -constitue un des pires maux qui puisse frapper un pays. Or, il n’est plus à démontrer que la soumission d’un institut d’émission au pouvoir politique promet plus qu’un dérapage en la matière (si vous voulez un exemple récent, demandez aux Turcs ce qu’ils en pensent). La journée de mercredi fut passionnante à suivre, et peut-être d’ailleurs avez-vous consulté notre fil en continu. L’année 2025 promet d’être particulièrement intéressante. Les banques suisses regardent ainsi avec envie la dérégulation promise par Donald Trump. Leurs homologues américaines, déjà les plus fortes du monde, pourraient encore accroître leur hégémonie. Pendant ce temps, en Suisse, le Conseil fédéral leur serre la vis. Allez comprendre. Et avant de vous inviter à lire plus bas l’opération que nous suivrons avec attention la semaine prochaine, deux derniers sujets. La Chine, dont la faible croissance ne préoccupe pas que le secteur du luxe, a dévoilé vendredi un paquet de mesures de quelque 1400 milliards de dollars pour soutenir son économie et les gouvernements régionaux surendettés. Pékin a attendu le résultat de la présidentielle américaine avant de calibrer son aide. Certains ont avoué leur déception, car ils attendaient plus de soutien. Rappelons tout de même que d’autres mesures avaient déjà été prises en septembre, et que le gouvernement central cherche surtout à réduire les risques, pas à stimuler la croissance, qu’il espère toujours autour des 5%. Enfin, un mot sur la colère populaire qui monte au sein de la population suisse contre le Conseil fédéral. L’objet du courroux n’a rien à voir avec les laborieuses négociations entre Berne et Bruxelles (dans ce cas, ce serait plutôt de la fatigue). Il est question du porte-monnaie (on y revient) des Suisses et Suissesses. Les sept Sages souhaitent taxer davantage les retraits en capital des 2e et 3e pilier. Cette proposition est inacceptable pour une série de raisons que nous avons détaillées. Espérons que le Parlement corrigera le tir. |