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Twitter : l'exode des marques

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D'après Elon Musk, Twitter connaîtrait une chute massive de ses revenus, due à la suspension des campagnes publicitaires. Les fautifs, selon le nouveau patron du réseau social à l'oiseau bleu ? Des militants qui auraient influencé les annonceurs. Il fait notamment référence aux groupes de défense des libertés civiles, Glaad et Color of Change, qui ont appelé les marques à quitter le navire. Les licenciements massifs (par mail !) en cours dans l'entreprise pourraient mettre en péril les normes de modération de contenu, ont-ils avancé. Story Jungle fait le point sur cette situation instable.

Le contexte 

Après avoir tweeté en 2019 son aversion pour la pub, « l'agent géopolitique du chaos », comme le surnomme le New York Times, est maintenant sous pression pour éviter de se mettre à dos les annonceurs, qui représentent plus de 90 % des revenus de Twitter. Le réseau social à l'oiseau bleu reste une broutille dans le paysage des investissements des annonceurs : « Le problème quand on se met à dos ses plus gros annonceurs dans une série de tweets, c'est que la part de leur budget publicitaire dépensée sur Twitter est minuscule par rapport aux autres plateformes (Google et Facebook). Ce n'est pas un problème pour eux de quitter la plateforme où ils dépensent le moins de pub pour éviter la controverse », souligne  le journaliste tech du New York Times, Mike Isaac. Pour rappel, Google, Amazon et Meta captent en effet à eux trois 75 % des publicités numériques (hélas !). On cherche encore la part de Twitter.

Les marques quittent le navire

La semaine dernière, Elon Musk a tenté de rassurer les annonceurs en certifiant que Twitter ne deviendrait pas un « terrain de jeu infernal ». Ces belles paroles n'ont pas suffi à convaincre certaines marques. Qui plus est, face à la vague de départs de personnes clés de l'entreprise – Sarah Personette, directrice de la clientèle, Leslie Berland, directrice du marketing, et Jean-Philippe Maheu, vice-président des solutions mondiales de Twitter –, les marques sont « mal à l'aise », estime The Wall Street Journal. 

La semaine dernière, le premier constructeur automobile américain, General Motors, a ainsi temporairement interrompu les publicités payantes sur Twitter. La société Audi de Volkswagen AG a également confirmé qu'elle mettrait ses publicités en pause et « continuerait à évaluer la situation », a déclaré sa porte-parole Whaewon Choi-Wiles. Le géant pharmaceutique Pfizer a également suspendu ses dépenses publicitaires, tout comme le fabricant de céréales Cheerios et Lucky Charms, explique The Guardian.

Un « enfer » à éviter

Sur LinkedIn, des spécialistes du marketing se sont rendus sur la plateforme pour exprimer leurs inquiétudes suite à la prise de contrôle du « Lord of Twitter » face aux « Peasants » : « À moins qu'Elon n'embauche de nouveaux dirigeants qui s'engagent à garder cette plateforme "libre" à l'abri des discours haineux, ce n'est pas une plateforme sur laquelle les marques peuvent/doivent faire de la pub », a ainsi constaté Allie Wassum, directrice mondiale des réseaux sociaux pour la marque de chaussures Jordan (Nike). Ouch !


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illustration de fougéres
UN PAVÉ DANS LA JUNGLE
C'est un aveu de la part de TikTok. Dans un communiqué publié le 3 novembre, la plateforme a reconnu que le personnel basé en Chine et dans quelques autres pays a accès aux données des utilisateurs européens (Union européenne, Suisse et Royaume-Uni). « Nous autorisons certains employés de notre groupe situés au Brésil, au Canada, en Chine, en Israël, au Japon, en Malaisie, aux Philippines, à Singapour, en Corée du Sud et aux États-Unis à accéder à distance aux données des utilisateurs de TikTok », a expliqué Elaine Fox, responsable de la protection de la vie privée pour TikTok en Europe. Ça fait du monde. Ces données serviraient à améliorer les performances des algorithmes qui recommandent des contenus aux utilisateurs et à détecter les comptes automatiques, suppose The Guardian.


Pourquoi c'est un pavé ? « D'après le RGPD, TikTok aurait dû demander aux utilisateurs européens leur accord pour un transfert de données vers d'autres pays, notamment la Chine. Transférer des données n'est pas illégal en soi, mais il aurait fallu que la question soit clairement posée avec un consentement libre et éclairé des internautes », partage Sylvain Staub, avocat associé chez DS Avocats, spécialiste en droit informatique.

UN FORMAT À LA LOUPE
05/11/22 NL4 FORMZAT
Substack profite du chaos régnant sur Twitter pour se faire bien voir. Hamish McKenzie, cofondateur de la plateforme américaine d'envoi de mailings, a ainsi pris la plume ce 2 novembre. Dans un long post, il tire le portrait de Twitter, cette « cage » où on ne tire que quelques maigres doses de dopamine et peu d'amis. « Lorsque vous publiez vos pensées sur Twitter, vous travaillez pour l'entreprise. Vous êtes le produit, pas le client. Twitter a besoin de vos esprits pour satisfaire ses vrais clients : les annonceurs », pointe-t-il. Dans ce contexte, il présente adroitement Substack comme une « véritable alternative » au réseau social à l'oiseau bleu, « où ce sont les gens et non les machines qui ont le contrôle, où les écrivains et les créateurs peuvent tirer des revenus fiables du travail réalisé sur la plateforme ».

Le fondateur insiste aussi sur le fait qu'il est possible de conserver sa liste de diffusion, même si le créateur décide de faire ses adieux à Substack. « Hamish McKenzie a raison de dire qu'un gros défaut de Twitter et de toutes les applications sociales est la portabilité de votre réseau. Si l'application s'arrête ou si vous partez, vous perdez votre réseau », souligne la journaliste tech Taylor Lorenz, qui a d'ailleurs changé le nom de son profil Twitter sous l'appellation « Subscribe to my Substack ». La plateforme, financée par les abonnements payants, prévoit de lancer une série de nouvelles fonctionnalités qui permettront aux écrivains et lecteurs de se rencontrer.
 
Et sinon les créateurs de Patreon peuvent désormais télécharger des vidéos directement sur la plateforme.
 Patreon prend résolument le contre-pied des géants des réseaux sociaux et se place du côté des créateurs : pas de publicité, pas d'algorithme déterminant qui voit et qui ne voit pas les vidéos. Nous, on adore.
LE CONTENU QU'ON AURAIT ADORÉ FAIRE
05/11/22 NL5 ON AURAIT AIME FAIRE
Tiens, en parlant de Patreon, son sémillant patron, Jack Conte est aussi un créateur de contenu efficace. Dans une vidéo publiée sur Instagram, il met en scène de façon graphique, originale et moderne sa réponse à une question existentielle pour tout artiste : comment concilier aspiration personnelle et attente du public ? Et est-ce seulement possible ? C'est la problématique de tout créateur de contenu.  Jack Conte met en avant ce dilemme très moderne. Pour le patron de Patreon, il est nécessaire de tester plusieurs types de contenus afin de cerner la sensibilité de son audience et trouver par la suite un équilibre. « Ce qui est génial avec Internet, c'est que vous pouvez tester vos idées très rapidement », s'extasie-t-il. Cette courte prise de parole a été bien produite par ses équipes : interview face caméra, incrustations graphiques, motion design et transitions se succèdent. 

Chacun de nous a grandi en jouant à la Dame de pique. Mais son origine reste obscure. Le média Pudding nous le conte à travers un format écrit et graphique très créatif. L'histoire défile horizontalement sur les cartes du jeu. On y apprend notamment que ce jeu de cartes est devenu un élément « incontournable » des foyers afro-américains. C'est joli, c'est bien fait, on adore.

UNE DERNIÈRE LIANE POUR LA ROUTE
« Près de la moitié du gouvernement m'a envoyé un message personnel sur Twitter pour venir sur Twitch », confie Samuel Étienne, après le passage de François Hollande sur sa chaîne aux 549 000 followers. Si l'animateur-streamer perçoit cette arrivée comme un moyen de revitaliser le débat démocratique, d'autres se montrent très critiques. À l'image de la streameuse Moodie qui y voit une pratique dangereuse : « François Hollande crée une connivence avec le chat. Il est dans un rapport de proximité. Les gens vont oublier le côté politique », prévient-elle. Domingo, derrière l'émission PopCorn, préfère lui s'abstenir devant cet exercice périlleux : les épaules n'étant pas assez solides pour faire face à un Zemmour ou un Macron, de son propre aveu. Le documentaire Twitch, merci pour le sub, réalisé par Aurèle Jacquot et Matthieu Putzolu, brasse le phénomène Twitch en s'intéressant à ses traits distinctifs : intérêt des politiques pour la plateforme des « jeunes », communauté hyper soudée, harcèlement en ligne, montée en gamme des productions sur la plateforme, burn-out des streamers... Un reportage, très esthétisé, qui dresse un tableau fidèle d'une plateforme en pleine mutation. À voir ici.

Pour tout commentaire, n'hésitez pas : alexandra.klinnik@storyjungle.io

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